Soutenue par le PRG, Christiane Taubira a emporté ce dimanche 30 janvier la Primaire populaire, visant à investir un candidat unique à gauche. Une initiative salutaire pour les uns, contre-productive pour les autres.
Un peu plus, un peu moins... Depuis le début de la campagne pour l'élection présidentielle, la gauche française manifeste une incapacité à se rassembler autour d'un candidat. Des socialistes aux communistes, cinq candidats souhaitent empocher le gros lot à gauche. C'est dans ce contexte que la Primaire populaire a désigné Christiane Taubira comme sa candidate pour rassembler la gauche ce dimanche 30 janvier.
Déjà soutenue par le Parti radical de gauche (PRG), Christiane Taubira a été plébiscitée par une majorité des près de 400 000 votants inscrits à la Primaire populaire. Un vote dont Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts) et Anne Hidalgo (Parti socialiste) avaient tous indiqué qu'ils ne tiendraient pas compte.
Un pavage de bonnes intentions
Alors forcément, après l'annonce des résultats (Jadot 2e, Mélenchon 3e, Hidalgo 5e), des dents grincent et des mains applaudissent. Référent du PRG en Loir-et-Cher, Hervé Mesnager a soutenu Christiane Taubira "dès qu'elle a annoncé son intention de se présenter". Pour lui, elle "n'est pas une simple candidature en plus, comme le disent beaucoup de gens, mais une candidature qui vise à réaliser l'unité", face à "des appareils de gauche qui pensent tous avoir raison mais n'arrivent pas à mobiliser au-delà de leur électorat".
Pour lui, Christian Taubira a l'avantage d'avoir remporté une primaire "avec 400 000 votants, beaucoup plus que la primaire écolo, ça lui donne une légitimité énorme, et il n'y a rien de tel pour envoyer un message d'union". Vice-président écologiste de la région Centre-Val de Loire, Charles Fournier salue de son côté l'initiative de la Primaire populaire, "son intention louable et son processus qui mérite le respect".
De bonnes intentions qui, malgré tout, souffrent de "limites", selon lui : "Je me doutais que la primaire ne permettrait pas d'avoir un choix autour d'un projet, et c'est ce qui s'est passé, résume-t-il. Ca s'est décidé plus sur qui a la stature plutôt que sur qui a le fond." Car, à ce stade, Christiane Taubira n'a pas de programme construit, malgré de grandes orientations dressées lors de son discours de victoire ce dimanche.
De Philippe Poutou à Anne Hidalgo
Pour Hervé Mesnager, "l'objectif n'était justement pas de venir avec 900 pages construites, mais de mener des discussions et des débats" pour essayer de contenter le maximum de personnes à gauche. Il estime que Christiane Taubira pourra "entamer des échanges sur l'écologie avec Yannick Jadot" notamment. Mais, plutôt classée à l'aile modérée de la gauche, parviendrait-elle à convaincre aussi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou ? "Elle l'a dit dans son discours hier soir, elle n'oubliera pas le social et je pense que les électeurs communistes ou de La France insoumise pourront s'y retrouver", assure le référent loir-et-chérien du PRG.
Charles Fournier concède que "bâtir un projet commun est une bonne solution, de toute façon on ne peut plus appliquer des politiques publiques tout seul dans son coin". Lui-même s'était présenté aux régionales en 2021 après deux ans de co-construction citoyenne de ses propositions. "Sauf que ça ne se fait pas 70 jours avant la présidentielle", martèle-t-il. Alors que d'autres candidats "comme Yannick Jadot mais aussi Jean-Luc Mélenchon" construisent un programme depuis plusieurs mois et "représentent un mouvement", il estime que Christiane Taubira "ajoute une candidature sans régler les problèmes".
Réconcilier l'irréconciliable
Reste à savoir si l'union à gauche est encore faisable avant l'élection, quel que soit le candidat désigné pour mener les troupes. Charles Fournier, lui, affiche un certain pessimisme. "À ce stade, ça me paraît compliqué", euphémise-t-il :
On doit se rassembler parce qu'on sait clairement pourquoi on veut être ensemble. Est-ce qu'on en est capable aujourd'hui ? Je ne crois pas.
Charles Fournier, vice-président EELV du Centre-Val de Loire chargé du Climat
Hervé Mesnager, lui, croit au sprint final. "On sait très bien que maintenant, tout se joue dans les derniers 100 mètres". 100 mètres durant lesquels il espère voir "une montée de Christiane Taubira dans les sondages, grâce à un appel d'air après la primaire". Selon les derniers sondages, la candidate du PRG s'installe autour des 5% d'intentions de vote. L'horloge tourne, rendez-vous le dimanche 10 avril pour le premier tour de l'élection présidentielle.