Motion de censure : un vote sous haute tension pour les députés Les Républicains

Au lendemain du déclenchement de l'article 49.3 par le gouvernement, plusieurs groupes parlementaires annoncent qu'ils vont déposer des motions de censure pour faire tomber le gouvernement. Une démission possible à condition de trouver des alliés chez les députés de droite, sans qui la majorité ne sera pas atteinte.

La crise politique et sociale est actée. En choisissant de faire adopter la réforme des retraites avec l'article 49 alinéa 3 de la constitution, le gouvernement a préféré engager sa responsabilité devant les parlementaires plutôt que de risquer un échec cuisant dans l'hémicycle. Depuis, l'opposition crie au scandale et au "déni de démocratie".

Dans la foulée, le Rassemblement national a annoncé qu'il proposerait une motion de censure. Cet outil permet, si le texte est signé par une majorité de députés, de contraindre le gouvernement à démissionner. 

Plus étonnant, le groupe centriste Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) à l'Assemblée nationale a également annoncé qu'il déposerait une motion de censure transpartisane dont on sait déjà qu'elle sera votée par les députés de la Nupes et du RN. 

La motion de tous les dangers

Cela pourrait être un tournant. Si ce groupe ne compte que 20 députés, sa motion de censure pourrait rassembler entre 250 et 260 signatures de députés de tout bord politique. Il en manquerait alors une trentaine pour parvenir à la majorité (287). 

"Pour la première fois, une telle motion vient d'un groupe, disons "plus neutre". Ça change la configuration. Il peut y avoir un risque, analyse la députée Modem de la 5e circonscription d'Indre-et-Loire, Sabine Thillaye. Mais c'est le jeu démocratique. Le gouvernement a utilisé un outil constitutionnel pour faire passer sa réforme, mais l’autre versant c'est qu'il peut y avoir une motion de censure". 

Les regards se tournent donc désormais vers les députés Les Républicains. Leur chef de file, Olivier Marleix, député de la 2e circonscription d'Eure-et-Loir, a d'ores et déjà annoncé que son groupe ne voterait pas de motion de censure : "Le groupe a été très clair en disant qu’on ne déposerait pas de motion de censure et qu’on ne s’associerait à aucune motion de censure", a-t-il avancé ce 17 mars sur RTL. 

Même son de cloche chez le député LR Nicolas Forissier : "Évidemment que je ne voterai pas cette motion. Pour deux raisons, d'abord parce que notre groupe a pris une décision et donc je suis solidaire. Ensuite parce qu'à titre individuel je ne vais pas censurer le gouvernement à cause de cette réforme, alors qu'on la soutient". 

Mais tous les députés de la droite ne partagent pas cet avis. Une fronde au sein du groupe Les Républicains a déjà commencé sous l'impulsion d'Aurélien Pradié, député du Lot et ancien numéro 2 du parti. 

De quoi exaspérer Nicolas Forissier, député LR : "Il y a des personnes qui, au nom de leur intérêt personnel, affaiblissent le parti. Ce n'est pas acceptable. On va donc avoir des députés LR qui vont voter avec LFI ? Il faudra en assumer les conséquences !".

Les députés Modem et Horizon devraient faire front

Pour ce qui est du reste des députés centristes, la fronde pour tenter de faire tomber le gouvernement ne devrait pas dépasser les frontières du groupe LIOT. "On ne vote pas une motion de censure qui porte sur un texte déjà voté par le Sénat et par la commission mixte paritaire", avance Mathilde Desjonquères, dont le parti (le MoDem) fait partie de la majorité présidentielle.

Si elle regrette "un problème de communication" de la part du gouvernement au sujet de la réforme des retraites, elle défend le projet de loi qu'elle juge "équilibré" : "Le texte a aussi repris des propositions venues de l'opposition. L'intérêt général doit primer". 

Reste que personne ne veut prendre les paris sur la réussite ou non de cette motion de censure: "Moi, j'ai cru jusqu'au bout qu'on irait au vote pour la réforme des retraites", ironise Mathilde Desjonquères.

"Que cette motion vienne d'un groupe centriste, c'est ça qui est dangereux", estime Nicolas Forissier, le député LR de la 2e circonscription de l'Indre. "On est dans un tel moment de tension que je ne vendrais pas la peau de l'ours avant l'avoir tué".

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