Trains de nuit : "on se dit qu'on est invisible", les personnes en fauteuil roulant restent à quai

Alors que le retour du train de nuit est plébicité en France, les personnes à mobilités réduites regrettent d'en être exclus. Avec un fauteuil roulant, impossible de monter dans l'un des wagons qui permet de voyager de dormir en voyageant.

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Pratique, écologique, mais aussi ... Inaccessible, le train de nuit. "C'est simple, explique Annie Seznec, avec un fauteuil roulant, on ne peut pas monter dedans." Cette représentante de l'APF (association des paralysés de France) France Handicap en région Centre-Val de Loire poursuit : "Les équipements sont anciens et trop étriqués". Qui ne peut pas marcher, reste à quai. 

Des équipements anciens qui ne sont pas adaptés 

Sur son site internet, la SNCF détaille : "Les trains Intercités de Nuit ne sont pas accessibles aux utilisateurs de fauteuils roulants. Toutefois les personnes en situation de handicap visuel, auditif et mental avec accompagnateurs peuvent emprunter nos trains."

Quand un transport est remis au goût du jour, on oublie les personnes en situation de handicap.

Annie Seznec, représentante d'APF France Handicap en région Centre-Val de Loire

Loin d'être satisfaisant pour l'APF France Handicap. Laissant une saveur amère d'impuissance, "on se dit qu'on est invisible". Trop compliqué, de rendre le train de nuit accessible ? Annie Seznec n'y croit pas "en Allemagne, en Autriche, un wagon est prévu pour accueillir les personnes en situation de handicap". A bord de son fauteuil roulant, elle se souvient de son voyage en Chine "et là, je pouvais monter dans les trains sans souci".

Saisie de la défenseure des droits 

Sébastien Peytavie, député écologiste de Dordogne, se déplace en fauteuil roulant, et indique sur le réseau social X (anciennement Twitter) qu'il a saisi la défenseure des droits. Annie Seznec rappelle que la loi de 2005, doit rendre le réseau de transport accessible "dans sa totalité aux personnes handicapées ou à mobilité réduite".

La SNCF, explique à nos confrères de TF1 que la situation ne changera pas  "compte tenu de leur âge (ceux des trains NDLR) et des moyens mis à disposition de l'entreprise". Les autres équipements européens sont plus récents, argue la société. Elle souligne que si de nouveaux trains devaient être créés pour les voyages de nuit, la question de l'accessibilité serait prise en compte. 

Des déplacements difficiles toute l'année 

En fauteuil roulant depuis 20 ans, Annie Seznec a très vite dû appréhender un quotidien qui n'était pas le sien "pour moi, une marche était une marche". Elle sait désormais que faire face à des escaliers ou une porte non automatique peut devenir insurmontable seule.

On ne nous voit pas dans les transports parce qu'on ne peut pas y accéder.

Annie Seznec, représentante de l'APF France Handicap en région Centre-Val de Loire

Pour les déplacements, il faut déjà tout anticiper "je ne peux pas partir du jour au lendemain sur un coup de tête, organiser un transport, c'est au moins deux semaines à l'avance". Il faut se renseigner pour savoir si les plateformes adaptées peuvent être mises en place au départ, à l'arrivée, réserver, puis s'assurer qu'en cas de changement, l'ensemble des gares soient accessibles ...

"Le parcours du combattant" résume-t-elle finalement. Une fois dedans, il est alors souvent impossible d'aller aux toilettes "quand on fait cinq heures de trajet, c'est compliqué".

La situation est alors la même pour les car ou bus. Les arrêts ne sont pas tous équipés, ou les horaires proposés, largement restreints. 

La France au "Moyen Âge" de l'accessibilité 

Sur son site internet, la SNCF détaille les équipements disponibles pour permettre aux personnes à mobilités réduites d'accéder aux trains, notamment TGV et Intercités. 

Le handicap reste tabou, on ne veut pas le voir. 'Je ne suis pas concerné, donc je ne veux pas voir'.

Annie Seznec, représentante régionale de l'APF France Handicap

Parmi les 12 millions de personnes qui souffrent d'un handicap, 3,5 millions voient leur mobilité réduite. Toutes ne se déplacent pas en fauteuil. Globalement, Annie Seznec regrette que les transports publics français soient mal adaptés, "on est au Moyen Âge". "À Paris, nous avons deux lignes de métros accessibles" rappelle la Loirétaine. "Les Jeux Olympiques, ça va être une catastrophe !" Alors que la capitale s'apprête à accueillir les JO et Jeux Paralympiques se dérouleront pendant l'été 2024, elle estime "que cet événement aurait pu améliorer les choses, il n'en sera rien".

Le handicap, grande cause nationale ? Annie Seznec ne se fait plus d'illusion "malgré les lois, les promesses ne sont pas tenues". Elle estime que tout part d'une volonté politique. "Ce qui est profitable pour nous l'est aussi pour des personnes âgées, en béquilles, ou pour les parents avec des poussettes" insiste-t-elle. Affirmant, ainsi, que 2024 devrait voir naître des revendications de la part de l'association. 

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