Birds of Prey : le stream caritatif orléanais de retour pour sensibiliser aux violences faites aux femmes

Le Centre régional information jeunesse (Crij) du Centre-Val de Loire organise ces 12 et 13 novembre une diffusion en direct sur sa chaîne Twitch, en compagnie d'une trentaine de streameuses et streameurs. Objectif : récolter des dons, reversés à une association de prévention des violences sexistes et sexuelles.

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C'est le petit stream caritatif qui monte, qui monte. La troisième édition de Birds of Prey, organisée par le Centre régional information jeunesse (Crij) du Centre-Val de Loire, a été lancée en grandes pompes ce samedi 12 novembre à 14h, en direct sur la plateforme de diffusion en ligne Twitch.

Au sein même des locaux du Crij, à Orléans, une trentaine de streameurs et streameuses est réunie. Alignés jusqu'à plus d'air dans une salle haute sous plafond, les ordinateurs frôleront la surchauffe jusqu'à ce dimanche 13 novembre 17h, pour la bonne cause.

Car la raison de vivre de Birds of Prey (BoP pour les intimes), c'est la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Après le Planning familial en 2020 et Résonantes en 2021, c'est l'association Hands Away qui a cette année été choisie pour recevoir les dons collectés. "On avait été contactées pour participer en intervenant extérieur en 2020, et ils sont revenus vers nous cette année pour être bénéficiaires, et on a dit oui tout de suite", se souvient Vassilia Mattei, cheffe de projet au sein de l'asso.

Un cinquième du budget de l'association

Hands Away est une "toute petite asso", concède sa responsable, Lucile Dupuy. En 2021, l'évènement avait permis de recueillir près de 25 000 euros. Si la même somme était atteinte pour cette troisième édition, "ça représenterait un cinquième de notre budget", soit "de quoi nous développer et essaimer un peu partout en France". Au delà de ce montant, "on pourrait avoir une nouvelle personne salariée, pour démultiplier notre impact".

À la base, Hands Away, c'est une application de signalement du harcèlement de rue, lancée en 2016, avant de disparaître sous une vague de cyberharcèlement quatre ans plus tard. Entre temps, une association est créée pour héberger l'appli, et "développer d'autres actions", explique Lucile Dupuy. De la sensibilisation et de la prévention, principalement à destination de la jeunesse "dans les établissements scolaires, dans les bibliothèques, les espaces jeunes..."

"Ne pas être des giga merdes"

Le but est aussi d'aider les interlocuteurs privilégiés des jeunes, "qui vont pouvoir un jour peut-être accueillir un signalement de violences sexistes et sexuelles". Dans un cas pareil, comment identifier les violences, comment agir, vers qui se tourner… Autant de bons reflexes à avoir, et que l'association tâche de transmettre. Pourquoi les jeunes ? 

On pense que la prévention doit se faire dès le plus jeune âge, pour ne pas laisser le sexisme infuser. Un terrain sexiste, c'est un terreau fertile aux violences sexistes et sexuelles.

Lucile Dupuy, responsable de l'association Hands Away

Pour résumer : "Il faut éduquer les jeunes à ne pas être des giga merdes", balance la streameuse Nayru dans les premières minutes de sa diffusion ce samedi après-midi. Le sujet résonne d'ailleurs tristement avec l'actualité. Car, même si pour les femmes en général "c'est la merde tout le temps dans tous les domaines", ajoute Nayru, le cyberharcèlement -sexuel ou non- que subissent spécifiquement les streameuses a éclaté au grand jour ces dernières semaines. 

Fin octobre, la streameuse Maghla faisait ainsi éclater sa colère sur Twitter, face à la violence sexuelle en ligne qu'elle subit, entre comportements toxiques, sexualisation permanente et menaces de viols. Entre autres. Depuis, d'autres streameuses ont dénoncé ces comportements, comme Baghera Jones ou encore DamDam. Participante du Birds of Prey 3.0, Shironamie a récemment, en plein live, décroché l'appel d'un harceleur, ce dernier la menaçant de viol en direct devant ses viewers.

La voix des femmes

Alors forcément, BoP 3.0 porte une cause qui "touche beaucoup" Saeya, "ayant été victime comme beaucoup de femmes". Attachée de recherche clinique en cancérologie, se gardant le streaming, le maquillage pro et le sport "à côté", elle participe pour la première fois à l'évènement orléanais. Pour elle, le témoignage de Maghla "montre qu'on n'est pas juste cachées derrière un écran, en laissant passer les choses. Il faut ouvrir la parole, parce que ça nous impacte toutes à un moment ou à un autre." "On a tous des réflexions, des insultes", confirme Lyyyli_, une autre participante.

BoP est d'ailleurs l'un des rares streams caritatifs où les femmes sont plus nombreuses que les hommes, Twitch restant un milieu très masculin. "Symboliquement c'est important d'avoir beaucoup de streameuses pour parler de ce sujet, estime Jonathan Rouffort, chargé de projet au Crij et organisateur de l'évènement. Mais aussi d'avoir des garçons, parce qu'il faut informer tout le monde, par tout le monde." Et puis, "c'est horrible à dire, mais la voix des hommes reste plus forte que celle des femmes", constate Saeya, Sophia à la ville 

Pour les deux streameuses, lutter contre ce phénomène par la convivialité d'un évènement comme Birds of Prey est presque l'idéal. "On n'oublie pas pourquoi on est là, on défend la même cause, c'est aussi pour ça que l'ambiance est cool", affirme Saeya.

Dégustation d'insectes et bataille de Nerf

Car, plus qu'une série de streams, BoP est, comme beaucoup d'évènements caritatifs, l'occasion pour les streameurs de se retrouver en vrai, de partager des moments précieux. Au programme : concours de dessin en ligne sur le jeu Gartic Phone, jeux de rôle, ateliers danse ou maquillage, sessions jeux vidéo en solo, et une bataille rangée à coup de Nerf. Certains projectiles touchent Lyyyli pendant que France 3 l'interviewe… "J'adore l'ambiance, on est tous à fond dedans pour la cause", sourit-elle.

Certains moments n'ont pourtant rien de la promenade de santé. Ainsi pour encourager les dons des viewers, les streameurs fixent à l'avance des "donation goals" : à chaque pallier atteint, ils se lancent un nouveau défi, "des trucs un peu funs pour les faire marrer", explique Lyyyli. Elle-même s'est ainsi obligée à manger des insectes. De son côté, Saeya préfère"écrire des mots doux personnalisés à chaque participant". Elle prévoit aussi de "transformer des streameurs hommes en drag queens avec des vraies technique de drag pour faire valoir leur art". 

De quoi susciter l'intérêt des spectateurs, plus nombreux chaque année. "On n'impose pas aux gens de donner, dans le contexte actuel, un euro c'est déjà très bien", estime Jonathan Rouffort, du Crij. Malgré tout, à 11h ce dimanche, la cagnotte dépassait déjà les 19 000 euros, à six heures de la fin de l'évènement. La promesse d'une belle récolte pour la bonne cause.

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