Corse : comment concilier tourisme et environnement ? Épisode 4 : la réserve de Scandola

Chaque année, 2,5 millions de touristes choisissent la Corse comme destination de vacances. La plupart d'entre eux sont attirés par les paysages sauvages de l'île et sa nature préservée. Problème : la fréquentation touristique est concentrée sur quelques semaines et sur quelques sites. A la clef, des conséquences néfastes pour l'environnement et des difficultés à gérer l'accueil des vacanciers dans de bonnes conditions. Comment faire face à la fréquentation estivale? Peut-on concilier tourisme et respect de l'environnement? Pour savoir comment s'organisent les personnes qui travaillent au quotidien dans ses sites naturels prisés, France 3 Corse Via Stella vous propose une série de reportages. Quatrième et dernier épisode : la réserve naturelle de Scandola.

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Ce matin du 4 août, les alentours de Scandola paraissent bien paisibles. Pendant que les premiers rayons du soleil s'écrasent sur une mer d'huile, quelques bateaux commencent à quitter la marine de Porto. Ici, des plaisanciers s'apprêtent à larguer les amarres. Plus loin, des bateliers débutent leurs rotations de la journée pour faire découvrir aux touristes les splendeurs d’un site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.  

C'est dans ce cadre d’une beauté rare, né de l'effondrement d’un ancien volcan dans les eaux entre Girolata et Galeria qu’officie quasi quotidiennement Virgil Le Normand. Alors que la saison estivale bat son plein, "c'est plutôt calme", confie le responsable de la réserve naturelle de Scandola et agent du Parc Naturel Régional de Corse (PNRC), instance chargée de la gestion du site. "C'est très calme ce matin", confirment un peu plus tard les gendarmes de la brigade nautique, croisés en mer au large de Porto.

Difficile, cette matinée-là, d’imaginer que les rochers de Scandola sont admirés chaque été par des dizaines de milliers de visiteurs en mer. Ce qui est pourtant le cas.  

Selon plusieurs sources, entre 150.000 et 190.000 personnes sillonneraient les quelque 800 hectares maritimes de la réserve. Les touristes transportés par les bateliers ne font qu’y passer, les plaisanciers, eux, s'y arrêtent très souvent au mouillage. Une fréquentation qui a nécessairement des conséquences sur la biodiversité du site.

Comptages et règles en vigueur

Pendant que le semi-rigide du PNRC entre dans la zone "intégrale", la seule de la réserve où le mouillage est interdit de jour comme de nuit, Virgil Le Normand nous explique qu’il a "constaté une baisse de 31% de la fréquentation des bateaux sur le mois de juillet". Les chiffres qu’il avance se basent sur des comptages effectués plusieurs fois par jour en juillet-août par le PNRC depuis 2016. 

"Excepté en 2018 et 2019 où nous n’avons pas pu les faire chaque jour, nous avons fait plusieurs comptages quotidiens toutes les autres années, souligne-t-il. Cela nous permet d’avoir suffisamment de données de comparaison." Une mission fastidieuse pour les agents qui doivent en même temps surveiller la réserve et y faire appliquer les règles édictées par le décret de création datant de 1975. 

Chaque jour, Virgil Le Normand et les agents du PNRC répètent aux nombreux visiteurs ce qu'ils peuvent faire ou ne pas faire à Scandola : pas de pêche, pas de plongée sous-marine, pas de débarquement sur la plage. Le mouillage est autorisé uniquement en journée, sauf dans les 70 hectares de la zone "intégrale" où il est totalement prohibé. 

"On demande aussi aux plaisanciers de ne pas jeter l’ancre sur l’herbier de posidonie, précise-t-il. C’est une espèce protégée dans un site protégé." Le responsable de la réserve leur conseille même le téléchargement d’une application qui recense par GPS les fonds marins vierges de cette plante endémique de la Méditerranée.

"Quel arrêté ?"

