Le deuxième week-end de septembre à Tours est devenu le rendez-vous des amateurs de bandes dessinées. Familial, gratuit, à échelle humaine, "À Tours de Bulles" attire de plus en plus de lecteurs.
La place Châteauneuf de la cité tourangelle se prépare à accueillir une trentaine d’auteurs de bandes dessinées, ces 17 et 18 septembre. Loin de la foule d’Angoulême, et juste avant "bd BOUM" à Blois, le festival gratuit "À Tours de Bulles" séduit un public toujours plus important. Rencontre avec deux auteurs et dessinateurs de cette 18e édition.
Beaucoup d'auteurs en profitent d’ailleurs pour présenter leurs nouveautés. On découvrira ainsi Gargantua, la première BD de Marielle Faucheur, scénariste, accompagnée dans ce travail titanesque par son compagnon Jean-Luc Loyer, dessinateur.
Adepte des formes rondouillardes, Jean-Luc Loyer se régale avec Gargantua, un personnage truculent inspiré directement de l'œuvre du 16e siècle de François Rabelais "Marielle voulait rester le plus près du texte de Rabelais, mais il aurait fallu expliquer le contexte, alors on a plutôt choisi des extraits significatifs", explique le dessinateur.
Jean-Luc Loyer s'extasie devant le caractère actuel de l'histoire de Gargantua. "On a repris des scènes politiques, c’est surprenant de modernité : comment Gargantua voit la religion, la politique, les femmes…On voit bien qu’il y a un Rabelais de province qui se moque de la capitale et vice-versa." L’idée était de donner envie de lire cet auteur résolument moderne. "On connaît mal la vie de Rabelais, constate le dessinateur. C’est dommage."
Durant "À Tours de Bulles", les auteurs seront présents du samedi après-midi au dimanche soir pour partager avec les festivaliers. Le public pourra également parcourir des expositions. L’une d’elle, à la bibliothèque municipale retrace la carrière de Simon Hureau. Dessinateur, voyageur, ce tourangeau a écrit plus d’une quinzaine d’albums. Il est, entre autres, l'auteur de L’oasis, une bande dessinée qui conte la métamorphose de son jardin à Langeais sur dix ans.
L'histoire vraie de Max, habitant du Groenland
Cette année, il dédicacera son dernier titre, Sermilik, là où naissent les glaces, l’histoire vraie d'un Marseillais, Max, parti au début des années 80. Le jeune homme d'alors 18 ans a une révélation en lisant un livre sur les chasseurs de phoques, part s'installer au Groenland et s'intègre aux habitants Inuits. Simon Hureau, s'est lui aussi fondu dans cette atmosphère et nous a livré, en mai dernier, 200 merveilleuses pages.
Un récit initiatique non dénué d'humour où l’on retrouve la nature à l’état brut, comme le raconte Simon Hureau. "Max n'était pas bavard mais son histoire me plaisait. Il vit au bout du monde, au Groenland. Sa maison est toute petite. Il m’a accueilli chez lui, pendant les vacances scolaires. Son village n'est joignable que par bateau, hélicoptère ou traîneau donc il faut vraiment savoir chasser pêcher si l'on veut manger. Ensemble, on a fait du kayak, c’était une expérience exceptionnelle "
En dédicace sur le festival, Simon Hureau peut parler pendant des heures de ses passions. On pourra facilement le retrouver dans le public à la table ronde "Péril climatique, voulez-vous jouer avec le climat" qui ouvre le bal dès le samedi matin.
Chaque année, les adhérents de l'association "À tours de Bulles" votent pour élire la Tour d’ivoire. Le prix consacre un jeune auteur ou autrice qui a réalisé moins de quatre BD. En lice, trois albums : Contrapaso de Teresa Valero, Les étoiles s’éteignent à l’aube de Vincent Turhan ainsi que Les lettres perdues de Jim Bishop.