En Indre-et-Loire, chez le fabricant de poupées Corolle, une salariée assure seule le service après-vente et la réparation. Mais le "Docteur Sophie" - c'est ainsi que l'ont baptisée ses collègues - verra bientôt arriver l'heure de la retraite. L'entreprise a donc dû dénicher la perle rare capable de lui succéder et d'assurer la continuité d'un service très demandé.
Bon an mal an, Sophie Marais remet en état environ 500 poupées que leur propriétaire, petit ou grand, ne se résout pas à abandonner. Dans la "clinique" de Langeais, en Indre-et-Loire, le service où elle officie depuis 1998, la couturière au grand savoir-faire redonne une seconde vie aux poupons, poupées et autres doudous cabossés par la vie.
Une chirurgienne très demandée
L'expertise du Dr Sophie a toutefois des limites : "on peut réparer beaucoup de choses, explique-t-elle, mais cela dépend de notre stock de pièces détachées, qui est constitué à partir des fabrications actuelles. On pourra sans doute réparer un Bébé Chéri qui a 30 ans, puisqu'il est encore fabriqué aujourd'hui. A l'inverse, on ne pourra peut-être pas réparer un modèle qui n'a que 3 ou 4 ans, mais qui n'est plus fabriqué."
Salariée chez Corolle depuis 39 ans, Sophie commence à envisager la retraite. L'entreprise langeaisienne a donc dû se poser la question de la succession à ce poste atypique et délicat (mais aussi précieux pour l'image du fabricant de poupées).
"Je me suis entourée de partenaires tels que Pôle Emploi et l'AFPA afin de réaliser un plan d'action personnalisé pour l'intégration d'Aurore", la future remplaçante de "Docteur Sophie", raconte Nathalie Chapalain, directrice des ressources humaines.
Un poste avec beaucoup d'affectif
Couturière de métier, Aurore Legoff-Sonzini a ainsi été recrutée en AFEST, action de formation en situation de travail. Un plan de formation au cours duquel elle a pu, par exemple, se familiariser avec les machines de réparation (fardage, rembourrage, couleur des yeux, remplacement des cheveux...) et s'initier à la gestion administrative du service après-vente.
"Ça faisait tellement longtemps que je cherchais quelque chose dans lequel je pourrais m'épanouir !", réjouit Aurore Legoff-Sonzini. "C'est un poste intéressant car il y a beaucoup d'affectif. On voit et on ressent ici toute l'affection que les gens portent à leurs poupons."
Embauchée en CDI pour continuer d'apprendre aux côtés de Sophie, elle devra reprendre les rênes de la clinique de poupées dans quelques années. Avec la future "docteur Aurore", la relève est donc assurée.