France 3 Centre-Val de Loire se mobilise pour vous faire vivre la campagne des élections législatives 2022. Retour sur les temps forts du débat entre cinq candidats en lice sur la 1ère circonscription d'Indre-et-Loire, une émission animée ce mercredi 18 mai par Franck Leroy.
Ce mercredi 18 mai, France 3 a donné la parole à cinq candidats en lice pour prendre le fauteuil de député de la 1ère circonscription d'Indre-et-Loire. Pouvoir d'achat, santé, écologie... ils ont eu l'occasion de développer leur vision sur ces sujets majeurs aux yeux des habitants de la région, thématiques fortes revenues au cours de la campagne présidentielle.
Cinq candidats étaient présents en plateau (par ordre alphabétique) :
- Philippe Chalumeau, député sortant et candidat de la majorité présidentielle Renaissance - Ensemble
- François Ducamp, délégué départemental du Rassemblement national (RN)
- Charles Fournier, vice-président de la région Centre-Val de Loire, candidat Europe Écologie-Les Verts investi par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes)
- Thomas Jouhannaud, candidat Lutte ouvrière (LO)
- Olivier Lebreton, vice-président du conseil départemental d'Indre-et-Loire et conseiller municipal à Tours, candidat Les Républicains (LR), soutenu par l'UDI et Nouveau Centre.
La candidate du parti animaliste, Stéphanie Moreau, n'était en revanche pas présente.
En (presque) 35 minutes d'échanges, les cinq candidats -tous des hommes- ont abordé les grandes problématiques qui font le débat en France et dans la région Centre-Val de Loire, à savoir le pouvoir d'achat, la santé et l'écologie.
Voir ou revoir le débat :
Des sujets qui portent à Tours et Saint-Pierre-des-Corps, les deux communes qui composent la première circonscription d'Indre-et-Loire (à l'exception du nord-ouest de Tours, relégué dans la cinquième circo). Dans la capitale départementale, le taux de pauvreté est ainsi de 21% selon l'Insee, bien plus que la moyenne nationale située autour des 15%, comme l'a rappelé le candidat écologiste.
Pour le pouvoir d'achat, ajustement ou mesures structurelles ?
Le pouvoir d'achat "est une question très importante", a enquillé Philippe Chalumeau pour la majorité présidentielle. Le candidat à sa propre succession a assuré que, la majorité macroniste réélue, "un projet de loi de finances rectificatif centré sur le pouvoir d'achat" et "une extension du bouclier d'inflation avec blocage des prix" sont prévus très rapidement. Pour lui, la lutte contre la pauvreté doit avant tout passer par des politiques nationales.
Pour Charles Fournier, "il faut des mesures structurelles et pas des mesures d'ajustement", avec notamment une augmentation des salaires et un passage du SMIC à 1 500 comme défendu par la Nupes depuis quelques jours. Loin d'être du même avis, le candidat d'extrême-droite François Ducamp dit s'opposer à une hausse du SMIC, parce que "les TPE et les PME ne pourront pas suivre et devront licencier". Un scandale pour Thomas Jouhannaud :
D'autant que, selon lui, "l'inflation ne tombe pas du ciel, c'est pas que la faute de la guerre, de Poutine". Il impute ainsi la hausse des prix à "des grands groupes capitalistes qui profitent de l'aubaine pour augmenter leurs marges de bénéfices sur notre dos", argue-t-il. Le candidat LO cite notamment les bénéfices de Total, de 5 milliards de dollars pour le seul premier trimestre de 2022. Un record.
Olivier Lebreton a, de son côté, une pensée pour "les classes moyennes qui travaillent" :
Sur le prix de l'essence, il estime "anormal que l'État s'enrichisse" sur la hausse du prix du baril. Sur la même longueur d'ondes, François Ducamp propose de passer la TVA de 20 à 5,5% "pour toutes les énergies", "que ce soit le carburant, l'électricité, le fioul".
Une proposition qui ne séduit que peu Charles Fournier. Le candidat écologiste confirme que la TVA est "un impôt profondément injuste, qui favorise les plus riches qui peuvent consommer beaucoup par rapport aux plus pauvres qui sont pénalisés". Mais le vice-président de la région ne souhaite pas une baisse pour les énergies fossiles, souhaitant "une fiscalité en même temps écologique et sociale" qui "permettrait d'encourager d'autres modes de transports" que la voiture.
Écologie : punition ou justice sociale ?
Sur ce sujet de l'environnement, Olivier Lebreton s'est dit opposé à une écologie punitive, estimant impossible de "faire une transition écologique contre les Français". Il souhaite miser notamment sur l'innovation pour mener à bien une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Philippe Chalumeau a de son côté défendu le bilan d'Emmanuel Macron. Pour François Ducamp du RN, il faut "renforcer le nucléaire" et "développer les transports en commun à Tours". Il mise également sur l'économie circulaire, affirmant que "notre première pollution vient de l'importation". Une affirmation correcte selon des données gouvernementales, mais manquant de clarté : elle concerne l'empreinte carbone du pays.
