La députée de la deuxième circonscription du Cher s'est abstenue de voter la loi santé voulue par le gouvernement le 26 mars, à l'inverse de la grande majorité de son parti, le MoDem. Une décision dont elle s'est expliquée sur les réseaux sociaux.
Voté à la première lecture à l'Assemblée nationale le 26 mars, le projet de loi "relatif à l'organisation et à la transformation du système de santé" est pourtant loin d'avoir fait l'unanimité. Si certains parlementaires voient d'un mauvais oeil la large habilitation donnée à l'exécutif de légiférer par ordonnance, notamment sur la carte hospitalière, d'autres trouvent que le texte ne va pas assez loin pour lutter contre la désertification médicale des campagnes. C'est le cas de Nadia Essayan, députée MoDem du Cher, dont le parti s'est pourtant prononcé en faveur du projet de loi. Une décision qu'elle justifie par le manque de solutions à brève échéance.
Une situation "plus que critique" dans les campagnes
"Ce projet de loi contient beaucoup d'avancées sur le long terme pour lutter contre les déserts médicaux", a reconnu l'élue, jointe par téléphone. "Par contre, j'ai eu le sentiment que ces propositions ne suffiront pas à répondre sur le court terme à la détresse actuelle des habitants de certains départements dont le mien", ajoute-t-elle. "J'ai l'impression que nous aurions pu profiter de ces débats pour proposer davantage de solutions sur un temps plus court." Dénonçant une situation médicale "plus que critique" dans les campagnes, où certains renoncent à se soigner, la députée entend exprimer par cette abstention ses réserves sur un texte qui n'en fait pas assez. Bien que le MoDem soit allié au parti présidentiel, l'élue n'en est pas à sa première indiscipline vis-à-vis de la ligne gouvernementale. En avril 2018, elle n'avait déjà pas hésité à voter contre la loi asile et immigration : elle avait été la seule élue de la région à le faire.De fait, comme d'autres départements du Centre-Val de Loire, le Cher a lui aussi souffert du manque d'effectifs médicaux. En mai 2018, sous l'impulsion de Nadia Essayan et de ses collègues députés du Cher, François Cormier-Bouligeon et Loïc Kervran, le ministère avait dû mobiliser la réserve sanitaire pour soulager les urgences de l'hôpital Jacques Coeur de Bourges. Une semaine avant le vote du projet de loi, dans l'Indre cette fois, une habitante du Blanc donnait naissance dans sa salle à manger, la maternité locale ayant fermé.