La métropole d'Orléans a demandé à l'Agence régionale de santé, par un vote unanime des conseillers métropolitains, à être classée en ZIP (zone d'intervention prioritaire) afin d'améliorer le recrutement des médecins.
Action décisive ou vœu pieux ? Ce jeudi 21 mars, le conseil métropolitain d'Orléans a voté à l'unanimité pour demander à l'Agence régionale de santé (ARS) le passage de tout le territoire en Zone d'intervention prioritaire (ZIP) au lieu de l'actuelle dénomination en Zone d'accès complémentaire (ZAC). Un changement d'acronyme un peu mystérieux, mais qui correspond à une réalité sonnante et trébuchante.
Des aides financières incitatives
Alors une ZIP, une ZAC, qu'est-ce que c'est ? Concrètement, le "zonage médecin" mis en place par l'ARS sert à déterminer les territoires où le manque de médecins est le plus urgent, et à attribuer en conséquence des aides de l'État aux praticiens prêts à s'y installer.
On l'apprend sur le site de l'ARS : "L’identification de ces zones conditionne l’attribution d’aides financières pour favoriser l’installation de nouveaux médecins, aides provenant soit de l’Assurance maladie, de l’ARS, de collectivités locales, ou d'exonérations fiscales."
À l'heure actuelle, 85% de la population du Centre-Val de Loire réside dans une ZIP ou une ZAC. Si les centres urbains, mieux pourvus, sont généralement considérés comme ZAC, les quartiers prioritaires de la ville sont classés en ZIP par l'ARS pour compenser leur accès plus fragile aux service de santé. Les communes rurales sont majoritairement classées en ZIP.
Et ces mesures incitatives peuvent varier drastiquement entre une ZAC et une ZIP. Dans une ZIP, tout médecin libéral, quelle que soit sa spécialité, "peut bénéficier d'une aide financière de 50 000 € versée par l'Assurance maladie", poursuit l'ARS. En outre, les jeunes médecins libéraux en ZAC et en ZIP peuvent bénéficier d'une rémunération supplémentaire et d'une meilleure protection sociale sous la forme d'un Contrat de début d'exercice (CDE).
Une "concurrence entre communes"
Cette aide ne s'arrête pas aux médecins libéraux isolés. Les centres de santé implantés en ZIP peuvent également bénéficier d'une aide financière, "30 000 € pour le 1er médecin généraliste, 20 000 € pour le deuxième médecin", indique l'ARS.
Environ 2 177 220 habitants, soit 85 % de la population régionale, résident dans un territoire où les nouveaux médecins pourront bénéficier d’une aide financière à l’installation.
Agence régionale de santé Centre-Val de Loire
Or, c'est là qu'est l'os. Dans l'agglomération orléanaise, certaines communes sont classées en ZIP, comme Chécy, Ingré et Olivet, tout comme le reste du département du Loiret. Mais Orléans elle-même ainsi que Saint-Jean-de-Braye et Saran restent en ZAC, ce qui crée une "concurrence entre les communes", a déploré au micro de France Bleu Florent Montillot, vice-président du conseil métropolitain et premier adjoint à la mairie d'Orléans.
Quand bien même le vœu de la Métropole serait réalisé, le zonage médecin n'est pas un remède miracle. Entre 2017 et 2022, l'ARS note 277 installations de médecins en Centre-Val de Loire, un chiffre qui compense tout juste les départs. C'est l'espoir porté notamment par l'ouverture à Orléans d'une faculté de médecine. Cependant, il faudra encore attendre près d'une décennie avant que la première promotion soit prête à s'installer.