"Le téléphone ne sonnait pas à cause de la pluie", la fréquentation touristique ralentit après une année record en Centre-Val de Loire

Les touristes français se sont montrés plus frileux en Centre-Val de Loire, sur la première moitié de 2024, par rapport à l'année précédente. La faute à une météo maussade, des questions de pouvoir d'achat... et une question d'habitude au luxe.

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"On s'habitue vite au luxe !" À première vue, on pourrait croire que le secteur du tourisme connaît une mauvaise passe depuis le début de l'année 2024. En Centre-Val de Loire, les Gites de France notent une baisse des réservations. De 5 à 10% en moins sur les six premiers mois dans le Cher, l'Eure-et-Loir, l'Indre et le Loiret.

Sauf que les Gites sortent de "deux années exceptionnelles, alors quand ça redescend, forcément on est déçu", concède le responsable des Gites de France dans le Loiret et en Centre-Val de Loire, Luc Thomas.

Une météo excécrable et c'est le drame 

Mais le constat reste là : l'activité a quelque peu ralenti. Au mois de juillet, le réseau recense 20% de réservations en moins par rapport à l'année dernière dans la région.

Les facteurs semblent multiples. "Le mauvais temps n'a pas aidé" l'afflux de touristes, assure Luc Thomas, qui gère deux gîtes à Chilleurs-aux-Bois :

Je reçois souvent de la clientèle parisienne qui réserve d'une semaine sur l'autre. Là, avec les prévisions météo maussades, les gens ne se projettent pas, et le téléphone ne sonnait pas.

Luc Thomas, responsable Gîtes de France 45, gérant de deux gîtes à Chilleurs-aux-Bois

Même constat au domaine régional de Chaumont-sur-Loire, et sur son Festival des jardins. "Jusqu'à mai, c'était très bien, on a eu 40% de visiteurs de plus à l'Ascension, note la directrice, Chantal Colleu-Dumond. Mais depuis le lundi de Pentecôte, il pleut. Et quand il pleut on perd la moitié de nos visiteurs." Résultats, le domaine enregistre une baisse de 11% des entrées uniques (château et festival) depuis le début de l'année. En sachant, là encore, que 2023 avait été "une saison exceptionnelle" à Chaumont. Cette année, "la clientèle parisienne et un peu lointaine n'a pas bougé."

Le legs des législatives

Autre facteur de baisse de la fréquentation, la situation politique et économique. "Un week-end d'élections, les gens ne viennent pas, c'est comme un jour de pluie", assure Chantal Colleu-Dumond. Chez Gites de France, on constate un "regain de réservations" depuis la fin du feuilleton des législatives.

Les deux gîtes de Luc Thomas reçoivent aussi, en temps normal, "beaucoup de clientèle d'entreprises, qu'on n'a pas vues cette année avec l'activité économique un peu en berne". Pour les particuliers, "il y a aussi sûrement une question de pouvoir d'achat".

Pourtant, la météo n'a pas affecté tout le monde de la même façon. À Beauval et Chambord, les deux sites touristiques les plus visités de la région, la fréquentation n'a pas pâli. Au zoo-parc situé à Saint-Aignan, en Loir-et-Cher, ça "reste stable", malgré quelques "fluctuations", note le directeur, Rodolphe Delord. Avantage, selon lui : un parc qui se visite "par tous les temps", avec plusieurs serres couvertes. Des travaux sont aussi en cours pour couvrir les passerelles en bois, sur une distance de 1,2 kilomètre, et pour avoir "un abri au moins tous les 100 mètres".

De quoi se protéger de la pluie, mais aussi de la chaleur et d'un soleil un peu fort. Plus que la météo, le directeur regrette plutôt "un manque de longs week-ends fériés", avec un 1er mai et un 8 mai plantés un mercredi et en cumul avec l'Ascension. Car c'est traditionnellement sur ces week-ends longs que Beauval réalise ses meilleurs scores.

Les étrangers à la rescousse

À Chambord, "quand il pleut, les gens se réfugient dans le château", tout simplement. Selon le directeur du domaine national, Pierre Dubreuil, le lieu réalise même un meilleur premier semestre qu'en 2023, qui était une année record.

La fréquentation du domaine semble dynamisée par un retour des touristes étrangers, après un redémarrage post-Covid relativement lent. "L'année dernière on était à 70% de touristes français et 30% d'étrangers, avant le Covid c'était 60-40. On va peut-être retrouver ces chiffres-là." Et, même si les touristes les plus nombreux sont toujours américains ou "européens limitrophes", les Chinois font un retour "exponentiel" : "Ils étaient 25 000 avant le Covid, 500 en 2022 et 5 000 en 2023", détaille Pierre Dubreuil.

Du côté de Chaumont aussi, les visiteurs étrangers ont fait leur retour, permettant d'absorber une partie de la baisse du nombre de touristes hexagonaux. "On entend parler beaucoup de langues étrangères dans nos jardins", se réjouit Chantal Colleu-Dumond. Dans la région, les Gites de France constatent le retour de "beaucoup de Hollandais, Belges, Allemands... qui ont mis du temps à revenir, alors que l'Europe du Nord est notre cœur de cible", ajoute Luc Thomas.

Reste désormais l'espoir de l'été, et du retour de l'ensoleillement durable à partir de la fin du mois de juillet. La perte de fréquentation à Chaumont, la directrice "espère pouvoir la rattraper sur la fin de l'été". Période traditionnellement très bénéfique au domaine situé en Loir-et-Cher, durant laquelle "les jardins sont très beaux !" Qu'en est-il d'un coup de pouce des Jeux olympiques ? "On ne peut pas prévoir..."

Mais l'espoir est là. "Les visiteurs des JO pourraient venir visiter le patrimoine français, on n'est pas si loin de Paris", souffle de son côté Pierre Dubreuil, directeur de Chambord. Qui note que, si le château fait office d'abri anti-pluie, il sert aussi de refuge face à la canicule, puisqu'il y fait "assez frais". Car les fortes chaleurs menacent la fréquentation tout autant que la pluie.

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