PORTRAIT. Laura David, vigneronne, nommée découverte de l’année par la Revue du Vin de France

C’est une très grande surprise pour Laura David. Jeune vigneronne de 31 ans sur l’appellation Montlouis-sur-Loire, elle vient d’avoir le prix de la découverte de l’année, par la Revue du Vin de France qui décerne chaque année des grands prix aux personnalités qui s’attachent à faire rayonner la culture du vin en France.

Depuis une quinzaine d’année, la Revue du Vin de France organise une soirée des grands prix avec 12 lauréats : vigneron de l’année, meilleur accueil dans un vignoble, caviste de l’année et un prix spécial pour les jeunes vignerons.

Alexis Goujard, journaliste et membre du comité de dégustation, nous détaille la nature de ce prix. "La découverte de l’année récompense un jeune vigneron talentueux qui a fait joliment fait progresser ses vins en quelques années. Ce n’est pas évident, car c’est vrai qu’on a toute la France comme terrain de jeu et le choix s’est porté sur Laura David." Le journaliste se souvient de sa première dégustation.

"J’ai découvert Laura David dès son 1er millésime en 2018 lors d’une dégustation à l’aveugle à Montlouis-sur-Loire, proposée par le Syndicat des Vins. Quand on note bien un domaine historique, c’est quasiment normal, la routine, mais quand on note bien un jeune vigneron, qu’on sent un potentiel, on lui téléphone ensuite et on essaie d’en savoir plus."

Le choix de Laura

Laura David, n’en revient toujours pas d’avoir été nommée découverte de l’année 2023. "Il y a tellement de jeunes vignerons partout en France, qui réalisent de belles choses. Moi, je fais comme je peux, avec les moyens du bord".

Avec un grand sourire, elle ajoute "je remercie vraiment le comité de dégustation et tous les vignerons de Montlouis-sur-Loire qui m’ont soutenue. Cette soirée des grands prix a été une parenthèse enchantée pour moi. J’ai pu côtoyer des vignerons et des sommeliers que j’admirais".

Mais Laura garde les pieds sur terre. "On a eu une sublime parenthèse, mais on s’est remis tout de suite au travail. Les distinctions, la vigne s’en moque, dit-elle en riant. La taille, ça n’attend pas ! L’article dans RVF (Revue du Vin de France) bien sûr, ça fait très plaisir, surtout, on a été ravi de la visibilité que ça a pu donner au Val de Loire et à l’appellation Montlouis".

Ca nous a rassurés, confortés dans nos choix et ça nous donne confiance pour oser d’autres choses. On se dit que pour l’avenir il faut garder le cap et la direction qu’on a décidé de prendre

Laura David, désignée Découverte de l'année 2023 par la Revue du Vin de France

Pour en savoir plus sur cette vigneronne de 31 ans, qui exploite 9 hectares de vigne en fermage, à Lussault-sur-Loire, une des communes de l’appellation Montlouis-sur-Loire, il faut remonter quelques générations. Le goût du vin lui vient de son arrière-grand-père, vigneron à Saint-Nicolas de Bourgueil. Trop jeune pour reprendre les vignes à l’époque, c’est son oncle qui prendra la suite.

Prendre le large

Laura, elle, a décidé de prendre le large. Bac pro à Libourne, BTS viticulture, œnologie à Montpellier, elle revient en Touraine pour une licence commerce des vins, marketing au lycée viticole d’Amboise, où elle se crée un cercle d’amis soudés, passionnés comme elle. Certains l’accompagnent dans son aventure viticole aujourd’hui.

Un champ des possibles qui l’entrainera, à la fin de ses études, jusqu’en Nouvelle-Zélande avec son compagnon boulanger Clément. Un an à découvrir les vins du Nouveau Monde, d’autres façons de travailler la vigne, parler anglais, un atout de plus pour le commerce des vins. "On a assisté aux vendanges dans des "winery" ce sont d’énormes exploitations viticoles. On est revenus avec des étoiles plein les yeux, mais ça nous a permis de voir ce que nous voulions vraiment."

