Le Centre-Val de Loire a été traversé par des averses et des morceaux d'orage depuis une semaine, et devrait l'être encore dans les prochains jours. Pas de quoi humidifier les sols en profondeur, ni mettre fin à la sécheresse.
"La région Centre-Val de Loire n'a que très peu profité des orages qui ont sévi". Voilà, fin du suspense : malgré des averses localement intenses, la sécheresse est toujours là, les sols sont toujours fracturés et la végétation est toujours grillée. C'est le constat désabusé que dresse la direction régionale de l'environnement (Dreal) dans son bulletin du 18 août 2022.
Le bilan est peu reluisant : le niveau des cours d'eau reste très bas, et seule la Loire devrait remonter (un peu) grâce à des pluies importantes sur ses bassins, très en amont du Centre-Val de Loire. Côté nappes phréatiques, ce n'est pas mieux : "la baisse des niveaux se poursuit", avec un tiers des stations de mesure relevant un niveau moyen, et les deux autres un niveau inférieur.
Goutte à goutte
Comment expliquer cette situation, alors que les pluies se sont multipliées à travers la région depuis une semaine ? Déjà, les précipitations ont été très variables selon les zones. "Ç'a été très frustrant pour une partie de la population, parce qu'on a annoncé de la pluie et il n'en est pas tombée partout", explique Olivier Renard, de l'association Météo Centre. Pas partout étant même un euphémisme, tant les villages où aucune goutte n'est tombée sont nombreux à travers la région. Selon le prévisionniste, "50 à 100 millimètres sont tombés à certains endroit, et 0 beaucoup moins localement malheureusement".
Pour lui, ces pluies sont une "accalmie, c'est mieux que si on avait eu une vague de chaleur en plus". Sauf qu'une telle vague de chaleur devrait revenir sur le pays dès le week-end du 27 août, avec son lot de soleil et d'absence de pluie. Ces deux semaines de goutte à goutte auront permis de "lutter de façon limitée contre la sécheresse au sol, mais on n'a pas eu le passage d'une perturbation qui a amené 15 millimètres, c'est presque ce qu'il aurait fallu".
D'autant que les sols sont actuellement très secs, "et pas que sur 1 centimètre, sur 15 au moins". Conséquence ironique : resserrée, compacte, la terre absorbe l'eau moins vite, avec un phénomène exacerbé de ruissèlement. Ce qui fait craindre des risques d'inondations importantes si de fortes précipitations pointaient le bout de leur nez dans les prochaines semaines.
Déficit hydrique
Mais, selon Olivier Renard, ces hypothétiques fortes pluies ne devraient pas arriver avant fin septembre. Elles seraient, en revanche, salvatrices. "Il faudrait plusieurs mois pluvieux où on dépasse les normes pluviométriques pour pallier la sécheresse comme il faut." Ce sont ces mois traditionnellement pluvieux, de septembre à mars, qui ont semé les graines de la sécheresse de 2022. "En gros, on n'a pas eu véritablement de pluie depuis juillet 2021", lance Olivier Renard. Creusant le déficit hydrique dès l'hiver dernier. Depuis, "à part juin, tous les mois de 2022 ont été déficitaires dans la région".
Et à ce stade, l'hiver 2022-2023 ne s'annonce pas particulièrement humide, du moins pas plus que d'habitude, à en croire les modèles saisonniers. La sécheresse 2022 n'en finit pas de ne pas finir, mais est déjà ancrée dans les mémoires comme le pire épisode connu par la France depuis 70 ans. Un été qui "sera un été moyen en 2040, dans moins de 20 ans", prévient Olivier Renard, à cause du réchauffement climatique. "Qu'est-ce qu'on peut encore avoir de plus fort que ça ?"