Colère des agriculteurs : « le compte n’y est pas pour la Corse, les annonces sont limitées au national »

Vendredi 26 janvier, le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures d’urgence afin de tenter de calmer la colère des agriculteurs. En Corse, pour les acteurs locaux, ces dernières ne prennent pas en compte les spécificités insulaires et annoncent que des actions seront organisées prochainement.

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Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé, vendredi 26 janvier, 10 mesures « immédiates » pour simplifier la vie des agriculteurs. Il espère ainsi ouvrir "un nouveau chapitre pour l'agriculture française". L’objectif pour le chef du gouvernement est également de tenter de calmer le mouvement de protestation de la profession enclenché depuis fin janvier sur l’ensemble du territoire national.

Ces mesures comprennent notamment : un délai de recours contre les projets agricoles raccourci à deux mois ; une accélération des procédures en cas de recours ; la création d’une « présomption d’urgence » ; la réduction du délai de 9 à 2 mois pour une demande de curage ; un contrôle administratif unique pour les exploitants ; la mise en pause des réglementations sur les zones humides et tourbières.

« En Corse, nous n’avons pas d’outils structurants »

Contacté, le président de la chambre d’agriculture de Haute-Corse et président de la FDSEA de Haute-Corse, Joseph Colombani, estime que « le compte n’y est pas » pour l’île et qualifie ces annonces de « limitées au national ».

Pour Joseph Colombani, les revendications contre les mesures européennes incluses dans la Pac (politique agricole commune) ne sont pas la priorité des agriculteurs insulaires. « La Pac n’est pas faite pour produire. Avec ça, l’Europe met en place des cadres dans une réflexion mondiale qui empêche de produire. Mais il y a une différence entre l’Europe et la Corse. Car l’Europe a connu ses trente glorieuses, elle s’est structurée. En Corse, on ne nous a jamais donné les moyens produire, nous n’avons pas d’outils structurant », regrette-t-il.

Le président de la FDSEA de Haute-Corse précise : « On est plus intéressé par ce qui va se passer dans le processus d’autonomie pour pouvoir mettre en place une structure de production. » Cette dernière comprendrait un marché de gros, des barrages, la maîtrise foncière et des abattoirs.

"Sanctuariser les terrains agricoles"

Ces deux idées sont partagées par le président du syndicat Mossa Paisana, Romain Rubini, dans l’attente de « ce qu’on va mettre dans l’autonomie ». Pour lui, il est nécessaire de débattre des problématiques insulaires avec l’exécutif corse au-delà de celles posées au niveau national, car la « régionalité est à prendre en compte ». Parmi les sujets primordiaux à ses yeux : l’urbanisme. « Aujourd’hui il y a des zones agricoles qui ne sont pas encore reconnues. Il n’y a pas de cartographie des terrains agricoles qui permettrait leur sanctuarisation de ces espaces qui permettrait de se mettre en concurrence avec de grosses entreprises. Pour le moment, c’est impossible », estime-t-il.

Pour Romain Rubini, un « modèle économique reste à construire » en Corse en plus des « revendications nationales ». Il plaide ainsi pour la création d’une centrale de vente à destination des cantines, des Ehpad ou encore des hôpitaux insulaires. Mais « il y a énormément de points sensibles qu’il ne faut pas prendre à la légère ». 

Dans les prochains jours, le bureau de la FDSEA de Haute-Corse se réunira pour décider de la suite à donner à ces annonces. 

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