Procès des meurtres d'une infirmière et de son patient : la réclusion criminelle à perpétuité requise contre Fazia et Messaoud Megchiche

Dernier jour du procès de Fazia et Messaoud Megchiche, accusés du double meurtre de Karine Foucher et Jacques Samson à Châlette-sur-Loing en 2019, devant les assises du Loiret ce mercredi 5 juin. L'avocat général a requis la peine maximale contre les deux accusés, à la hauteur de la "barbarie" des faits.

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Les réquisitions sont lourdes, en miroir des faits reprochés aux deux accusés. L'avocat général a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre Fazia Megchiche et contre son frère Messaoud, tous deux accusés des meurtres de l'infirmière libérale Karine Foucher et de son patient Jacques Samson, à Châlette-sur-Loing en 2019. Soit "la peine la plus haute prévue par notre code pénal". Dans le box, les deux accusés n'ont que très peu bronché face à ces réquisitions.

Jean-Cédric Gaux, procureur de Montargis et avocat général du procès, a pris la parole pendant plus d'une heure, ce mercredi 5 juin aux assises du Loiret à Orléans. Aux jurés, il a demandé de déclarer les deux accusés coupables des chefs de meurtres aggravés. Et a souligné "leur absence d'empathie" pour justifier le poids de ses réquisitions.

L'avocat général a dénoncé des crimes "particulièrement barbares et cruels, qui ne s'embarrassent pas du prix de la vie humaine". Au regard des nombreuses ecchymoses retrouvées sur tout le corps de l'homme de 84 ans, et du "déchaînement aveugle" de 16 coups de couteau infligés à l'infirmière, notamment au cou et au visage. "Il y a eu intention de tuer."

Pour lui, le mobile est tout trouvé : "Jacques Samson a été ciblé parce qu'on pensait qu'il avait de l'argent." Karine Foucher, elle, est "une victime improvisée qui a malheureusement surpris les auteurs".

Fortes incohérences

Jean-Cédric Gaux affirme ne pas croire la version de Messaoud Mechiche, une version changée en 2023 après avoir "nié toute implication pendant quatre ans". Et met en avant "plusieurs incohérences importantes" subsistant dans le dossier. "Il n'était pas passif, il réfléchit, il maquille les preuves, pendant même la commission des faits." "Je vous demande de les condamner tous les deux en tant que coauteurs", écartant le chef de simple complicité introduit au dernier moment par l'avocate de Messaoud Megchiche ce mardi.

Quant au récit de Fazia, qui affirme ne pas avoir mis les pieds sur les scènes de crime, l'avocat général n'y croit pas non plus. La thèse du transfert d'ADN de la sœur par le frère ? "Ce n'est pas possible." D'un point de vue scientifique, "il y a trop de traces ADN". Autant que d'un point de vue pratique. "Vous le croyez, Messaoud, ce "toxico" comme le dit sa famille, capable de manipuler, amener un mégot, transférer le sang de Karine Foucher sur un vêtement de madame ?" Pour lui, "l'implication de Messaoud et Fazia Megchiche est acquise".

"Aucun doute" sur la culpabilité du frère et de la sœur

La veille au soir, les avocats des parties civiles ont clairement affirmé leur conviction : "Nous n'avons aucun doute sur la culpabilité de celui qui a parcouru la moitié du chemin vers la vérité, et de celle qui n'a fait que des pas en arrière", a lancé Pascal Lavisse, conseil de la famille de Jacques Samson, dans sa plaidoirie.

Pour lui, le récit de Fazia Megchiche, qui défend la thèse du transfert d'ADN par son frère pour expliquer la détection de son profil génétique sur les lieux des crimes, s'apparente à un conte. "Chaque fois qu'elle prononçait une nouvelle phrase, j'avais l'impression d'entendre : "Il était une fois", poursuit Maître Lavisse. Mais les mensonges sont comme des crimes, ils ne sont jamais parfaits." Les différentes plaidoiries ont également accordé "le bénéfice de la sincérité" à Messaoud Megchiche.

Restent les deux accusés de délits : Mehmet Sari pour non-dénonciation de crime, Damien Gauthier pour recel des armes volées chez Jacques Samson. Pour le premier, qui était présent au domicile de Fazia Megchiche la nuit des meurtres, l'avocat général a assuré n'avoir "aucun élément matériel qui démontre" qu'il était au courant des faits. Jean-Cédric Gaux a donc requis l'acquittement.

Pour le deuxième accusé, "les éléments de preuve sont autrement plus sérieux". Lui est reproché d'avoir, sur demande de Messaoud Megchiche, d'avoir gardé des armes chez lui le jour des faits. L'avocat général a réclamé une peine de 10 mois de prison avec sursis.

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