Le nombre de médecins à la hausse pour la première fois depuis 14 ans, vers la fin de la désertification médicale ?

Le Conseil national de l’Ordre des médecins a publié son Atlas de la démographie médicale pour l’année 2023. Pour la première fois depuis 2010, le nombre de médecins augmente. Est-ce la fin des difficultés de notre système de santé ?

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Ce n'est pas une hausse spectaculaire. L'Ordre des médecins parle même de "frémissement". En 2024, il y avait, compte tenu des départs en retraite et des nouvelles installations, 1672 médecins de plus en France qu'en 2023. Une augmentation de 0,8% qui ressemble à une goutte d'eau dans l'océan, alors que les inégalités d'accès au soin ne cessent de se creuser.

Cela dit, l'édition 2024 de l'Atlas de la démographie médicale publiée le 2 octobre par l'Ordre des médecins autorise un peu d'optimisme : pour la première fois depuis 2010 (hors quelques timides rebonds), le nombre de médecins en activité régulière (hors remplaçants et retraités actifs) a augmenté pour atteindre 199 089 praticiens au 1ᵉʳ janvier 2024. Ce chiffre nous ramène au niveau de 2014. Sauf qu'en dix ans, la population a augmenté et vieilli, et son besoin de soin augmente.

Les inégalités territoriales se creusent

"Les médecins en activité régulière augmentent enfin. Pas beaucoup, mais ils augmentent", a commenté auprès de l'AFP le docteur Jean-Marcel Mourgues, vice-président du conseil national de l'Ordre des médecins. "Cette tendance devrait se poursuivre et même s'amplifier dans les années à venir."

De fait, la baisse enregistrée entre 2010 et 2023 est encore loin d'être compensée, notamment en ce qui concerne les médecins généralistes, en première ligne de l'accès au soin. Certains territoires, comme la Bretagne, la Corse et la côte sud-ouest ont bien refait le plein au cours des quatorze dernières années. Pour d'autres, comme l'Eure-et-Loir, le Loiret ou l'Indre, plus d'un tiers des généralistes a disparu, et jusqu'à 37% dans le département de l'Yonne.

En région Centre-Val de Loire, seul l'Indre-et-Loire est parvenu à juguler cette désertification médicale, grâce notamment à un centre hospitalier universitaire. Les départements qui disposent d'un CHU ont ainsi tendance à voir "augmenter et rajeunir leur population médicale", selon le docteur Mourgues. Ce qui permet de contrebalancer les départs à la retraite.

Hôpitaux universitaires et numerus clausus

La démographie médicale souffre depuis plusieurs années des effets du numerus clausus, une politique d'encadrement du nombre d'étudiants en médecine commencée dans les années 1970 et qui a connu son pic dans les années 1990, avec seulement 3500 étudiants formés chaque année. Ce quota a été desserré une première fois à partir de la fin des années 1990 (atteignant 7000 au tournant de la décennie 2010), puis supprimé sous le président Emmanuel Macron. 

Le nombre d'étudiants formés atteint aujourd'hui 11 000 (nombre d'étudiants en deuxième année de médecine), et doit atteindre 12 000 en 2025. À Orléans, l'ouverture d'une faculté de médecine grâce à la détermination de responsables locaux et régionaux permet quelques espoirs. Mais il faudra patienter pour en voir les effets : il faut entre 10 et 15 pour former et voir s'installer un médecin généraliste.

Une situation toujours tendue dans les "déserts médicaux"

À l'inverse, comme le montre l'Atlas de la démographie médicale, les territoires périphériques et ruraux souffrent toujours de la désertification médicale. En outre, facteur aggravant, les territoires ruraux les moins bien dotés, comme l'Indre et le Cher, voient leur population vieillir et donc requérir beaucoup plus de soins.

En ce qui concerne les médecins généralistes, le Loiret et l'Indre sont ainsi presqu'au même niveau pour ce qui est du nombre de praticiens par 100 000 habitants. Mais l'âge moyen des médecins, et donc leur proximité de la retraite, est plus élevé dans l'Indre (56,4 ans contre 53 ans dans le Loiret).

En densité médicale standardisée, qui prend en compte le vieillissement de la population, "je pense que nous sommes sur un plateau", qui "devrait rester la marque de la décennie 2020 à 2030", estime le docteur Mourgues.

"Après, il est vraisemblable qu'à partir de 2030", la densité médicale standardisée "augmentera d'abord lentement, puis de plus en plus rapidement", avec des bénéfices sensibles pour la population, indique-t-il. Il ne reste plus qu'à rester en bonne santé jusque-là.

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