En 2017, Laura et Clément s’installent à Lussault-sur-Loire, une des communes de l'appellation Montlouis-sur-Loire. Les vignes sont conduites en agriculture biologique.

C’est l’Insolente, la cuvée emblématique du domaine qui a d’abord séduit le journaliste de la revue du Vin de France, un vin sec, avec du caractère.

"Ses premiers vins étaient très bien faits, soignés, académiques. Il n’y avait pas de prise de risque dans la vinification. Ils ne provoquaient pas une grande émotion. Mais il ajoute aussitôt". C’est une période où d’entrée de jeu une partie des vignes de Laura avait gelé pour ce 1er millésime et il fallait quand même qu’elle assure les choses en cave pour avoir des vins "marchands" malgré tout.

Au fil des années, ce journaliste spécialiste des vins du Val de Loire et de Bordeaux a suivi l’évolution de Laura et remarqué des changements.

"Elle a de plus en plus confiance en ses raisins, en sa matière, ses vins sont plus détendus, moins contrôlés, moins bridés en vinification. Elle suit plus ses intuitions et ce qu’elle ressent en goûtant ses vins au fil de la vinification et pendant plusieurs mois d’élevage."

Concernant les derniers millésimes de sa cuvée emblématique, L’Insolente, Alexis Goujard, spécialiste des vins du Val de Loire, conclut : "Elle n’a pas envie de faire des vins trop riches, trop boisés. Ce sont des vins qui expriment bien la fraicheur du chenin, d’un joli blanc de Loire".

Ce sont des vins sincères qui traduisent bien ce que peut donner le chenin à Montlouis. Cette fraicheur, cette droiture des blancs de Loire est de plus en plus assumée

Alexis Goujard, journaliste membre du comité de dégustation de la Revue du Vin de France

Pour Laura, l’article de la Revue du Vin de France, est une mise en lumière de son travail. "Même si cette revue a une dimension nationale, on essaie de faire les choses à notre échelle. De garder la qualité, d’accueillir les gens comme d’habitude. Nous sommes des petits vignerons. Nous avons eu beaucoup de félicitations, mais c’est plus psychologique qu’opérationnel, on n’a pas encore fait de récolte depuis cet article, donc on n’a rien changé."

Après quelques instants de réflexion, elle ajoute : "Le déclic, c’est peut-être, se sentir plus légitime. On n’a pas du tout pour objectif de changer notre façon de faire, parce qu’il y a eu cette mise en lumière. C’est notre façon de travailler qui a été remarquée donc on ne va pas changer."

Continuer à faire des vins de caractère, c’est l’objectif de Laura. L’insolente, la Facétieuse, l’Optimiste, des cuvées qui lui ressemblent.

On est ravis du millésime 2022 au niveau de notre récolte et les vignerons de l’appellation aussi. Certains vins sont prêts à être mis en bouteille et pour d’autres on leur laisse le temps de faire leur caractère et bien affiner leur profil.

Laura David vigneronne à Montlouis-sur-Loire

C'est le cas de la cuvée l'Insolente qui n'est pas encore prête à la mise en bouteille. Un millésime qu'Alexis Goujard a bien l'intention de déguster. 

Le pain et le vin, un équilibre

Les vins artisanaux de Laura retranscrivent une manière de travailler, un lieu. Un terroir Montlouis-sur-Loire, où elle s’est installée, une manière de retrouver ses racines sur les bords de Loire et renouer avec son héritage familial d’arrière-petite-fille de vigneron. 

Laura a trouvé un aujourd’hui un équilibre avec son compagnon boulanger qui a construit son fournil artisanal pour vendre son pain près du chai. Il pétrit son pain au levain avec des levures indigènes, issues des vins en fermentation. "C’était une évidence pour moi d’utiliser les levures du terroir de Montlouis et je suis en train de devenir boulanger vigneron, car j’adore de plus en plus aller travailler la vigne avec Laura". La jeune vigneronne conclut "Il est vraiment mordu, cette récompense lui a donné confiance aussi, et on espère que ça va durer le plus longtemps possible."

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