Face à la hausse des tarifs de l'énergie, de nombreux particuliers se tournent vers le photovoltaïque pour faire des économies. Mais attention à ne pas se précipiter : chaque dossier doit être étudié avec précaution.
Le soleil, nouvel allié pour combattre l'inflation ? De nombreux particuliers semblent avoir pris le pli : pour réaliser des économies sur sa facture d'électricité, quoi de mieux que de ne plus acheter son électricité ? La crise énergétique a en effet donné un coup d'accélérateur aux installations de panneaux solaires en France.
Les installations d'autoconsommation ont bondi de 77 %
Ainsi, selon Enedis, le nombre d'installations photovoltaïques raccordées au réseau français a doublé en moins de quatre ans. On comptait près de 835 000 installations fin 2023 dans le pays, contre 628 000 un an plus tôt. Soit une augmentation d'un tiers en douze mois. Depuis 2016, la puissance cumulée du photovoltaïque français augmentait de 10 à 13% chaque année, contre 28% en 2021, et plus de 20% en 2022 et 2023.
La hausse la plus frappante est celle concernant les installations d'autoconsommation. Toujours selon Enedis, elles étaient 326 000 à la mi-2023, soit un bond de 77% sur un an.
De plus en plus rentable
Une ruée assez prévisible, au vu du bond des prix de l'électricité, qui ont pris 44% en seulement deux ans. Si bien que le photovoltaïque devient "de plus en plus rentable", assure Jérémy Simon, conseiller énergie France Rénov à l'Agence départementale pour l'information sur le logement (Adil) du Loiret.
Jusqu'à présent, on estimait que du photovoltaïque était rentable en 10 à 12 ans avec une augmentation des prix de 5% par an en moyenne.
Jérémy Simon, conseiller énergie France Rénov à l'Agence départementale pour l'information sur le logement (Adil) du Loiret.
Une augmentation de 20% d'un coup change forcément la donne.
Mais attention, "tout dépend des besoins", avertit le conseiller. "Faites bien vos calculs, et renseignez-vous bien avant tout", conseille ainsi Joëlle Constanza, présidente de l'UFC Que Choisir d'Indre-et-Loire. L'association de protection des consommateurs considère, de son côté, que le photovoltaïque devient rentable sur 20 ans, rentabilité boostée par la hausse du prix de rachat du kWh. Le tarif est passé en 2023 de 10 à 13,13 centimes en vente de surplus, et de 20,22 à 23,49 centimes en vente de la totalité de la production.
Avantages et inconvénients
Plusieurs choix se présentent en effet à qui veut poser des panneaux solaires chez lui. D'abord, l'installation en autoconsommation totale, qui permet (théoriquement) au particulier de ne jamais avoir à acheter de l'électricité au réseau français, et d'être en autonomie permanente. Et, même, de revendre le surplus à Enedis. Une autre solution, à l'opposé, est de revendre l'entièreté de sa production.
Chaque solution possède ses avantages et ses inconvénients. L'autoconsommation avec revente de surplus permet de toucher une prime à l'installation, versée par Enedis, allant de 1 000 à 1 500 euros pour des petits projets. Mais l'UFC Que Choisir "ne conseille pas" l'autoconsommation. "En hiver, déjà, ce n'est pas possible... On pourrait avoir des batteries de stockage, mais c'est très cher, ça pollue, et ça ne sera même pas suffisant, assène Joëlle Constanza. Ça nous semble perdant, et peut-être même ruineux."
En dehors de l'autoconsommation, "il n'existe pas de subventions de l'État, de la région ou des départements concernant le photovoltaïque", assure Jérémy Simon. En Centre-Val de Loire, la région propose bien une aide d'un euro pour un euro investi, mais cette dernière n'est à destination que des projets d'énergie partagée via associations ou sociétés citoyennes.
A priori, c'est la revente totale qui "semble la plus intéressante", selon Joëlle Constanza. Et puis, "comme le consommateur continue à payer sa consommation, il sait combien il dépense, et maintient des efforts d'économie d'énergie".
Gare aux arnaques
Car, au-delà des combines pour payer son courant moins cher, "la meilleure énergie, c'est celle qu'on n'utilise pas". Même insistance du côté de Jérémy Simon :
Avant toute chose, systématiquement, on va questionner le logement sur son isolation, sur la maîtrise de la consommation. Installer des panneaux photovoltaïques pour chauffer une passoire thermique, ça ne sert à rien.
Jérémy Simon, Agence départementale pour l'information sur le logement du Loiret
L'agence conseille de "toujours revenir vers nous, ou un tiers de confiance, un conseiller France Renov, pour jeter un coup d'œil aux devis, voir si les hypothèses sont crédibles". Parce que, en plus d'une liste à rallonge de conditions pour que l'installation de photovoltaïque vaille le coup (ensoleillement, isolation, consommation...), les arnaques se multiplient. "J'ai encore eu récemment des gens qui avaient signé un devis, et où l'entreprise leur faisait une installation à 35 000 euros pour quelque chose qui en valait 10 ou 11 000, via un crédit à la consommation."
Des escroqueries et surfacturations qui arrivent souvent chez le particulier par le biais de démarcheurs. Or, "en ce moment, les professionnels ont leurs carnets de commandes pleins, ils n'ont pas besoin de démarcher", précise Joëlle Constanza. Le meilleur moyen de trouver un artisan proche de chez soi est encore de passer par l'annuaire RGE, disponible sur le site de France Renov.
Les renseignements les plus fiables disponibles sur l'installation de panneaux photovoltaïques sont à consulter sur le site photovoltaïque.info.