Éteindre ou rallumer l'éclairage public : la mesure continue de faire débat, entre économies et sécurité

Châteauroux éteindra ses éclairages publics dans la quasi-totalité de la ville dès le jeudi 31 octobre. Une mesure qui permet notamment de réaliser des économies sur la facture énergétique de la ville. Si certaines villes reconduisent l'initiative, d'autres ont préféré rallumer la lumière.

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Après avoir expérimenté pendant cinq mois de juin à octobre 2024, la coupure de l'éclairage nocturne dans le quartier de la Pointerie, la ville de Châteauroux a décidé d'étendre cette mesure à d'autres quartiers dès le 31 octobre 2024.

Les lumières s'éteindront de minuit à 5h du matin en semaine et de 1h à 5h le vendredi et samedi. "Il n'y a que dans les quartiers avec une forte densité de population en centre-ville où les lumières resteront allumées. Déjà, car en ville il n'est pas toujours évident de se garer à proximité de sa maison contrairement aux quartiers résidentiels, mais aussi, car la vidéo protection ne peut fonctionner que si les lumières sont actives", précise Tony Imbert, conseiller municipal délégué à la transition pour la ville de Châteauroux.

C'est l'envolée du coût de l'énergie électrique qui a encouragé la ville de Châteauroux à étendre cette extinction de l'éclairage public la nuit. L'éclairage public était déjà passé au 100 % LED depuis le mois de décembre 2022. "Éteindre était la dernière étape, une économie supplémentaire dans la mesure où nous nous sommes engagés auprès des Castelroussins à ne pas augmenter les impôts", ajoute Tony Imbert qui se prépare à la renégociation des tarifs de l'énergie de la ville, avec très certainement une augmentation de la facture à la clé.

120 000 euros économisés et un quartier "plus paisible"

C'est donc les économies pécuniaires qui ont principalement motivé cette extinction des lampadaires publics. Une économie non négligeable de 670 000 kWh/an soit 120 000 euros.

Mais l'expérimentation menée a aussi permis de mettre à jours d'autres arguments positifs : "Moins de lumière, c'est moins de volonté de rester dehors. Même auprès des gens qui étaient hostiles dans le quartier de la Pointerie, la mesure a convaincu, car le quartier est plus paisible. On s'est aussi rendu compte que c'est bénéfique pour la perturbation du sommeil, car certains volets même fermés laissent passer les lumières extérieures", détaille Tony Imbert.

Et si certains habitants pouvaient craindre une hausse de l'insécurité, "aucune incivilité nocturne n'a été constatée durant cette période test". Les habitants, consultés lors d'une réunion publique, ont demandé à maintenir l'éclairage public les 24 et 31 décembre. À  Tours, c'est depuis le début de l'année 2024 que les quartiers s'éteignent progressivement avec un objectif d'économies pour la ville de 500 000€ par an et 40 % des candélabres sont passés en LED.

Un bénéfice aussi pour la biodiversité

Une mesure déjà lancée à Bourges depuis 2022. Pour faire face à l'inflation et à l'augmentation du salaire des fonctionnaires, Yann Galut avait acté, entre autres mesures, l'extinction de l'éclairage public.

Seuls le centre-ville et l'ensemble des grands axes de circulation sont restés allumés. Mais au-delà des économies, l'argument mis en avant était aussi de lutter contre le changement climatique. Car la pollution lumineuse impacte directement la vie nocturne de nombreuses espèces : insectes, chauve-souris, rapaces, oiseaux migrateurs, etc.

"Nous avons par exemple la chaussée de Chappe qui coupe les marais en deux. C'est un axe de circulation que nous aurions pu laisser allumé, mais il créait une barrière lumineuse importante entre deux espaces naturels donc nous avons choisi d'éteindre", souligne Hugo Lefelle, maire adjoint en charge de l'urbanisme.

Depuis 2023, Bourges a franchi un autre pas et modernise désormais son éclairage public pour pouvoir les piloter à distance avec un simple téléphone portable. Un gain de temps pour les agents de la ville, mais aussi de nouvelles économies à la clé. "C'est les économies dégagées sur l'extinction des lumières qui nous ont permis de moderniser le parc. La consommation est passée de 7 millions de kW/h à seulement 3,5 millions. Nous visons d'être à 50 % de lumières LED d'ici la fin du mandat" ajoute Hugo Lefelle.

L'intensité de l'éclairage peut aussi être modulée. "L'éclairage est réduit de 70 % grâce à cette modulation, c'est invisible à l'œil nu, mais cela génère de nouvelles économies". Le pilotage à distance permet aussi d'être plus réactif en cas d'événements imprévus. "Lorsqu'il y a eu les émeutes urbaines (en avril 2024, NDLR), les équipes ont pu accéder rapidement aux commandes pour rallumer les lumières", raconte Hugo Lefelle.

Il poursuit : "Il y a une forme de fierté, car nous avons pris le temps d'installer cette mesure en anticipant, avant d'avoir le couteau sous la gorge pour des raisons financières. Et la mesure est bien acceptée par les habitants".

Rétropédalage pour Orléans

C'est tout l'inverse qui s'est produit à Orléans. À l'hiver 2022, la ville d'Orléans avait éteint l'éclairage public sur l'ensemble de la ville, y compris le centre et avait ainsi réalisé 1 million d'euros d'économie.

Une extinction soudaine et une mesure mal vécue par les habitants sur laquelle le maire est revenu le 2 octobre dernier. "Nous avons rallumé pour deux raisons, premièrement car j'écoute les Orléanais et beaucoup nous ont dit, notamment des femmes, qu'elles ne sont pas tranquilles la nuit et je l'ai pris en compte. Il y a des gens qui sortent, qui vont au théâtre, qui se promènent ou qui rentrent tard, etc.", explique Serge Grouard, maire d'Orléans.

Il poursuit : "Nous avons engagé un plan de transformation de tout l'éclairage public de toute la métropole. Cette transformation est réalisée à 80 % dans le centre-ville, ce qui permet de rallumer sans redépenser l'argent que nous avons économisé parce qu'on fait de l'ordre de 70 à 80 % d'économies avec ces nouveaux systèmes d'éclairage". À partir du 1er novembre donc, l'éclairage public illuminera à nouveau les rues du centre et les boulevards de la ville d'Orléans.

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