Au cours de ces échanges par bateaux interposés, lui et sa collègue Manon Pompei ne manquent pas de rappeler l’arrêté de la Préfecture maritime concernant les zones de quiétude autour de certains nids de balbuzards situés entre Cargèse et Calvi. Jusqu’au 31 août, chaque embarcation devait respecter une distance minimum de 250 mètres afin de "ne pas gêner la nidification" de ce rapace emblématique des lieux lui aussi protégé.  

 

Si les bateliers croisés ce jour-là sont tous au fait de l’arrêté - ils respectaient déjà ces zones depuis plusieurs années et la signature d’une charte de bonne conduite -, ce n’est  en revanche pas le cas de plusieurs plaisanciers.

"Quel arrêté ?", lance une jeune femme depuis le pont supérieur de son bateau.

"On ne savait pas", s’excuse un peu plus loin un jeune couple un peu désolé, dont la petite unité est passée trop près du nid de Punta Palazzu, à la pointe Nord de Scandola. Inoccupé le jour de notre reportage, il est le seul des huit nids concernés par l’arrêté à être situé dans la réserve.  

"Et la prochaine restriction, c'est quoi ?", s'agace de son côté le propriétaire d'un imposant 12 mètres. "Peut-être l’interdiction de mouillage dans toute la réserve", rétorque du tac au tac Virgil Le Normand, laissant son interlocuteur bouche-bée.

"Un décret à revoir"

À Scandola, la réflexion sur l’interdiction totale de mouillage ne date pas d’hier. "C'est une demande qui avait été déjà faite par certains pêcheurs professionnels et certains bateliers, explique l'agent du Parc. On discute avec la Division de la Mer et du Littoral de la Corse (DMLC) qui fait remonter les informations à la préfecture maritime sur une éventuelle interdiction sur toute la réserve. Finalement, quand on interdit le mouillage sur la posidonie, il reste peu d’endroits pour mouiller. Est-ce que ces peu d’endroits ne méritent pas qu’on fasse l’effort de ne plus jeter l’ancre du tout ?"

Cette réflexion s’inscrit dans un projet plus global, celui de l’agrandissement de la partie maritime de la réserve dont les prémices remontent à trois décennies.

"On a des études datant de la fin des années 1980 qui évoquaient déjà la nécessité d’étendre son périmètre de gestion, fait remarquer Jean-François Luciani, adjoint au maire d’Osani, commune sur laquelle s’étendent les 1800 hectares (terre et mer confondus) du site. Au milieu des années 1980, on s’apercevait déjà que le tourisme nautique était en augmentation", précise le conseiller municipal qui a été l’un des premiers à faire visiter les lieux sur son bateau de promenade dans les années 1970. 

De l’avis général, cette extension permettrait de gérer de façon plus homogène un territoire plus vaste, d’avoir plus de moyens pour la recherche scientifique et une meilleure efficacité sur la protection environnementale de la zone ainsi que sur la gestion des flux. En clair : moins de visiteurs au mètre carré dans un espace qui serait beaucoup plus grand que l’actuelle réserve marine, d’une taille pour l’instant cent fois inférieure à celle des Bouches de Bonifacio et ses 80.000 hectares. 

"Une nouvelle entité  permettrait aussi de revoir le décret de 1975, dépassé par l’évolution naturelle des choses, note Virgil Le Normand. L’idée n’est pas de le changer entièrement sur le fond mais de dépoussiérer ce qui n’a plus de sens. Par exemple, les pêcheurs sont censés obéir à des règles sur la taille des bateaux et sur la puissance des moteurs qui sont complètement dépassées aujourd’hui. Dépoussiérer le texte original éviterait aussi de nouvelles pratiques et de nouveaux usages qui ne sont actuellement pas interdits et qui pourraient aller à l’encontre du but recherché d’une réserve."

C'est une évidence pour tous ceux qui fréquentent la zone : mouiller dans la réserve pose de vrais problèmes pour la biodiversité.