À coté du candidat du Rassemblement national, Charles Fournier bout, à entendre parler d'écologie "punitive" :
Pour lui, il ne faut pas miser sur une innovation qui tarderait à venir (comme l'hydrogène ou les petits réacteurs nucléaires), mais "agir massivement sur les énergies renouvelables parce qu'on sait le faire". Il assure d'ailleurs que concilier "écologie et justice social est possible" : en baissant la facture "parce que vous avez isolé votre habitation", ou en améliorant la santé des habitants parce que "vous leur permettez de manger correctement".
Le vice-président écolo de la région reproche ainsi à Philippe Chalumeau et à la majorité présidentielle "la trahison de la convention citoyenne pour le climat" et "la condamnation de la France" pour non-respect de ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Face à lui, le candidat Lutte ouvrière Thomas Jouhannaud se focalise sur une requête : la levée du secret commercial et des affaires. Il revient notamment sur la fonderie de Bléré, responsable "de pollution aux métaux lourds en plein centre-ville" et dont "les patrons sont partis sans laisser d'adresse et personne ne leur demande de rendre des comptes". Alors que Charles Fournier acquiesce, il ajoute : "Quand les travailleurs qui voient tout passer disent ce qu'ils savent, ils sont poursuivis et risquent de perdre leur boulot."
Le Centre-Val de Loire : le plus grand désert médical de France
C'est aussi en redonnant leur voix aux premiers concernés que Thomas Jouhannaud souhaite améliorer la situation en matière de santé : "Ça fait des années que les travailleurs des hôpitaux, les personnels de santé, tirent la sonnette d'alarme et qu'ils ne sont pas écoutés", argue-t-il. Pour expliquer la situation très compliquée de nombreux services d'urgences (comme ceux de Chinon et Orléans, où les arrêts de soignants sont massifs), il met en avant les "critères de rentabilité" imposés à l'hôpital public. Selon lui, il n'y a qu'une solution : "Il faut embaucher, des embauches massives".
Avis partagé par Charles Fournier, qui souhaite que soient engagés 100 000 soignants dans les hôpitaux. Pour venir à bout des déserts médicaux, il souhaite également "de la contrainte pour installer les médecins en dernières années de formation dans des zones carencées". Le candidat de la Nupes critique également le Segur de la Santé, initié par le gouvernement avec des hausses salariales à la clé. "Je salue l'intention, mais pas le résultat", assène-t-il, estimant que ces revalorisations ne vont "pas assez loin".
Philippe Chalumeau, lui, défend ce Ségur, et les diverses mesures déjà prises par le gouvernement, comme la hausse du nombre d'étudiants en médecine formés à Tours (de 220 à 350), et la création future d'une faculté de médecine à Orléans. Des solutions efficaces à long terme, mais qui ont une épine dans le pied : "Seuls 29% des internes formés dans la région s’installent dans le Centre-Val de Loire. Il y a un problème d’attractivité de la région", juge-t-il, reprenant des chiffres donnés dans la presse par le doyen de la faculté de médecine de Tours, Patrice Diot.
Et puis former un médecin, ça prend beaucoup de temps, et "la Santé n'a pas le temps d'attendre", lance Olivier Lebreton pour Les Républicains. Pour lui, "l'hôpital est une usine administrative, 35% du personnel est administratif et technique", une statistique qu'il considère bien trop élevée. Effectivement, la part du personnel non-soignant dans l'hôpital public français est bien de 35%, soit plus que chez nos voisins européens. Cependant, le personnel purement administratif ne représente que 14%, les 20 points restants se répartissant entre les effectifs d'entretien, de nettoyage et d'organisation technique. Il estime par ailleurs que, si "à une époque, on parlait de déserts médicaux en zone rurale", le problème touche désormais "même les grandes villes comme Tours".
Après avoir reproché à la majorité la suspension des professionnels de santé non-vaccinés, le candidat du RN François Ducamp a proposé d'instituer un premier filtre avant les urgences :
Parmi ces leviers, il évoque les maisons de santé et la télémédecine, qui en revanche ne permettront pas de remplacer un médecin de garde la nuit.
Avant la fin du débat, chaque candidat a eu le loisir d'exposer en 30 secondes un thème qui lui paraissait cher. Pour François Ducamp, c'est la sécurité, notamment en "réarmant les policiers". Charles Fournier, lui, propose "un parlement de circonscription pour garder un lien permanent avec les habitants et construire les projets de loi que je porterai". Thomas Jouhannaud a, de son côté, défendu "un vote de conscience" et "de révolte contre cette société capitaliste qui nous mène dans le mur." Olivier Lebreton s'est défini comme "le candidat de l'ancrage local" face au "mélenchonisme" de la Nupes et "l'option gouvernementale qui votera tout". Enfin, Philippe Chalumeau a défendu son bilan, assurant vouloir être "un député qui compte dans la majorité présidentielle".
Les six candidats de la 1ère circo d'Indre-et-Loire devront se départager lors du premier tour des législatives, prévu le 12 juin.
Tous les débats des législatives en Centre-Val de Loire sont à retrouver en replay sur la plateforme france.tv.