France 3 Centre-Val de Loire se mobilise pour vous faire vivre la campagne des élections législatives 2022. Retour sur les temps forts du débat entre quatre candidats en lice sur la 2e circonscription du Cher, une émission animée ce mercredi 18 mai par Rebecca Benbourek de France 3 et Michel Benoît de France Bleu Berry.
Ce mercredi 18 mai, France 3 a donné la parole à quatre candidats en lice pour prendre le fauteuil de député de la 2e circonscription du Cher. Les candidats ont pu développer leur vision sur plusieurs thématiques fortes revenues au cours de la campagne présidentielle.
Cinq candidats étaient présents en plateau (par ordre alphabétique) :
- Adrien Baert, agriculteur et candidat investi par Les Républicains (LR) pour l'union de la droite du centre avec l'UDI et Nouveau Centre
- Nadia Essayan, députée sortante MoDem pour la majorité présidentielle Ensemble
- Mathilde Patte Suchetet, candidate de Reconquête!
- Nicolas Sansu, maire de Vierzon, ancien député de la circonscription et candidat du Patri communiste (PCF) investi par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes)
Trois autres candidats, investis sur la circonscription, n'étaient pas présents en plateau : Emma Debeugny pour le parti animaliste, Christine Poly du Rassemblement national, et Régis Robin de Lutte ouvrière.
En (presque) 35 minutes d'échanges, les quatre candidats ont abordé les grandes problématiques qui font le débat en France, et en particulier dans le Cher : le pouvoir d'achat, l'emploi et l'agriculture, avec l'environnement en fond de tableau.
Voir ou revoir le débat :
Des sujets qui portent dans la 2e circonscription du Cher, la plus petite et la moins peuplée du département, qui compte notamment une partie de l'agglomération de Bourges, ainsi que Vierzon.
"On n'est pas à la soupe populaire"
Une circonscription rurale, dont 85% des habitants utilisent la voiture pour se rendre au travail. Alors, avec des carburants frôlant les 2 euros du litre, la problématique du pouvoir d'achat est prégnante. Députée sortante MoDem, Nadia Essayan défend le bilan de la majorité, comme les 15 centimes de réduction appliqués sur les carburants depuis quelques semaines, ainsi que les aides ponctuelles du gouvernement.
Des mesures qui ne convainquent que peu ses adversaires. Pour Nicolas Sansu, la seule solution, c'est de "revaloriser les salaires, les pensions, les allocations". Mais selon lui, "comme on dit que c'est impossible, on fait un chèque énergie, un chèque alimentation"... Un scandale pour lui, alors que "les milliardaires [français] ont gagné 236 milliards entre mars 2020 et octobre 2021", soit depuis le début de la crise sanitaire. Un chiffre avancé par Oxfam, qui note qu'il serait possible avec un tel argent de "distribuer un chèque de 3500 euros à chaque Français-e".
Pour la droite et l'extrême-droite, il est moins question d'augmentation des salaires que de baisse de taxes. "Il faut diminuer les taxes, on a une volonté de bloquer les prix à 1 euro 80 pour les carburants", avance Mathilde Patte Suchetet pour Reconquête. Adrien Baert, lui aussi, dit vouloir "s'attaquer au prix des carburants", avec "une baisse drastique des taxes".
Nadia Essayan réplique, accusant ses contradicteurs de "clientélisme" et de "populisme" : "Avec vous, on a l'impression qu'avec une baguette magique, on va y arriver, lance-t-elle. Vous trompez le peuple." Elle met ainsi en avant la prime Macron, ainsi que les milliards du plan France relance, investis "plutôt que de laisser le pays s'enfoncer comme les autres".
