Agriculture : bientôt des champs de lavandes dans l’Indre, le projet de deux agriculteurs entre dans sa phase active

En juin prochain, on pourra voir à hauteur de Diors et de Levroux, des champs de lavande commencer à fleurir. L’aboutissement d’un projet commun entre deux agriculteurs, "les François" comme on les appelle, amis de longue date et passionnés par leur métier d’agriculteur.

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A priori, la Champagne berrichonne est surtout connue pour ses cultures céréalières. Ce sont d’ailleurs deux céréaliers, François Devillières et François Moreau, qui ont eu cette idée.

Pour se lancer dans l’aventure, ils sont même allés faire un stage dans le Vaucluse, pour tout apprendre sur cette culture et sa transformation. Car les deux compères entendent bien sortir leur huile essentielle estampillée Berry.

Ce sera notre dernier grand projet professionnel. On avait envie de faire quelque chose ensemble. Et avec l’aide de nos épouses bien sûr, qui s’investissent dans ce projet.

François Moreau

Car les deux amis n’en sont pas à leur coup d’essai. Depuis leur rencontre, ils multiplient leurs projets communs. "On s’est rencontré il y a une dizaine d’années, dans une association d’agriculteurs, où on produisait du chanvre et on le transformait pour faire du matériau… Quelques années après on a décidé d’acheter une moissonneuse en commun pour faire la moisson ensemble."

"Le fait de planter de la lavande, ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, un matin en se levant se dire je vais faire de la lavande. Depuis trois quatre ans on phosphorait, parce qu’on avait envie de faire un projet ensemble, on est assez complémentaire au niveau des compétences", raconte François Moreau.

16 hectares sanctuarisés en BIO

La culture s’étendra sur deux parcelles, dont la transition en Bio est entamée depuis mai dernier. D’ici trois ans, époque où la certification pourra être effective, les premières récoltes permettront de s’assurer de la faisabilité de la culture et de la transformation.

C’est au moment de la pleine maturité des 108 000 pieds plantés que le label bio sera définitif. Dans un premier temps, les plants seront plantés à l’automne sur 9 hectares. Le reste sera planté en thym et en romarin pour la première année.

Les deux agriculteurs vont mener leur projet étape par étape. Mais ils savent déjà que la plante est adaptable à nos sols et à nos climats, car un agriculteur de la Drôme s’est installé en Berry pour faire pousser du lavandin, un hybride, sur une centaine d’hectares.

Preuve de leur confiance dans le succès de l’opération, la construction d’un bâtiment pour abriter la distillerie, qui va commencer début novembre.

La transformation et la commercialisation

Fabriquer de l’huile, François Moreau sait faire, puisqu’il commercialise ses huiles végétales (colza, tournesol) issues de son unité de pressage à froid.

"J’ai mis en place en 2003 une unité de trituration d’huile à la ferme. L’objectif c’était de se rapprocher du consommateur, de faire de la production du champ à l’assiette".

Des huiles qu’il vend en partie à la ferme et chez des distributeurs spécialisés. Alors fabriquer de l’huile essentielle, même s’il ne s’agit pas du même procédé, ne lui pose apparemment aucun problème.

De toutes façons, la première récolte devra servir de galop d’essai, tant sur la culture que la transformation et la commercialisation. Ils ne seront fixés que quand les premières gouttes d’huile essentielle auront été produites. Peut-être même découvriront-ils un terroir conférant à celle-ci des particularités olfactives.

Pour avoir la réponse il faudra encore être patient quelques mois...

Concernant la commercialisation, les deux François n’ont pas encore tout vu en détail, notamment en ce qui concerne la vente grand public. Mais leur page Facebook existe déjà et ils communiquent sur chaque étape du projet.

À ce sujet la campagne participative sur le site de crowdfunding dédié aux agriculteurs, ouverte pour recueillir 5000 euros pour l’achat des plants de lavande, a déjà dépassé le montant fixé, preuve que ce projet suscite l’engouement. Les autres débouchés de leur production sont les laboratoires, les grossistes et les parfumeries. Là encore tout dépendra du succès de premières récoltes.

La culture de la lavande

Cultiver la lavande n’est pas une sinécure. Les producteurs de Provence peuvent en témoigner. Même si la lavande a la réputation d’être résistante aux conditions climatiques, elle n’échappe pas aux aléas d’une année comme celle que nous connaissons et surtout elle doit lutter contre un fléau "la cicadelle" vecteur d’une bactérie "le stolbur" qui s’attaque aussi bien en plaine qu’en montagne, en agriculture conventionnelle qu’en bio, aux plantes, les faisant dépérir et obligeant parfois les producteurs à arracher leurs plantations.

Selon les spécialistes il ne faudrait que trois mois à la bactérie pour venir à bout d’une lavande. Un phénomène connu depuis longtemps, mais qui s’accélère en raison du réchauffement climatique.

Tout savoir sur la cicadelle à partir de 5min 32 :

La France, deuxième producteur mondial de lavande, compte 5700 hectares, pour une production de 100 tonnes d’huile essentielles. Le premier producteur étant la Bulgarie, qui en produit trois fois plus. Quant au lavandin, il en existe 21 000 hectares en France.

Traditionnellement cantonnée dans le Sud, cette culture a commencé à émigrer dans d’autres régions, en raison des difficultés rencontrées par la filière ces dernières années. Notamment le lavandin, la lavande étant jusqu’à présent moins concernée. Les rendements ne sont pas les mêmes, de même que les acheteurs.

Pour lutter contre la prolifération de la bactérie, de nombreux moyens sont mis en place. Notamment une filière pour garantir la non contamination des plans, afin de protéger les cultures. Normalement un plan de lavande dure huit ans, mais son pic de production est entre trois et six ans. Si "le dépérissement" la maladie induite par la bactérie affecte des pieds en pleine maturité, c’est autant de production en moins pour le lavandiculteur.

Les deux François sont sereins. Ils ont commandé les plans exempts de contamination et espèrent raisonnablement que la progression générale de la cicadelle ne sera pas pour tout de suite.

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