Sidaction 2023 : pourquoi l'épidémie continue de progresser malgré les efforts de la recherche

Quarante-trois ans après le premier cas de Sida, les traitements du VIH n'ont jamais été aussi perfectionnés. Pourtant, l'épidémie recommence à progresser à cause d'un manque d'éducation et de conduites à risque.

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Peut-on vaincre une pandémie ? Quarante-trois ans après la découverte du premier cas de Sida, le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) ne lâche pas prise. Après une année 2020 de forte baisse en raison du faible nombre de tests et aussi sans doute à cause du confinement, le nombre de cas de séropositivité est reparti à la hausse, pour atteindre 5738 nouveaux cas en 2023. Depuis 1981, le Sida aurait tué 32 millions de personnes.

"Toutes les semaines, on avait un nouveau patient", confirme Thierry Prazuck, chef du service des maladies infectieuses au Centre hospitalier universitaire d'Orléans. "On a 1250 patients en suivi et 10 % d’augmentation cette année."

Épidémie silencieuse

Une recrudescence d'autant plus préoccupante que la région Centre-Val de Loire cumule les mauvais points, selon les chiffres de Santé Publique France. En 2022, il s'agit à la fois d'une des régions qui teste le moins (75 sérologies pour 1000 habitants, bien moins qu'en Île-de-France où ce taux est à 130 pour 1000), mais aussi de l'une de celles où le taux de découverte est le plus élevé : 57 cas par million d'habitant. Soit 6 cas de plus que l'année précédente.

Parmi ces cas, en France, les hommes ayant eu des relations sexuelles avec d'autres hommes sont toujours les premiers concernés, mais le nombre de cas augmente aussi chez les femmes et les hommes hétérosexuels.

"Les chiffres sont parlants", regrette Ralph Souchet, vice-président du Groupe d'action gay et lesbien du Loiret (GAGL 45). L'inquiétude est vive devant cette "épidémie silencieuse" et le manque d'information et d'éducation, notamment chez les plus jeunes. "Beaucoup ne connaissent pas leur sérologie, ou la connaissent très tard, au moment où ils ne vont pas bien", déplore-t-il. "Les gens se dépistent très tard."

Manque d'information, manque d'éducation

Comme l'a révélé une étude Ifop en partenariat avec Sidaction publiée fin novembre 2023, les idées reçues fleurissent sur le manque d'information dispensé aux 15-24 ans. En 2022, étaient 17% à penser que le VIH pouvait se transmettre en embrassant une personne positive (ce qui est complétement faux). Ils sont 30% en 2023.

Et un quart des jeunes estimerait également que le VIH peut se transmettre en s'asseyant sur un siège de toilettes publiques, en buvant dans le verre d'une personne séropositive ou encore en partageant la même assiette, là encore des idées reçues en nette progression. En outre, "un jeune sur trois, s'il était séropositif, n'en parlerait pas à sa famille et ses proches", pointe le vice-président du GAGL.

De fait, l'offre de dépistage existe bien, mais demeure méconnue ou honteuse. "On ne peut pas élargir davantage l’offre en termes de dépistage. Tout est possible, sans rendez-vous, sans ordonnance, en autotest en pharmacie, au CHU...", explique, consterné, Thierry Prazuck.

"C’est récurrent, tous les ans, le Sidaction. On voit qu’il peine à recueillir l’intérêt et les dons", déplore le spécialiste.

Les connaissances sur le VIH sont pauvres, les jeunes n’ont aucune information sur la façon dont la maladie se propage et ne se propage pas. Il y a toujours de la discrimination et, aujourd’hui, ce n’est toujours pas une maladie comme les autres

Thierry Prazuck, chef du service maladies infectieuses au CHRU d'Orléans

"On est en 2024, on devrait avoir des cours dans les écoles" pour expliquer les tenants et les aboutissants de la maladie, s'agace pour sa part Ralph Souchet, qui déplore le "manque de communication au niveau national". À l'occasion d'intervention de l'association en milieu scolaire, il indique d'ailleurs avoir des retours "de jeunes qui ne sont pas éduqués à la sexualité".

Pourtant, ces cours existent et sont même obligatoires depuis 2001. Mais la gêne des professeurs, et des oppositions farouche, pour des raisons politiques et religieuses, restent un obstacle qui oblige souvent les associations à prendre le relais.

Aller à la rencontre des associations, s'informer et éventuellement donner pour la recherche, c'est précisément le but de ce week-end du Sidaction. Car malgré l'avancée de la maladie, les progrès de la recherche donnent des chances toujours meilleures aux personnes séropositives. "Les gens ont des traitements de plus en plus adapté, donc une meilleure vie", note Ralph Souchet.

Une personne détectée très tôt, une fois qu'elle a un traitement adapté, peut passer à un stade indétectable, donc non transmissible.

Ralph Souchet, vice-président du GAGL 45

"On travaille sur la cure, c'est-à-dire sur l’éradication de la maladie”, abonde Thierry Prazuck. À Orléans, son équipe a justement mis sur pieds un protocole inédit en France, permettant d’amener les patients vers d’autres alternatives, grâce aux essais menés avec le CBD.

"On a une meilleure compréhension de la maladie. Mais le patient doit toujours prendre un traitement au long cours". D’ici une petite poignée d’années, les traitements injectables "retard" pourront permettre de passer d’une injection tous les deux mois à une injection tous les six mois. Ainsi, les patients pourront se passer de leurs comprimés actuels. Une petite révolution dans le quotidien des personnes séropositives. Il n'existe à ce jour ni vaccin, ni traitement capable d'éliminer totalement le VIH de l'organisme.

Pour donner, vous pouvez vous rendre sur le stand Sidaction de votre ville, ou bien appeler le 110 par téléphone, envoyer un texto au 92 110 ou encore vous rendre sur le site de Sidaction.

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