Quelle indignité
La députée sortante a également répliqué au candidat communiste qu'il est impossible "d'obliger les entreprises à augmenter tous les salaires". Ce qui reviendrait, selon elle, à "les mettre en difficulté, elles pourront employer moins et on se retrouve en contradiction par rapport à la volonté affichée" : celle du plein emploi. Le plein emploi, c'est aussi l'objectif du LR Adrien Baert, notamment en "adaptant les demandes et besoins en fonction de ce que vivent les entreprises". Après avoir visité de nombreuses boîtes de la circo, il affirme ainsi que tous les dirigeants lui ont soufflé être en recherche d'employés.
Nadia Essayan en a alors profité pour mettre en avant la réforme de l'assurance chômage, qui permettrait "un meilleur accompagnement" des chômeurs vers l'emploi. "Un million de personnes vont perdre de l'argent, c'est une belle réforme", bondit Nicolas Sansu. Selon une étude de l'Unedic, les nouvelles règles de calcul feraient ainsi perdre 17% de leur allocation journalière à 1,15 millions de personnes, mais allongerait la durée d'allocation de 11 à 14 mois. La députée sortante se défend :
Je préfère que les gens travaillent, qu'on leur redonne une dignité
Nadia Essayan, députée MoDem
"On n'est pas obligé de s'en prendre aux pauvres pour ça", rétorque le maire de Vierzon.
De son côté, la candidate Reconquête a défendu "des primes zéro charges", pour "permettre aux personnes qui le veulent de travailler plus et de gagner plus".
Les menaces contre l'agriculture
Avec Vierzon, premier bassin d'emplois de la circonscription, le territoire est évidemment industriel. Mais en surface, c'est bien-sûr l'agriculture qui gagne. Une agriculture de plus en plus menacée par la sécheresse, la pénurie d'eau planant déjà sur plusieurs départements de la région. À part Nicolas Sansu, les candidats se sont ainsi dits favorables à la construction des "bassines" de rétention servant à stocker de l'eau l'hiver en prévision de l'irrigation l'été. "C'est une solution contre la sécheresse, à court-terme, estime Mathilde Patte Suchetet. À long terme, il faut trouver d'autres solutions".
Car pour les écologistes, ces bassines sont un scandale environnemental, se remplissant avant tout en pompant les eaux souterraines déjà raréfiées, plutôt que par les eaux de pluie :
Je ne suis pas contre, à partir du moment où c'est de l'eau de ruissellement. Si c'est du pompage, c'est un problème pour les autres communes qui pompent dans la nappe.
Nicolas Sansu, maire PCF de Vierzon
Il y a également pour lui une possibilité : celle de réutiliser les eaux sortant des stations d'épuration pour irriguer, une idée qui séduit Nadia Essayan. Elle dit également miser sur l'innovation pour atteindre les objectifs environnementaux :
Agriculteur de profession, Adrien Baert demande à la députée sortante "des actions concrètes" pour continuer à faire tourner les exploitations. "Vous êtes au pouvoir depuis 5 ans, vous avez eu la possibilité de porter ces choses pour notre circonscription, malheureusement je ne les ai pas vu passer", fustige-t-il. Avant de se tourner vers Nicolas Sansu : "Votre parti n'encourage pas les agriculteurs, en leur mettant des contraintes."
Le maire PCF de Vierzon a assuré défendre les agriculteurs et leurs rémunération. Il fustige ainsi la PAC et les accords de libre-échange : "On est dans un modèle hyper-intensif pas toujours en circuit court, se mettre dans les mains du marché c'est une catastrophe." La candidate de Reconquête a de son côté critiqué "la grande distribution et l'Europe qui définissent les prix" comme sources du problème de rémunération des agriculteurs.
L'émission s'est achevée sur 30 secondes attribuées à chacun pour résumer sa candidature. Adrien Baert s'est présenté comme le candidat du terrain, Nicolas Sansu comme l'alternative à "la haine" d'un côté et "la casse sociale" de l'autre. Mathilde Patte Suchetet a défendu le pouvoir d'achat, et enfin Nadia Essayan s'est décrite comme "la seule qui puisse avoir un mandat constructif pour la circonscription". Rendez-vous les 12 et 19 juin pour départager les candidats.