Entre l'Indre et le Fouzon [2/3] : tout plaquer et devenir souffleur de verre

Il y a près de 10 ans, Roger et Marie-Jo Charreyre ont vendu leur entreprise d'éléctricité pour se consacrer à l'artisanat d'art. Désormais gérants d'un atelier de verrerie, ils vivent de leur petite entreprise installée à Varennes-sur-Fouzon, dans l'Indre.

Lorsque Roger Charreyre allume son chalumeau, une flamme danse un moment devant ses yeux protégés par une visière violette. Puis, d'un tour de poignet expert, l'ajustement d'une valve transforme le panache orangé en petit jet bleu, fin comme la mèche d'une bougie. On croirait qu'il a fait cela toute sa vie. On aurait tort.

Pendant 35 ans, Roger était électricien. Il a même eu sa propre entreprise, dans laquelle travaillait aussi son épouse, Marie-Josèphe, des salariés, une clientèle. Mais sa vie a pris un tournant décisif en 2011, après un grave problème de santé qui l'a poussé à stopper son activité professionnelle. "A partir de ce moment-là, on a décidé de vendre l'entreprise et j'ai cherché d'autres choses à faire", explique l'artisan. C'est décidé, Roger et Marie-Jo ne perdront plus leur vie pour la gagner.
 

 

En verre et contre tout

Tout en racontant son histoire, Roger attrape un tube de verre que l'on dit boro-silicaté. Autrement dit, du pyrex. Autour de son établi s'alignent des pots métalliques hérissés de pointes. Il s'agit de tubes en verre transparents ou colorés, tout à la fois matière première et outils de travail du fileur de verre. En déformant les plus gros tubes, on peut fabriquer des verres, des flacons et même des statuettes. Avec les plus petits, on exécute des motifs.

Pour la suite de la démonstration, Roger étire et découpe à la flamme du chalumeau un tube de quelques centimètres de diamètre, puis applique sur le cylindre des lignes blanches parallèles. En continuant d'étirer et de tordre la matière, ces dernières finiront par prendre la forme de stries torsadées au flanc d'un petit flacon décoratif.
 
 

Recon-verre-sion

Pour en arriver là, il a fallu tâtonner. Après la vente de son entreprise, Roger parvient à obtenir quelques aides pour se former, et décide d'étudier l'artisanat d'art. "C'est la rencontre avec ces professionnels qui m'a donné envie." Il hésite entre les métiers, entre les matières. Se penchera-t-il sur le bois ? Travaillera-t-il le métal ? Ce sont finalement les verriers qui parviennent à "capter" son attention. 

"Ça a été un peu la bataille pour obtenir les financements", tempère Roger, "parce que je partais sur un métier d'art. Ce n'est pas comme si je m'étais mis à l'informatique" Qui plus est, la verrerie amène moins de débouchés que d'autres artisanats, comme la menuiserie, l'horticulture ou la couture. Après la vente de son entreprise, Roger continue à travailler comme salarié et obtient des aides, notamment de l'Union européenne. Rapidement, Marie-Jo se forme à son tour, avec une préférence pour la fabrication de perles.
 

 

"Il y a une culture artistique qui se développe dans l'Indre"

Filage, soufflage à la canne, thermoformage, les deux compagnons de route ajoutent au fil des mois d'autres cordes à leur arc. Il y a deux ans, ils s'installent à Varennes-sur-Fouzon, sur un terrain appartennant à la famille de Marie-Jo. "On nous a dit 'l'Indre c'est un pays un peu sinistré, les oiseaux migrateurs y passent sur le dos !' C'était un peu un défi." Mais la campagne n'a pas que des inconvénients, surtout lorsque les réseaux sociaux permettent de s'affrahcir de la distance. "On se rend compte qu'il y a une culture artistique dans l'Indre qui est en train de se développer, de prendre de l'ampleur !" Pour eux, c'est sûr : leur deuxième vie ne fait que commencer.

 

Envie d'en savoir plus ?

Notre journaliste s'est rendu pendant 4 jours dans l'Indre, près de Val-Fouzon. À la suite de ce séjour, différents sujets de proximité ont été réalisés. Pour les découvrir, cliquez sur les flèches ci-dessous.
 
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