Annulée à cause du Covid-19, la pièce de Mehdi Heraut-Zérigui devait être jouée fin novembre à l'espace culturel d'Ingré dans le Loiret. Pour le metteur en scène, il ne reste plus qu'à prendre son mal en patience : le 7 janvier, les salles de spectacle ne rouvriront pas, a annoncé Gabriel Attal.
C'est un nouveau coup dur pour le monde du spectacle. Le 1er janvier, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a annoncé sur TF1 qu'"il ne sera pas possible de rouvrir les lieux culturels le 7 janvier car le virus circule encore activement sur le territoire."
Mehdi Heraut-Zérigui s'y attendait. "Honnêtement, au regard de toutes les informations qu'on avait, cela me semblait un peu précoce. Et finalement, au-delà de la déception, j'ai le sentiment d'être résigné désormais." Faute de pouvoir renouer avec le public et les planches, le jeune metteur en scène essaie d'optimiser son temps : il vient de se lancer dans une nouvelle écriture autour de la thématique du genre et du harcèlement scolaire.
L'Orléanais aime donner la parole à ceux et celles qui ne l'ont pas toujours. Les 27 et 28 novembre derniers, il devait présenter pour la première fois sa pièce "Femme porcelaine", consacrée aux violences faites aux femmes, à l'espace culturel Lionel Boutrouche d'Ingré dans le Loiret. Mais à cause de l'accélération de l'épidémie de Covid-19 à l'automne et des mesures sanitaires mises à place par la suite, l'événement est finalement tombé à l'eau.
Au moins, on a pu répéter jusqu'au bout : on a fait comme si on allait jouer le spectacle, on a pu approfondir beaucoup de choses. Il y avait une frustration énorme de ne pas pouvoir présenter notre pièce. Nous avions prévu de l'exporter, mais depuis tout est entre parenthèses. Le projet vit à moitié tant que nous n'en savons pas plus sur la reprise.
À Ingré, quelques dates de reprogrammation ont été évoquées : la Compagnie du Prélude, dont fait partie Mehdi Heraut-Zérigui, pourrait jouer sa pièce en fin d'année 2021. En attendant, elle a prévu de ressortir un ancien projet des tiroirs, "L'autruche et le chasseur", programmé pour février 2021. "Mais franchement, on n'y croit pas trop pour février", confie l'artiste.
Garder le moral malgré tout
Le metteur en scène orléanais le reconnaît : le Covid-19 est au coeur des conversations de la troupe. "On est obligé d'en parler car ça joue évidemment sur la motivation." Parmi les membres, beaucoup ne comprennent pas pourquoi les salles de spectacle restent désespérément closes, alors que les commerces ont pu rouvrir leurs portes.
Quand on va faire nos courses et qu'on voit que les gens s'agglutinent dans les magasins, bien sûr qu'il y a des incompréhensions. J'ai beaucoup fréquenté les salles de spectacle avant le deuxième confinement et je ne m'y suis personnellement jamais senti en insécurité.
Contrairement à un grand nombre d'artistes, la crise sanitaire n'a pas eu de réel impact financier pour les membres de la troupe, chacun possèdant une autre activité professionnelle à côté du théâtre. En revanche, le tiroir-caisse de la compagnie est loin d'être rempli. "On ne joue pas, donc forcément il n'y a pas d'argent qui rentre. Mais comme on a fait des économies sur les costumes et la logistique cette année, nos pertes ne sont finalement pas si énormes", poursuit Mehdi Heraut-Zérigui.
Le jeune homme préfère rester optimiste, bien qu'il reconnaisse que le public lui manque. "On tente de positiver, mais on a besoin de pouvoir remonter sur scène, d'avoir des retours, d'échanger. Pour l'instant, on reste impuissant. Mais j'espère qu'en 2021, on pourra enfin dompter ce virus et renouer avec les bonnes choses", conclut-il.