Comment l’autonomie alimentaire peut sauver nos villes ?  

Les potagers derrière la maison et les jardins partagés n’éviteront pas les famines. Pour l’autonomie alimentaire, il faut aller plus loin. Les initiatives sont nombreuses et les fermes urbaines connectées s’implantent sur les toits ou même sur les balcons, au coeur des villes.

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Autonomie alimentaire, traçabilité des produits, circuits courts… ces problématiques sont au coeur de nos assiettes et dans l’agriculture. Aujourd’hui de nouvelles technologies permettent d’y répondre même en ville. Les serres connectées, les parkings reconvertis en champignonnière, des ruches sur les toits… L’agriculture urbaine tisse son fil dans des lieux insolites. Les initiatives sont nombreuses pour tendre vers un nouveau mode de vie.
 

Une serre urbaine connectée. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau aux serres traditionnelles. Et pourtant ne vous fiez pas aux apparences : derrière ses vitres tout est connecté et contrôlé via une application qui permet de suivre à distance l'évolution des plans et de recevoir des conseils.
Michel Molinier a investi il y a moins d’un an dans l’une de ces serres connectées.

« Je voulais avoir le plaisir de produire mes propres légumes, de savoir d’où ils viennent et que ce soit du bio ».


Une autonomie alimentaire qui a un coût non nul : entre 4000 et 8000 euros d’investissement. « C’est un gros investissement : je ne calcule pas comme pour mes poules le coût de revient de ma douzaine d’oeufs, de 2k g de blettes ou de salade que je vais sortir. Mais je m’en fiche, c’est un principe. Si mes enfants prennent la suite, ça sera probablement rentabilisé à terme ». Coûteux certes, mais un investissement dont l’amortissement s’envisage à l’aune d’un groupe. Un équipement comme celui-là permet à une famille de 4 personnes d’être autonomes en fruits et légumes… En quelques années.


Pour plus de traçabilité des aliments


Un peu plus loin Monique Garcia, elle, va aussi investir dans l’une de ces serres. Elle est venue prendre des renseignements et semble conquise

 « Nous nous sommes intéressés pour nous garantir une autonomie alimentaire et avec des produits de qualité autour d’une production locale, chez nous, pour nourrir la famille. On sait d’où viennent les produits, c’est nous qui les plantons. La serre est très simple et connectée, elle est autonome et ça permet à des citadins comme nous, même à la campagne, de faire du jardinage ».


La traçabilité des produits est une volonté grandissante chez les Français. Après les différents scandales sanitaires (de la crise de la vache folle dans les années 1990 jusqu’au lait contaminé en septembre 2017 en passant par la présence de pesticides dans les produits), il y a une tendance lourde de vouloir davantage de transparence.


Implantées même sur des sols pollués

Ces serres urbaines poussent un peu partout : dans les campagnes, mais aussi sur les toits de Marseille, à Lyon, et s’implantent même sur les balcons parisiens.
« L’alimentation, ça touche tout le monde. L’urbain, le péri-urbain, la ville, la campagne, les pays riches et les pays pauvres. On peut adresser ce défi mondial avec un minimum d’impact environnemental grâce à ces nouvelles technologies et autour de la culture verticale. Et grâce à la culture hors sol. Ça permet de cultiver en ville et même sur un sol pollué », insiste Mickaël Gandecki, un des co-fondateurs de la start-up française Myfood, à l’origine du projet.


De la sur-consommation à la production autonome


Transformer les villes par de l’économie circulaire, aménager le territoire, rompre avec les habitudes pour transformer les villes : voilà tout l’objectif des nouvelles technologies et de ces pratiques différentes autour de l’agriculture urbaine. La ferme verticale fait partie de cette nouvelle façon de produire. Un concept qui vient du Japon. Aujourd’hui il s’exporte partout dans le monde. Deux projets de fermes verticales sont à l’étude à Nantes et à Angers.
 
A Lyon, un bâtiment de plus de 1000 m2 a vu le jour : cinq étages consacrée à la production de plantes et de légumes au coeur de la ville. Son nom : " la ferme urbaine lyonnaise ".

Le principe est simple : une carte d’identité de la plante est réalisée afin de déterminer ses besoins en terme de climats et de nutriments. Ensuite cet univers est reproduit à l’identique dans l’espace de la ferme urbaine. L’espace est optimisé directement avec des éclairages LED et dans un espace singulier puisqu’il est semi-stérile pour empêcher le développement de bactéries sans administration de pesticides. Tout est robotisé afin de limiter l’intrusion de l’humain.


Une solution de proximité

Loin de remplacer l’agriculture traditionnelle, les fondateurs veulent apporter une production responsable et végétale en ville. “Notre promesse c’est comment nourrir en abondance des habitants de ville. La croissance démographique, qui s’annonce à 10 milliards d’habitants, va se faire à 60 % dans le monde urbain. Une solution de proximité, le circuit-court, et aussi la non-utilisation de pesticides” sont une partie de la réponse explique Christophe Lachambre, président de FUL (Ferme urbaine lyonnaise).  
 


Réduire les déchets et les distances, bannir les produits phytosanitaires, trouver des solutions pour nourrir toujours plus d’humains :  c’est là tous les enjeux de ces nouvelles fermes 2.0.


Tout est possible, et des initiatives ont déjà été lancées. Même dans des parkings souterrains ! A Paris par exemple, une société fait pousser des champignons, des endives et des jeunes pousses (radis, de moutarde ou brocoli). Depuis septembre 2017, une autre s’est aussi installée dans un parking souterrain du 18ème arrondissement.

 

Les friches industrielles sont également investies. En 2016, 33 partenaires ont signé une charte fixant pour objectif "100 hectares" à végétaliser. 38 nouveaux producteurs se sont déclarés volontaires l'an dernier.

Ces fermes urbaines connectées c’est le nouveau pari des agglomérations et des particuliers, pour toujours plus d’autonomie alimentaire et de transparence. A Paris, la plus grande ferme urbaine au monde devrait ouvrir ses portes au printemps 2020. Avec plus de 14 000 mètres carré dédiés à la culture des légumes et des fruits ouverts aux Parisiens.
 
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