Jean-François Luciani, conseiller municipal d'Osani

"Aujourd’hui, expose de son côté Jean-François Luciani, le concept de réserve tel qu'il a été conçu il y a 47 ans n'est plus véritablement opératoire". Pour le régisseur du port de Girolata, le texte promulgué le 9 décembre 1975 par le Ministère de la Qualité de la Vie doit être "plus que dépoussiéré".

"Très concrètement, explique-t-il, dans le décret de création, l’article 18 dit que la navigation, et donc le mouillage des bateaux qui en fait partie, est libre dans la réserve. Le mouillage peut donc être partiellement réglementé mais il ne peut pas être totalement interdit. Or, c'est une évidence pour tous ceux qui fréquentent la zone : mouiller dans la réserve pose de vrais problèmes pour la biodiversité. Cela nous amène donc à la nécessité de revoir complètement la protection de la zone et d’étendre son périmètre afin de mieux la gérer." 

"Évident et nécessaire" 

Ce point de vue semble partagé par une grande partie des bateliers de la microrégion. Régulièrement pointés du doigt - avec les plaisanciers - par les associations de défense de l’environnement qui les accusent de contribuer à dénaturer et polluer le site, ces derniers ne sont ni opposés au projet d’extension ni à l’interdiction de mouillage totale.  

"C’est plus qu’évident et nécessaire, affirme Eric Cappy, président de l’association des bateliers de Scandola qui regroupe 23 des 27 sociétés de promenade en mer de la région. On sait qu’un bateau de 20 mètres qui reste une journée dans la réserve va enlever plusieurs mètres carrés de posidonie et donc toute la vie qui dépend de l’herbier. Je ne pense pas que dire aux gens d’ancrer à Focolara ou du côté de Girolata plutôt que dans la réserve leur enlève quelque chose. Pour nous, ça ne changera pas grand-chose car nous faisons un circuit. Dans la réserve, de fait, nous ne faisons que naviguer, sans jeter l’ancre. On y promène les visiteurs tout en leur expliquant les comportements à adopter."

 Cette nouvelle zone pourrait en revanche avoir davantage d’impact sur la population locale, notamment les plaisanciers et les pêcheurs de la région, éventuellement concernés par de nouvelles réglementations. 

"On voit assez peu de gens du coin qui viennent dans la réserve,  constate Virgil Le Normand. En revanche, si elle était étendue, ce serait différent. Il faudrait peut-être imaginer quelque chose pour remplacer le mouillage forain dans la posidonie. Pourquoi pas des mouillages organisés ? Là aussi, rien n’a été formalisé. Pour la pêche, par exemple, il ne serait pas question d’interdire la pêche de loisir de Galeria à Cargèse en fonction du périmètre qui sera retenu. Ce n’est pas l’idée. Par contre, certaines zones pourraient être réglementées sans impacter la personne qui pêche de temps en temps pour son plaisir. On pourrait mettre en place des quotas, des autorisations. Tout ça est à réfléchir." 

"S’il y a vraiment une première concertation à mener, dans un premier temps, c’est d’abord avec les pêcheurs professionnels, insiste Jean-François Luciani. Ils traversent une crise profonde. La ressource a diminué drastiquement depuis une quarantaine d’années." 

"Ensuite, poursuit l'élu d'Osani, il y a les enjeux de la fréquentation et non de la surfréquentation, nuance-t-il. Il faut se méfier de ce terme, car la surfréquentation est une notion qui a une vraie définition scientifique. Et là, aucun chiffre sur la capacité de charge du site n’a démontré que nous étions aujourd’hui en surfréquentation. À ce jour, rien n’a été étudié en ce sens. C’est tout au doigt mouillé. Alors oui, la personne qui vient au mois d’août et qui voit qu'il y a des bateaux qui passent dans tous les sens se dit qu’il y a surfréquentation."

