Les nouvelles taxes sur certains produits de la viticulture entrées en vigueur le 12 janvier ne seront pas aussi graves, pour les viticulteurs du Centre-Val de Loire, que celles qui s'accumulent depuis octobre 2019. A l'échelle française, les pertes pourraient atteindre 300 millions d'euros.
Les viticulteurs font grise mine ce 12 janvier. Une nouvelle taxe mise en place par l'administration Trump sur les importations de vins et de spiritueux français a encore été augmentée, après un premier train de mesure à l'automne 2019, concernant les vins "tranquilles" (non-pétillants) de moins de 14 degrés.
En cause : une guerre commerciale que se livrent l'Union européenne et les États-Unis, à grands coups de subventions aux géants aéronautiques rivaux Airbus et Boeing, et de taxes sur les importations de divers produits.
Une année 2020 en apnée
Et dans cette guerre, la viticulture fait figure de victime collatérale, comme le déplore Lionel Gosseaume, le président loir-et-chérien d'Interloire, l'interprofessionnelle des vins du Val de Loire. "Ce qui fait mal, c'est qu'on supporte depuis plus d'un an des taxes pour un sujet qui nous est étranger", regrette-t-il. Seule bonne nouvelle pour la région, ce deuxième réhaussement des droits de douanes concerne une partie plus restreinte de la production du Val de Loire, à savoir les vins tranquilles de plus de 14 degrés et certains mousseux dont font partie le Vouvray et le Montlouis.
"Ce qui nous a surtout touché, c'est la surtaxe d'octobre 2019", poursuit Lionel Gosseaume. Dans le Val de Loire, sur un chiffre d'affaire d'1,3 milliard d'euros pour la filière viticole, 311 millions proviennent des exportations, soit "20% de nos volumes", dont une grande partie est à destination des États-Unis. "D'une part, nous avons perdu des marchés, et d'autres part on a dû faire des efforts vis-à-vis de nos importateurs américains afin que la taxe ne se répercute pas sur les prix", précise le viticulteur. Résultat : jusqu'à "50 millions d'euros de manque à gagner depuis octobre 2019".
#SIA2020 Taxes américaines sur le vin français : "On est directement taxé pour des raisons de politique internationale. C'est pour nous quelque chose d'injuste", témoigne Benoît Trocard, viticulteur. pic.twitter.com/XsejEqSNaj
— Public Sénat (@publicsenat) February 22, 2020
Après l'élection américaine, remportée nettement par Joe Biden, "on pensait, de façon peut-être infondée, que le changement d'administration entraînerait un relâchement", admet le président d'Interloire.
Au contraire, à la date du 13 janvier nul de sait combien de temps la taxe Trump va continuer à s'appliquer sur les vins français. Seules possibilités pour une sortie de crise : une solution commerciale négociée entre l'UE et les États-Unis ou, à défaut, l'arrivée d'aides demandées par la filière au ministère de l'Économie et des finances.