Si Paris se prépare à accueillir les Jeux Olympiques depuis 2017, il n'en est pas de même pour Châteauroux, qui n'a su qu'en 2022 que son site de tir était sélectionné pour les épreuves olympiques et paralympiques de 2024. Une bonne nouvelle pour la cité castelroussine, mais qui implique d'organiser la sécurité de l'évènement. Et pour l'heure, il manque du personnel, notamment dans les boîtes de sécurité privées qui viendront en renfort des effectifs de police et de gendarme.
700, c'est le nombre d'agents nécessaire pour sécuriser les JO uniquement à Châteauroux. Mais les sociétés locales, déjà prises par ailleurs, n'ont pas pu répondre aux appels d'offres. Alors ce sont des sociétés parisiennes qui tentent de truster le marché de la sécurité olympique. Seul problème, le recrutement.
200 agents de sécurité toujours à trouver
"On ne pouvait pas répondre à ce nombre de personnels qu'on nous demandait, entre 30 et 50 personnes", témoigne Laurent Hamonier, gérant de la société "2 ailes sécurité" basée à Châteauroux. Alors, le patron de cette entreprise de sécurité voit son personnel démarché par les sociétés parisiennes. "Je reçois deux ou trois mails par semaine de grosses sociétés qui veulent me recruter pour travailler pour les JO. On me fait miroiter des choses ça c'est clair, mais je n'aurai jamais les mêmes avantages qu'avec mon patron actuel", témoigne Eric Caillaut, agent de sécurité qui travaille pour "2 ailes sécurité".
L'entreprise a fini par accepter la mise à disposition d'une vingtaine d'agents. Mais s’il en manque au moment des JO, l’Etat n’hésitera pas à réquisitionner en local, laissant les clients réguliers sans sécurité. Une source d'inquiétude pour Laurent Hamonier. "Je ne sais pas comment je vais expliquer ça aux clients que j'ai déjà, où alors je les enverrai directement voir le Préfet". Il ajoute: "On aurait pu répondre à l'appel d’offres et recruter des jeunes à former. Mais on a aussi une image à préserver. On préfère faire les choses comme on sait les faire, c’est-à-dire avec des professionnels, pas des jeunes qui sortent de formation. On ne veut pas ternir notre image avec des jeunes qui vont se planter sur leur lieu de travail".
La préfecture de l'Indre rassurante
Du côté de la Préfecture de l'Indre on l'assure, il reste encore du temps. À la mi-avril, lors d’un comité de pilotage, le préfet, Thibault Lanxade, se voulait rassurant. "Pour le moment, on fait en sorte qu'il n'y ait pas de réquisitions à prendre."
On a fourni un énorme travail avec les services de France Travail, la DSSPP pour identifier les profils qui pourraient être formés pour assurer ces fonctions de sécurité. On n'est pas loin de l'objectif à date.
Thibault Lanxade, préfet de l'Indre
"Autant il y a quelques mois je pouvais être un peu inquiet pour savoir si on avait suffisamment de personnel formé, je pense doit pouvoir tenir nos objectifs et faire en sorte que l'on ait suffisamment de personnel pour assurer les jeux dans de bonnes conditions".
Pourtant, selon nos informations, au 15 avril, sur le besoin de 726 agents, il en manquait encore 331 dont 118 en cours de formation. Soit encore 200 agents manquants. Alors, pour parvenir à cet objectif, l’ensemble des acteurs du territoire est autour de la table, tous les mois depuis deux ans. Avec des échanges qui doivent rester confidentiels... En déplacement ministériel à Châteauroux le 7 mars dernier, Gérald Darmanin était venu détailler les mesures de sécurité qui seront prises pour les Jeux Olympiques. Des conditions de sécurité qu'il espérait alors "parfaite, en tout cas on fera tout pour". Le Ministre de l'Intérieur a donc annoncé que 289 policiers et gendarmes assureront la sécurité du site olympique de Châteauroux. Mais aussi que 400 000 € seront alloués à la ville pour des moyens de vidéos surveillance. "Nous aurons aussi deux unités de force mobile, donc à peu près 150 policiers, CRS et gendarmes mobiles pour pouvoir assurer la sécurisation en amont, faire des opérations zéro délinquance et nettoyer si j'ose dire".
Pour gagner les Jeux olympiques, il faut deux choses, des médailles et de la sécurité. Mon travail à moi c'est que les bleus qui sont sur le terrain soient renforcés par les bleus qui sont à l'extérieur du terrain.
Gérald Darmanin, Ministre de l'intérieur en déplacement à Châteauroux le 7 mars 2024
Pour l'organisation de Paris 2024, c’est l’image de la France qui est en jeu. "C'est surtout un évènement qu'on veut contrôler. On veut que nos opérations se passent bien, qu'on ne soit pas en difficulté, qu'on n’ait pas de problème majeur. C'est ça notre objectif", détaille Mewen Debieu, représentant à Châteauroux d'Évent General Manager - Paris 2024. Il poursuit : "Chacun à ses responsabilités. À l'intérieur du site olympique, on est sur un site officiel de Paris 2024. Donc on va appliquer le cahier des charges du CIO avec une sécurité privée, qui va mettre son service d'accréditation, de transport, etc. Une fois qu'on est sur l'espace public, c'est l'État qui va prendre le relais. Que ce soit pour l'arrivée des délégations à la gare, en voiture ou en bus jusqu'à leur arrivée sur le site de compétition ou l'hébergement, c'est la Préfecture qui va gérer avec les forces de l'ordre public".
Au total, 1500 personnes employées par Paris 2024 travailleront à la réussite des Jeux Olympiques à Châteauroux. Il ne reste plus qu'à transformer l’essai. Et Châteauroux joue gros, avec en ligne de mire : la première médaille d’or le 27 juillet. La ville de Châteauroux espère bien, à sa manière, monter sur le podium, pour entrer dans l’histoire. Mais elle y aura laissé des gouttes de sueur, et tiré pas mal de cartouches.