Le Grenelle des violences faites aux femmes voulu par Marlène Schiappa ce 3 septembre s'annonce tendu, au lendemain du 101e féminicide enregistré cette année. En région Centre-Val de Loire aussi, les signalements sont en hausse depuis 2019.
La date du Grenelle des violences faites aux femmes, le 3 septembre, n'aurait pas pu être plus significative. Deux jours plus tôt, des témoins découvraient à Cagnes-sur-Mer le corps de la 100e victime de féminicide depuis le début de l'année, rouée de coups dans la nuit et abandonnée sous un tas de détritus. Elle précède de peu la 101e, une femme de 92 ans rouée de coups de poing et de canne dans le Tarn. Dans les deux cas, le conjoint de la victime a été interpellé. En 2018, 121 femmes ont été tuées par leur compagnon ou leur ex, selon les collectifs féministes.
Des chiffres accablants en région Centre-Val de Loire
L'aggravation et l'accélération des violences faites aux femmes s'observent aussi en région Centre-Val de Loire. Déjà au mois de mai, la préfecture d'Indre-et-Loire lançait l'alerte sur l'augmentation de 30% des violences faites aux femmes entre 2017 et 2018. Au 1er semestre 2019, elles auraient encore augmenté de 10%. Et les données comparables que France 3 a pu obtenir d'autres départements semblent corroborer ce constat. L'Eure-et-Loir note également une augmentation de 31% des violences sexuelles et intrafamiliales, et le Loir-et-Cher voit également le nombre de faits de violences contre les femmes augmenter de 2,86%.
"C'est de la pure communication"
Mais derrière les nombres qui s'accumulent, il y a des vies brisées. Des vies à côté desquelles les annonces du gouvernement font figure de pâles manoeuvres de communication. Sophie Auconie, députée UDI d'Indre-et-Loire et co-rapportrice d'un rapport d'information sur le viol, voit dans le Grenelle "du blabla et du temps perdu". "On a fait 24 propositions, toutes remontées du terrain : de Suède, de Belgique, de Gonesse... Marlène Schiappa n'en a pas retenu une seule", regrette l'élue. "Elle en a fait une réformette", lâche enfin celle pour qui la secrétaire d'État "n'est pas à la hauteur" sur la question.Cessons la communication
— Sophie Auconie (@Sophie_Auconie) July 7, 2019
Passons à l’action MAINTENANT
Un Grenelle est inutile et coûteux
Nous avons une parfaite connaissance de ce qu’il faut faire : mettons les moyens du Grenelle dans l’action pour la lutte contre les violences pic.twitter.com/hSyS4idOYK
Et Sophie Auconie n'est pas la seule à serrer les dents face à ce qu'elle voit comme un coup de comm'. A Orléans, l'adjointe communiste et militante féministe Dominique Tripet ne décolère pas. "C'est de la pure communication, on se contente de marteler le 39 19 sans leur donner suffisamment de moyen pour être efficace !" De fait, elle n'est pas la seule à avoir noté que la date retenue pour le Grenelle, le 3 septembre 2019, sonne comme un énième rappel du numéro d'urgence, qui sonne de plus en plus comme un mantra "A chaque féminicide, c'est toute notre société qui devrait être scandalisée. En Espagne, les femmes sont descendues dans la rue en novembre dernier, à la 45e victime. Qu'attendons-nous ?"
Ce ne sont pourtant pas les progrès qui manquent, sur le terrain. Outre le travail des associations, Dominique Tripet note "l'écoute" du procureur, ainsi que les formations dispensées aux forces de l'ordre. L'adjointe orléanaise salue aussi les succès rencontrés par les foyers pour femmes. "Depuis juillet, il existe une convention avec les résidences de l'Orléanais pour mettre à disposition 10 appartemments pour les femmes victimes de violences", indique l'élue.
"La violence, ça se désamorce"
L'étape suivante, elle en est convaincue, serait de prendre également en charge les agresseurs. "Ce sont des hommes qui ne vont pas bien", estime Dominique Tripet, qui propose que, comme au Canada, ils puissent être assigné à un dispositif de prise en charge sur décision de justice, et accompagnés. "Ils sont dans le déni, il faut être à leur côté. La violence, ça se désamorce !" Et cela se désamorce aussi dès la petite enfance, via une véritable "éducation à l'égalité", plaide Dominique Tripet.Outre la répression et la prévention, des solutions existent également pour permettre un meilleur accueil des femmes victimes de violences. C'est le cas du centre d'accueil de Tours, inauguré par Marlène Schiappa en avril dans les locaux de SOS Médecins. En région, d'autres initiatives se mettent en place, au niveau associatif mais aussi judiciaire. "Le constat est terrible", achève Dominique Tripet. "Mais une prise de conscience est en train d'arriver."
Violences conjugales et sexuelles : qui appeler ?
Depuis 2014, un numéro national, le 39 19, est dédié aux femmes victimes de violences, quelles qu'elles soient. Plus localement, vous pouvez contacter le Centre National d’Information sur les Droits des Femmes (CIDFF), qui existe dans chaque département. Le CIDFF garantit une écoute et une orientation vers les dispositifs adéquats pour toutes les femmes victimes de violences sexistes.- Cher : 02 48 24 00 19
- Eure-et-Loir : 02 37 91 19 95
- Indre : 02 54 08 09 79
- Indre-et-Loire : 02 47 48 26 13
- Loir-et-Cher : 02 54 42 17 39
- Loiret : 02 38 77 02 33
SOS viols femmes informations : 0 800 05 95 95
Numéro national gratuit, du lundi au vendredi de 10h à 19h.
Centres d'accueil des présumées victimes agressions sexuelles
- Tours : 02 47 47 47 43 (secrétariat) / 02 47 47 92 83 (assistante sociale)
- Orléans : 02 38 51 44 06 (secrétariat) / 02 38 61 32 31 (assistance sociale) / 02 38 61 33 85 (psychologue)
Espace d'accueil et d'orientation de femmes victimes de violences : 07 54 32 71 83
Situé au sein des locaux SOS Médecins de Tours, cette cellule est joignable 24/24 à ce numéro. L'espace d'accueil peut vous permettre d'être directement mise en relation avec le commissariat, un psychologue ou encore un hébergement d'urgence.