Maître artisan d’art, tailleur sur cristaux et meilleur ouvrier de France, Jean Hartwig s’est recroquevillé sur la restauration de verres et de cristaux anciens. Histoire de faire le dos rond face à la crise sanitaire.
Je suis comme un boulanger qui n'a plus de farine.
Toujours, le mot d’esprit et l’humilité à fleur de peau. Jean Hartwig ne peut pas se départir d’un optimisme contagieux.
Et pourtant. L’époque ne s’y prête pas. Héritier d’une famille de maîtres-verriers et de tailleurs de verre venus de Bohême il y a bien longtemps, il est né à Baccarat. Comme un pied de nez ou une prédisposition congénitale.
Une salle d'exposition ouverte au public malgré les restrictions sanitaires
Jean Hartwig est le descendant d’une lignée qui a travaillé pour les plus grands noms…Daum, Baccarat, Cristalleries royales de Champagne entre autres.
A Amilly, sa salle d’exposition est une quintecsence du savoir-faire de ce créateur infatigable. On y trouve des services de table en cristal à profusion, des boules d’escalier en cristal taillé, des lustres, des putters de golf en cristal et bois précieux.
De pures merveilles. Des pièces uniques signées Jean Hartwig. Sa salle d’exposition a pu rester ouverte malgré toutes les restrictions.
La retraite, je n’y pense même pas.
La cristallerie d’art a au fil du temps perdu 90% de ses fournisseurs en France. C’est pourquoi la restauration de verres et de cristaux est devenue la planche de salut de cet artisan d’art.
A 72 ans, sa passion lui colle à la peau. "Mes clients viennent des quatre coins de France. Ils ont chez eux des services de table, des objets décoratifs, des flacons de parfum, des vaporisateurs signés de moi".
"Ces objets ont souffert de l’usure du temps. Donc, je les répare. Je rends aux verres leur luisant. Des familles ont parfois en héritage chez elles, des cristaux montés en orfèvrerie du 17ème, 18ème ou 19ème siècle sur lesquels la partie cristal fait défaut. Parfois, c’est une collection de boules d’escaliers de prestige, vestiges des immeubles haussmaniens. Parfois encore, ce sont des lustres d’une telle dimension que cela exige une hauteur sous plafond de 3m50. Je les restaure. Je prolonge leur vie et c’est très gratifiant…", raconte le maître artisan d'art.
Une thèse sur la migration des verriers en Europe
Quand il ne restaure pas ces pièces d’exception, Jean Hartwig s’adonne à une autre de ses passions, l’écriture. Professeur dans une Ecole de Verre à Nancy, il s’était lancé dans la rédaction d’une thèse sur la migration des verriers.
Un projet avorté qu’il a transformé en recherche généalogique. Le titre provisoire de son ouvrage ? "De la chevalerie à la verrerie d’art à travers l’Europe".
Nous n’allons pas ébrécher son contenu. C’est un travail de longue haleine commencé en 1990. Jean Hartwig est un artisan d’art. Son travail est méticuleux, ses ouvrages ciselés. On dirait de la dentelle ou de la broderie sur cristal.
►La salle d'exposition de Jean Hartwig est ouverte tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 19h.
Son adresse : 10 rue de la Nivelle à Amilly dans le Loiret.