Des réunions entre les salariés et la direction ce mardi 31 mai n'ont pas permis de mettre un terme à la crise qui frappe l'hôpital de Chinon depuis la mi-mai. La très grande majorité des soignants y sont en arrêts, épuisés par leurs conditions de travail.
Toujours pas de sortie de crise à l'horizon. Ce mardi 31 mai, salariés et direction de l'hôpital de Chinon se rencontraient, pour évoquer la désastreuse situation des urgences et de la maternité. Car, depuis deux semaines, les deux services sont fermés. La faute, comme aux urgences de l'hôpital d'Orléans, à des arrêts de travail en pagaille : plus de 95% des soignants arrêtés aux urgences.
Pour ces derniers, le manque de moyens et de personnels affecte durement la prise en charge des patients. "On n'a pas forcément le temps de faire le change des personnes qui ne sont pas continentes, et on va laisser des gens dans leur urine pendant plusieurs heures", raconte Charlotte, une infirmière des urgences qui a repris le travail lundi dans un autre service. Selon elle, "c'est délétère pour les patients, et c'est très frustrant pour nous".
Une réunion pour rien ?
Ce sont ces manques de moyens que les salariés en arrêt ont dénoncé auprès de la direction lors de la réunion qui les a réunis autour d'une même table ce mardi 31 mai dans la matinée. Une réunion pour rien ? "La situation n'avance pas d'un iota", regrette Alexandre Robert, délégué syndical santé FO au centre hospitalier du Chinonais. D'après lui, "la direction n'écoute pas les problématiques", fustige-t-il. Conséquence : "Pas assez de collègues ont repris le travail, et on ne peut rouvrir ni les urgences ni la maternité." Les deux services resteront donc porte close, au moins jusqu'à lundi-mardi prochain. Une partie des arrêts arriveront alors à leur terme, en attente d'un possible renouvèlement, et une nouvelle réunion entre direction et salariés est alors prévue.
À l'hôpital, les cellules de crise entre directeurs s'enchaînent, pour tenter d'étudier le cas de chaque arrêt. La direction -qui n'a pas souhaité s'exprimer auprès de France 3- cherche des remplaçants aux soignants arrêtés, sans grand succès jusqu'à présent.
Sans vraie solution se profilant à l'horizon, la situation inquiète de plus en plus dans les rues de Chinon. Au micro de France 2, Laura Sallard, enceinte de 8 mois, explique qu'elle devait accoucher à la maternité locale. Si cette dernière reste fermée, la jeune femme devra faire 45 minutes de voiture, direction Tours ou Saumur. "Est-ce qu'on va tenir dans la voiture, est-ce qu'on va avoir un bébé sur la route, est-ce qu'on va devoir appeler une ambulance ?", angoisse déjà la future mère.
Au-dessus de la pile
"De toute façon, on met en danger les patients", abonde le docteur Arthur Belyache. Médecin généraliste, il officie au sein de la maison de santé des Hucherolles, à Chinon. Prophétisant des retards de prise en charge, il redoute que les médecins de ville se retrouve encore plus en première ligne, dans une zone où les professionnels de santé ne sont pas joignables en un claquement de doigts. "Déjà on était seuls, parce que l'accès aux spécialistes est de plus en plus compliqué, et maintenant on est encore un peu plus seuls", constate-t-il.
À ce stade, n'espérant pas l'aide de l'ARS, les salariés attendent une réponse de l'État. "Il faut que Manu, il descende", balance Alexandre Robert, de FO santé. Ce mardi, le président de la République était ainsi en déplacement à Cherbourg pour évoquer l'hôpital public, et y a annoncé une future "mission flash" d'information sur les Urgences.
Dans le cas particulier de Chinon, les syndicats prévoient un rassemblement samedi matin à 10h30 devant la mairie de Chinon, pour "faire du bruit et alerter la population". Selon Alexandre Robert, "il n'y a que comme ça qu'on fera venir le dossier de Chinon au-dessus de la table du ministère".