Au coeur même du Centre-Val de Loire, le Loir-et-Cher est à l'image de sa région : un territoire de contraste uni par la Loire, qui le relie à Tours et Orléans. Du zoo de Beauval au Vendômois et de Blois jusqu'aux étangs de Sologne, quels défis attendent le prochain Conseil départemental ?
Aux mains de la droite et du centre-droit depuis 1998, le Loir-et-Cher perdra son président à l'issue des élections départementales des 20 et 27 juin prochains, quel que soit le résultat. En effet, après plusieurs scandales, le président sortant du Conseil départemental, Nicolas Perruchot a annoncé en janvier quitter la vie politique à l'issue de son mandat.
Le futur Conseil départemental et son président auront beaucoup de travail à accomplir au cours de leur mandat. De l'accès au soin à l'installation de la fibre, en passant par l'engrillagement de la Sologne, l'exécutif de ce département rural a encore du pain sur la planche.
La désertification médicale, un enjeu local de premier ordre
Le Loir-et-Cher accueille à l'heure actuelle 73 médecins généralistes pour 100 000 habitants. C'est peu comparé à l'Indre-et-Loire, où ce chiffre atteint 96 médecins, mais c'est beaucoup en regard des autres départements de la région, comme l'Indre (66 pour 100 000) ou encore l'Eure-et-Loir (59 pour 100 000). En revanche, dès que l'on s'éloigne des villes du Loir-et-Cher, il devient extrêmement compliqué de trouver un médecin traitant. Et pour cause : de nombreux généralistes ruraux arrivent à l'âge de la retraite, et le nombre des installations de jeunes médecins ne parvient pour l'instant pas à compenser ces départs. Entre 2017 et 2020, le solde des installations et des départs est négatif, avec 12 médecins perdus sur la période.
A l'échelle locale, le problème a mobilisé la solidarité et l'inventivité des communes. A Saint-Romain-sur-Cher, en 2019, le maire avait fait installer devant chaque accès de sa commune et à la sortie de l'A85 des banderoles de sept mètres de long "Recherche médecin généraliste". Au mois de novembre, cette lutte sans répit de la commune a fini par se conclure par l'installation d'un médecin roumain secondé par une jeune praticienne tourangelle employée à mi-temps. De son côté, la Région a annoncé la création de 150 postes de médecins salariés, dont le recrutement a débuté en janvier 2021. A l'heure actuelle, une dizaine de contrats a été signée, comme celui de la docteure Bourdin, installée au centre médical de Beauce-la-Romaine, en plein désert médical.
L'engrillagement de la Sologne : le casse-tête des espaces naturels confisqués
Il s'agit d'un vieux serpent de mer qui ressurgit régulièrement : en Sologne, des centaines de kilomètres de fer barbelé enclosent de vastes propriétés qui restreignent la circulation des animaux et des humains. Parmi les noms de ces grands propriétaires, on retrouve de riches héritiers, des patrons du CAC 40 et mêmes des députés et des sénateurs.
Dans ces morceaux de forêt privatisés, un droit dérogatoire permet d'organiser des parties de "chasse en enclos" toute l'année. Les animaux étant souvent nourris par les organisateurs de la chasse, et ne pouvant pas s'échapper du parc clôturé, ce type de chasse est régulièrement dénoncé comme du "ball-trap", voire un "carnage". Au début de l'année 2021, suite à un engagement de la Région pour réduire l'engrillagement, pas moins de 4 propositions de loi plus ou moins ambitieuses ont été déposées pour encadrer, voire interdire, la poursuite de l'engrillagement.
La fibre, un chantier qui peine
La population du Loir-et-Cher étant moins dense et plus dispersée que celle de ses voisins tourangeaux et loirétains, l'installation de la fibre met plus de temps et la couverture est plus faible. A l'heure actuelle, selon l'Arcep, le gendarme des télécommunications, seuls 25 à 50% des locaux raccordables à la fibre sont couverts, alors que ce taux se situe entre 50 et 80% dans chacun des départements voisins. Néanmoins, le Conseil départemental de Loir-et-Cher a fait de l'accès au très haut débit un enjeu majeur au cours du précédent mandat.
Actuellement, c'est le syndicat mixte ouvert (SMO) Val de Loire Numérique qui est en charge de l'installation de la fibre. Leur but : "atteindre l’objectif d’un territoire 100 % connecté d’ici à 2023." Pour le Conseil départemental, le coût de ce chantier s'élève à 12 millions d'euros.
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Le tourisme, le nerf de la guerre
Avec sur son territoire le ZooParc de Beauval, le château de Chambord ou encore les territoires sauvages (et encore accessibles) de la Sologne, le Loir-et-Cher peut compter sur une forte attraction touristique. Le département affiche par ailleurs une croissance de plus de 5,3% des emplois dans l'hôtellerie-restauration entre 2007 et 2018, mais ce chiffre est à nuancer par le fait que la forte augmentation des emplois en restauration (plus de 25%) s'est accompagnée, dans la même période, d'une baisse des emplois en hôtellerie. Mais avec la crise sanitaire, comme dans le reste de la région, le département a vu l'emploi intérimaire fondre et le recours à l'activité partielle se généraliser. A l'approche de la saison estivale, la santé du secteur touristique n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant mars 2020.
Attirer et fixer de nouveaux habitants pour contrer la chute démographique
La démographie loir-et-chérienne, comme le tourisme, affiche une santé préoccupante, mais pas encore catastrophique. Coincé entre Tours et Orléans, ce territoire en grande partie rural a même recommencé à séduire avec la généralisation du télétravail au cours de la crise sanitaire. Au lendemain du confinement, 15 000 personnes supplémentaires sont arrivées dans le département, comme l'a constaté l'Insee. Avec seulement 2000 départs, et relativement à sa population, cela fait du Loir-et-Cher le département qui a le plus attiré ces immigrés intérieurs. Le défi sera de maintenir les services, les commerces, les écoles et l'activité dans ces cantons ruraux où l'âge moyen de la population continue à augmenter.