Christiane Taubira, en visite à Vierzon, est déjà en campagne pour convaincre les soignants

Ce 20 décembre, l'ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira est en visite à Vierzon. Une venue qui ressemble à une première étape de campagne présidentielle, deux semaines après le passage d'Emmanuel Macron dans le Cher.

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Faudra-t-il bientôt l'autorisation du maire de Vierzon pour partir en campagne présidentielle ? "Vous n'étiez pas au courant ? C'est devenu obligatoire la semaine dernière", plaisante ce dernier, joint par téléphone. Deux semaines plus tôt, Nicolas Sansu (PCF) a vu passer Emmanuel Macron, pas encore en campagne mais déjà soucieux de faire la promotion de l'action du gouvernement auprès des villes moyennes et des campagnes. Ce lundi 20 décembre, c'est une autre pas-encore-candidate qui vient à Vierzon en la personne de Christiane Taubira.

Une visite pour "soutenir les soignants"

L'ancienne ministre de la Justice de François Hollande a annoncé sur Twitter qu'elle viendrait dans le dernier bastion communiste de la région "pour soutenir les soignants qui se battent depuis des mois face à la pandémie". "L’hôpital public a été abandonné à des logiques comptables pendant des années, il est temps d’y mettre fin", conclut le tweet, ce qui ressemble furieusement à une promesse électorale.

Sur place, l'intersyndicale des soignants voit plutôt d'un bon œil cette visite qui permettra de discuter leurs problèmes. Mais ces derniers n'oublient pas que les gouvernements successifs, dont celui au sein duquel a travaillé Christiane Taubira, ont leur responsabilité dans les problèmes actuels de l'hôpital. "On n'en attend pas grand-chose, si ce n'est de pouvoir discuter des sujets importants", avance Mélanie Lotigie, de FO, parmi lesquels "de grandes difficultés de recrutement, les agents se font rares, ceux qui restent sont épuisés". Pour elle, la venue de Christiane Taubira a beaucoup à voir avec l'écho retentissant de la bataille gagnée en 2018 par les soignants et les élus pour garder sur place un certain nombre de services hospitaliers.

Les services de santé sur le point de rupture

"Il y a beaucoup de sujet de discussion", confirme Sandrine Banderier, de Sud, énumérant "la suppression de 5000 lits en pleine crise, le nombre de soignants en baisse qui fait aussi fermer des lits, les agents épuisés avec des démissions, des mutations, des arrêts de travail"... La situation, explique-t-elle, est "catastrophique" et concerne tous les hôpitaux. Enfin, l'enveloppe de 7 millions d'euros promise par le Ségur de la Santé serait, selon les syndicats, utilisée en majeure partie pour financer la rénovation d'un bloc opératoire, un projet validé... dès 2019.

C'est la rage. On a été présentés comme des héros pendant trois mois, et maintenant on fait culpabiliser la population parce que les services sont surchargés, et en plus le gouvernement se retourne contre les soignants qui ne sont pas vaccinés, alors qu'un agent peut être vacciné, positif au covid et asymptomatique et venir travailler, mais un agent non-vacciné sera suspendu.

Sandrine Banderier

Section Sud du centre hospitalier de Vierzon

Pour autant, et même s'ils se satisfont d'une écoute dont ils n'ont pas beaucoup bénéficié lors du passage d'Emmanuel Macron, les syndicats de soignants ne se font guère d'illusion. "On arrive en période électorale, tous les candidats sont dans l'écoute", tranche Sandrine Banderier. "Mais pour mettre des choses en place, c'est autre chose."

Une multiplication des candidatures qui inquiète

Alors ça y est, Christiane Taubira est candidate ? Si pour certains ça ne fait aucun doute, d'autres se posent encore la question de l'utilité de cette candidature, y compris à Vierzon. "Si elle est raisonnable, elle retournera profiter des fêtes", juge Nicolas Sansu, qui a réservé un "accueil républicain" à la candidate putative. "Je ne vais pas annoncer mon ralliement, mais c'est quelqu'un que je respecte", poursuit le maire. "Si demain monsieur Mélenchon ou monsieur Roussel veulent venir, je les accueillerai aussi."

Mais le maire de Vierzon se fait aussi l'écho de l'inquiétude qui domine, à gauche, de voir les candidatures se multiplier sans rassembler. "La confusion ajoutée à la confusion, ça ne peut pas déboucher sur de la clarté", se désespère l'édile. "Honnêtement, je suis effaré de la manière dont ça part pour notre camp, mais bon les chevaux sont lâchés. On a décidé de perdre, de foncer dans le mur en klaxonnant, eh bien on foncera dans le mur en klaxonnant !"

Christiane Taubira, qui visitait la veille le centre hospitalier de Saint-Denis, en banlieue parisienne, réserve l'annonce d'une éventuelle candidature. Le vendredi 17 décembre, elle avait annoncé "envisager" une candidature à la présidentielle et apporter son soutien à une "primaire de la gauche".

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