Alors que les factures d'électricité pourraient augmenter de 10 % en février, les villes et villages rivalisent d'idées pour essayer de payer un peu moins cher leur électricité.
Alors que le gouvernement lève peu à peu le bouclier tarifaire, le prix de l’électricité pour les particuliers va bien augmenter de 10 % au 1er février d’après la Commission de régulation de l’énergie. Et les collectivités locales aussi ne sont pas épargnées par cette hausse. De fait, elles doivent repenser l'éclairage public, le chauffage, et le fonctionnement des services pour alléger leur facture énergie.
Les LEDs à la rescousse
C'est le cas à Orléans, où le conseil métropolitain a annoncé investir 12 millions d'euros pour accélérer le changement de 65 000 points lumineux en LEDs. Les travaux, comme l'a confié le maire et président de la Métropole Serge Grouard à France Bleu, devraient ainsi prendre trois ans au lieu de la dizaine d'années initalement prévue.
En outre, tout le système de pilotage de l'éclairage public va aussi être changé, ce qui devrait permettre de régler l'intensité lumineuse selon les endroit. À terme, ces travaux devraient permettre à la collectivité de diviser par deux sa facture d'électricité.
Engagée depuis octobre 2022 dans un plan de sobriété énergétique, Orléans vise une économie de 3,8GW/h "soit environ 660 000 euros" ainsi qu'une baisse de 26% de la consommation d'ici à 2030 et une multiplication de sa production d'énergie renouvelable. Dans cet esprit, la ville a d'ailleurs lancé une consultation publique pour définir des zones "d'accélération" de production de ces énergies.
Après la création de la SPL Orléans énergies, la mairie d’Orléans lance une consultation publique sur les zones dites “d’accélération de la production d’énergies renouvelables”.
— Ville d'Orléans (@VilledOrleans) January 7, 2024
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1,2 millions d'euros économisés à Tours
Et de fait, l'expérience est aussi probante dans les villes qui ont su sauter plus vite le pas des grands travaux énergétiques. À Tours, municipalité écologiste, l'objectif a été fixé dès 2020 par la nouvelle majorité de réduire drastiquement les émissions carbone, notamment par le biais d'un "plan de sobriété énergétique" mis en place depuis septembre 2022.
Au cours de sa première année d'application, de septembre 2022 à août 2023, ce plan a permis "la diminution de 14% de la consommation énergétique" de la ville de Tours, annonce cette dernière. Un pourcentage qui représente "une économie de 1,2 millions d'euros", soit 4,4 GW/h, l'équivalent "de 235 années de chauffage au gaz pour une maison individuelle".
Si Tours Métropole n'a pas changé le rythme de son plan de transformation en LEDs de l'éclairage public, entamé il y a une dizaine d'années, "on n'a pas attendu pour démarrer un travail autour de la sobriété", explique Martin Cohen, maire adjoint délégué à la Transition écologique.
Éteins la lumière
"On a lancé des actions structurantes avec la rénovation énergétique des bâtiments publics", explique l'adjoint. Des travaux lourds et coûteux auxquels s'ajoutent des mesures d'économie comme la réduction de l'ouverture de la patinoire municipale, la baisse d'1°C de la température à la piscine ou l'optimisation des jours et des heures de chauffe des bâtiments sportifs et scolaires.
En outre, l'expérimentation de l'extinction de l'éclairage public a porté ses fruits, avec une majorité d'habitants favorables et "très peu de retours négatifs". Mine de rien, éteindre les lumières pendant un tiers de la nuit a permis des économies estimées à 500 000 euros par an.
Malgré des craintes sur une éventuelle hausse de l'insécurité, la police municipale et la police nationale constatent, au contraire, "aucun effet, voire une baisse sur les quartiers où a été menée l'expérimentation" pendant six mois, indique Martin Cohen. En 2024, cette mesure sera donc élargie à la majeure partie de la ville, sauf l'hyper-centre, de 1h à 5h du matin.
En 2024, les mesures du plan de sobriété devraient être pérennisées et élargies, notamment aux bâtiments culturels de la capitale tourangelle.
Des communes rurales en pointe
Privées de l'envergure d'une métropole et confrontées à l'éclatement de leur population, les communes plus rurales ont souvent bien des difficultés pour gérer les coûts de l'énergie. À Brizay, en Indre-et-Loire, "c'est simple : je n'ai plus de facture de courant", jubile le maire Jean-Claude Redureau.
En 2022, il a fait le choix de remplacer les 25 points lumineux vétustes de la commune par 43 lampadaires autonomes, alimentés par des panneaux solaires. Une solution trois fois moins chère que le "classique", c'est-à-dire avec un raccordement enfoui au réseau électrique public. Réalisée par l'équipe municipale elle-même, avec l'aide d'une entreprise française en pointe dans le secteur du solaire, cette installation n'aura coûté que 74 000 euros.
"Honnêtement, je me suis fait peur quand est arrivé le mois de novembre", s'amuse l'édile. Avec un coucher du soleil plus tardif, les lampadaires devaient pouvoir accumuler assez d'énergie pour rester allumés du crépuscule à 23h, et de 6h du matin à l'aube. "Avec moins de remplissage le jour, et une plus grande durée d'éclairage, on avait un peu peur d'être en difficulté." En fin de compte, deux ans plus tard, le système fonctionne toujours à merveille.
Toutefois, tous les projets d'autonomie n'ont pas été couronné de succès. À Marmagne, dans le Cher, un "démonstrateur industriel" permettant au territoire d'être autonome en énergie a été finalement abandonné en juillet 2019, obligeant la commune à verser 60 000 euros d'indemnités à l'entreprise Omexom.