Entre baisse de la consommation et suppression de l'aide au maintien de l'agriculture biologique par la PAC, les exploitants en bio font grise mine. En Centre-Val de Loire, la Région a pourtant décidé de maintenir cette aide.
Depuis un an, l’agriculture biologique fait face à une forte baisse de la demande des consommateurs, ce qui met en difficulté de nombreux exploitants. À cela vient s’ajouter la suppression de l'aide au maintien de l'agriculture biologique (MAB), prévue dans la PAC 2023-2027.
Malgré ce sombre tableau, la région Centre-Val de Loire finit première au classement des régions où il fera bon s’installer en bio (ex-aequo avec la Nouvelle Aquitaine) en 2023, selon de la Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB). Car la Région a décidé de maintenir la MAB à 10 000 euros en 2023, qui concerne 500 agriculteurs. Tout comme l'aide à la conversion, à 25 000 euros.
La gestion des aides directes à l'installation va être confiée aux Régions
Depuis 2015, le nombre d’exploitations en bio a été multiplié par deux en Centre-Val de Loire, atteignant 1920 en 2021 (soit une progression de 12% par rapport à l’année précédente) pour une surface agricole utilisée (SAU) de 5%. "Nous partions de loin mais cela reste insuffisant", rappelle Temanuata Girard, vice-présidente de la Région Centre-Val de Loire, déléguée à l'agriculture et l'alimentation. "Pour atteindre l’objectif national de 15% de SAU, nous devons absolument maintenir la dynamique, et rattraper le retard, malgré le contexte économique."
Selon l’élue, cela passera par le développement de nouveaux marchés. "Nous avons mis en place une convention lait entre les lycées et laiteries pour avoir plus de commandes. Après une phase d’engouement, la demande ne s’est pas maintenue. C'est pourquoi l’agriculture bio a besoin de plus d’accompagnement." La gestion des aides directes à l'installation va justement être confiée aux Régions à partir de janvier 2023, en particulier la dotation jeune agriculteur (DJA), mesure phare du dispositif.
"Seuls les gens aisés continuent à acheter bio"
Converti en bio en 2008, Dominique Briand exploite actuellement 118 hectares de terres sur la commune d’Épuisay (Loir-et-Cher). Il commercialise son lait via Biolait et vend ses légumes en circuit court. Affligé, il constate : "Seuls les gens aisés continuent à acheter bio, les autres ont cessé à cause de la crise. Pour nous, cela devient impossible de vivre, même quand nous n’avons plus de crédits à rembourser aux banques. Soit on aide les producteurs en bio, soit on aide les consommateurs !"
En 2021, près de 2 300 exploitations auraient abandonné l’agriculture biologique en France, selon l'Agence bio. Avec des rendements plus faibles, elle est moins rentable que le conventionnel, mais reste un choix éthique pour les agriculteurs. Temanuata Girard identifie trois priorités : la transmission, l’installation et la relocalisation de l’alimentation. "La Région se doit de soutenir ses agriculteurs bio et continuera en ce sens".