Gestion des flux

C’est certainement ce qu'a pensé l'expert mandaté par le Conseil de l’Europe. Dans son rapport, il avait pointé une mauvaise maîtrise de la fréquentation touristique et un retard sur le projet d'extension de la réserve. Conséquence : Scandola s'était vu retirer en 2020 son diplôme européen des espaces protégés acquis en 1985. Selon le Conseil de l'Europe, les moyens et l'investissement adéquats n’avaient pas été suffisants de la part du gestionnaire du site pour limiter les flux.

"Ce qui a été reproché au Parc, c’est beaucoup de choses sur lesquelles on n’avait pas forcément la main, déplore Virgil Le Normand. On nous a notamment reproché la gestion du flux touristique mais on n’a pas les moyens légaux, législatifs, juridiques pour intervenir là-dessus. On ne peut pas instaurer des quotas ou des mouillages organisés. Ce n’est pas de notre ressort. Nous ne pouvons pas décider de créer de la réglementation." L'extension de la réserve serait certainement synonyme de récupération du label.

Entre Porto et Galeria, ce qui a augmenté, ce sont les petites unités de 12 places qui promènent les touristes sur le site. Des bateaux qui transportent moins de passagers mais qui font davantage de rotations et "sont poussés par des puissances de 700 chevaux", précise Jean-François Luciani.

"C’est l’évolution de la réglementation qui a permis cela, explique-t-il. Au sein du comité consultatif, nous n’avons pas cessé d’alerter sur cette évolution. L’État mettait l’accent sur les dangers de l‘évolution de la fréquentation et continuait en même temps à donner des autorisations tous les ans. A tel point qu’on est passé de 13 bateaux à passagers qui accostaient en 2006 à Girolata à 70 aujourd’hui. On marche à l’envers du développement durable. Après, ça a aussi permis à des jeunes de la région de pouvoir s’installer et travailler."

À Porto, par arrêté du maire d’Ota, pas plus de deux emplacements sont alloués aux 13 compagnies de promenades en mer. Un décision qui faisait suite à la perte du label européen.

Concertation et incompréhension

Si le préfet maritime ne peut interdire le mouillage dans toute la réserve, il peut néanmoins y prendre des mesures comme fermer l’accès à certaines grottes ou protéger la "nidification" du balbuzard pêcheur. Dernier exemple en date cet été avec les fameuses zones de quiétude instaurées autour de plusieurs nids, dont un seul est situé à Scandola. Ce qui a provoqué l’incompréhension des bateliers :

"On a très mal compris cette mesure, souffle Eric Cappy. Nous avons été surpris que le préfet prenne un arrêté qui ne correspondait en rien aux concertations qu'on avait eues avec le Parc, l’Office de l’environnement et les socioprofessionnels. Dans la charte de bonne conduite Natura 2000, on avait tous pris des décisions en conscience pour protéger les nids. On appliquait déjà la règle. Le fait que le préfet prenne un arrêté pour juillet-août révèle qu’il ne s’est pas du tout calqué sur notre concertation. Même si parfois on a le sentiment qu’on ne veut pas de nous, il va falloir à un moment donné que l’on soit écouté. "

Concertation. Le mot revient souvent dans la bouche des différents interlocuteurs. Il témoigne des nombreuses discussions du comité consultatif de la réserve. Mais aussi des incompréhensions et autres querelles d’il y a quelques années symbolisées par un PNRC en déshérence. 

"Le Parc s’est révélé en état d’obsolescence au niveau de sa gestion pendant 10 ans, explique Jean-François Luciani. Là, depuis quelques années, il se reconstitue progressivement. Il  élaboré sa charte qui a été approuvée au niveau national en décembre 2018. À partir de là, il a pu recommencer à faire des propositions, à travailler plus sereinement. Un nouveau directeur a été nommé. La machine est à peu près en route aujourd’hui." 

On est surtout surpris que les services de l’Etat discréditent et annulent d’un coup des concertations entre les instances administratives territoriales et les acteurs socioprofessionnels

Eric Cappy, président de l'association des bateliers de Scandola

En 2020, un bureau du PNRC a également ouvert à Porto, en plus de celui de Galeria. Ce qui a aussi contribué à renouer le dialogue - un temps rompu - avec les bateliers. "Ça va beaucoup mieux, souligne Virgil Le Normand. On a réussi à faire en sorte que l’on puisse discuter. Il n’est pas rare qu’ils nous avertissent ou nous préviennent concernant un balbuzard fatigué ou une espèce blessée etc."

