Dans l'affaire des constructions illégales condamnées à démolition d'a saparella, à Coti Chiavari, U Levante riposte. L'association de défense de l’environnement porte plainte pour diffamation et injures. Il faut dire que sur les réseaux sociaux, l'affaire de saparella déchaine les passions.
"Bande de cinglés", "qu'ils disparaissent dans leur trou à rat", "trolls", "hargneux et aigris"... Les qualificatifs sont multiples. U Levante a décidé de poursuivre devant la justice l'auteur de ces propos, pour diffamation et injures. L'association de défense de l'environnement a saisi le juge, pour l'instant, uniquement contre Gabriel-Xavier Culioli, même si d'autres internautes accusent U levante d'être des délateurs, des collabos, des menteurs.
Il faut dire que Gabriel-Xavier Culioli, instigateur d'une pétition de soutien à la famille Peretti, a publié les adresses personnelles de la direction collégiale d’U Levante. Il n'y voit aucun danger et ne regrette pas ses publications.
« C’est une plaisanterie. La preuve, depuis que la campagne est menée pour les Peretti, il n’y a pas une agression, il n’y a pas eu un plasticage, il n’y a rien eu du tout. C’est des fantasme à la corse, on dit fais-moi peur et comme ça on se prend pour un héros gratuit. Ce ne sont pas des héros, je ne suis pas un héros. On mène chacun une campagne, moi pour les Peretti je trouve que c’est quelque chose de juste et je le ferai jusqu’au bout », soutient-il.
« S’il existe un communauté historique, elle doit avoir des droits sur la terre »
Pas un jour sans que le chroniqueur, retraité de l'Éducation nationale, n'écrive sur les déboires judiciaires des Peretti. Des milliers de vues. Il prépare un livre et revendique le droit de construire sur des terres reçues en héritage. Un droit local, un droit à l'indigénat, quitte à ne pas respecter les règles d'urbanisme en vigueur.
« S’il existe une communauté historique, il me semble normal que cette communauté ait des droits. Ce ne sont pas des droits exorbitants, qui doivent être bornés par un certain nombre d’obligations. Mais cette communauté doit avoir des droits notamment sur la terre. La terre c’est ce qui est fondamental. Je trouve ça normal que des jeunes corses qui ont des terres qui leur ont été léguées ne se voient pas interdits de travailler dessus. Encore une fois s’ils respectent l’environnement. En ce qui concerne la loi littoral, c’est une plaisanterie, vous connaissez Porto-Vecchio vous avez vu à quoi ressemble la loi littoral là-bas ? », interroge Gabriel-Xavier Culioli.
Le sénateur de Corse-du-Sud est intervenu auprès du préfet
Assouplir, adapter voire abroger la loi littoral, Jean-Jacques Panunzi, sénateur de Corse-du-Sud, ne s'en est jamais caché, c'est un de ses crédos pour le développement économique de la Corse. La nouveauté lors de la manifestation à Saparella, en décembre dernier, il reconnait publiquement être intervenu en faveur des Peretti auprès du préfet Bouillon pour les permis de construire.
Une intervention, suivie d'effets. Jusque-là, Jean-Jacques Panunzi s'était défendu d'avoir joué ce rôle dans l'attribution des permis, il avait même poursuivi un journaliste pour diffamation et perdu le procès. Le sénateur a refusé de répondre aux demandes d’interview.
Lors de cette même manifestation, haro sur l'État, certes, mais aussi sur U Levante et la loi littoral. Et du côté des indépendantistes et autonomistes, on l'a rarement vu. À quelques mois du nouveau statut, et d'un éventuel transfert de compétences en matière de foncier, va-t-on utiliser cette affaire pour repenser les règles d'aménagement ?
« Oui, le cas Peretti dont nous avons été et demeurons solidaires va nous permettre avec beaucoup d’autres de poser sereinement les conditions d’une part de simplification des textes dont on peut conserver en tout ou partie l’esprit, et d’autre part de modifier le Padduc comme le législateur le prévoit depuis bientôt trois ans et comme la collectivité malheureusement se refuse à la faire », estime Jean-Christophe Angelini, maire de Porto-Vecchio et président du groupe Avanzemu à l’Assemblée de Corse.
« Dans une démocratie, il faut laisser lancer les alertes, et laisser faire la justice »
Ni Gilles Simeoni, ni Femu a Corsica, n'ont apporté de soutien aux Peretti. Ils gardent le silence aussi sur la campagne de dénigrement contre U Levante, hormis les prises de position de François Alfonsi et Marie-Antoinette Maupertuis.
Sur le plateau de Cuntrastu, la présidente de l’Assemblée de Corse déclarait : « Ce que je trouve très violent, y compris pour des nationalistes, c’est qu’on attaque de manière aussi frontale et de manière aussi dure une association qui est U Levante, qui n’est pas tendre avec nous loin s’en faut. Dans une démocratie, il faut laisser lancer les alertes, bien évidemment, et ensuite il faut laisser faire aussi la justice. »
La justice l'a ordonné, ces maisons doivent être démolies au 1er septembre, sous peine d'astreinte 1.500 euros jour. L'avocat des Peretti, qui n'a pas souhaité nous répondre, s'apprête à solliciter le retrait des agréments préfectoraux des associations, dans l'espoir qu’U Levante ne soit plus en mesure de réclamer et d'encaisser les astreintes.
« Il reste toujours une loi, la loi du plus fort »
Les membres de l’association vont ils se décourager ? Pas question selon le collectif Corsica Pulita, la vingtaine d'associations rappelle les centaines de permis de construire, la cinquantaine de PLU annulés, les milliers d'hectares préservés.
« La réalité c’est qu’un préfet qui n’aurait pas dû accorder le permis l’a accordé. Et à ce moment il a plongé la famille Peretti dans des difficultés très graves. Détricotez les lois si vous voulez, vous aurez sans doute plus de liberté, mais il reste toujours une loi. La loi du plus fort. Et celle-ci s’imposera à vous et vous ne pourrez rien faire », soutient Vincent Carlotti, membre Collectif Corsica Pulita.
Les Peretti sommés de détruire leurs trois maisons, ont-ils emporté l'adhésion populaire au détriment d'U Levante ? Bête noire des porteurs de projet immobilier pour certains, association agissant à géométrie variable pour d'autres, on lui reproche de ne pas avoir attaqué les maisons des voisins présentés comme des continentaux (des drapeaux français avaient été installés le jour du rassemblement). Précision, ils sont originaires de Morosaglia et de Cauro, mais ne nous ont pas répondu.
L'affaire connaitra sans doute de nouveaux démentis et rebondissements. Début janvier, la pétition en ligne a recueilli près de 7.000 signatures début janvier, elle a été vue près de 300.000 fois.