"On a travaillé dans ce sens et on a tout fait pour que cela se passe mieux, confirme de son côté Eric Cappy. Après, est-ce que ça va bien de partout ? On s’interroge, car on est surtout surpris que les services de l’Etat discréditent et annulent d’un coup des concertations entre les instances administratives territoriales et les acteurs socioprofessionnels. C’est assez confus."

"Dans la zone, il y a un tel écheveau de réglementations qu’on a parfois du mal à y voir clair, admet Jean-François Luciani qui a pourtant plus de 30 ans de conseil municipal et de réunions avec les différents acteurs derrière lui. Si le Parc naturel régional est le gestionnaire, rappelle-t-il, l'étude de l’extension du périmètre revient à l’Office de l’Environnement de la Corse (OEC). C'est lui qui gère les quatre zones Natura 2000 qui se superposent entre la Revellata et Cargèse."

C'est d’ailleurs ce même office qui a été mandaté par une délibération de l'Assemblée de Corse votée à l'été 2020 "pour mettre en œuvre les démarches nécessaires à la finalisation du dossier de classement, la définition précise du périmètre, et l’élaboration du règlement de mise en œuvre de ce nouvel espace protégé marin de Corse". En somme, "créer une réserve naturelle de Corse (RNC), dans la zone limitrophe de l’actuelle réserve naturelle de Scandola". Ce qui reviendrait à créer deux réserves, l’une juxtaposée sur l’autre. 

Un choix qui ne semble pas judicieux selon le biologiste marin Charles-François Boudouresque :

"Le plus simple, c’est une seule entité, d'autant plus qu'il y a déjà cette sorte de mille-feuille administratif au niveau de la protection de l'environnement dans la région, expliquait fin juillet le chercheur en écologie marine à France 3 Corse. On a la réserve de biosphère MAB, la zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), les zones Natura 2000 de l'Union européenne, et la réserve nationale existante, nationale bien que gérée par la Corse. Donc, une couche supplémentaire, pourquoi pas, mais ça en fait déjà beaucoup."

Quel périmètre ?

Depuis ce vote de l’Assemblée de Corse en faveur de l'extension, le projet semble être au point mort. "Je pense que le Covid est venu chambouler le planning, indique Virgil Le Normand. Après, ça aurait dû reprendre derrière, je ne l’explique pas. C'est l’Office de l’Environnement qui s’occupe de mener les discussions. Avec les maires, ils ont eu l’autorisation d’explorer cette piste-là. Ensuite, ils devaient mener les discussions avec les différents usagers et la population locale, soit ceux qui sont directement impactés par l’agrandissement ou la création d’une nouvelle réserve.  Le Parc ne fait pas partie des acteurs des négociations, même si à un moment ou un autre, il participera aux discussions. En tout cas, ce n'est pas nous qui négocions la création."

Sur ce nouvel espace, peu d’éléments précis ont filtré. Selon le texte adopté dans l'hémicycle du cours Grandval il y a deux ans, le processus de création prévoit une extension de la Revellata à Cargèse, englobant plusieurs communes. 

"À vrai dire, on ne sait pas exactement quel serait son périmètre, confie Jean-François Luciani qui indique que les élus de la région sont "sur le principe, à peu près tous favorables à son agrandissement".

"C'est sur le périmètre d’étude de l'extension possible qu’on a vu se révéler quelques différences d'appréciation entre certains élus", fait-il remarquer avant d'ajouter : "à vrai dire, ce sera difficile d'avancer tant qu'on n’aura pas des propositions concrètes parce-que chacun peut avoir une idée. Mais ce qui intéresse les gens, c'est de savoir s'il va y avoir des interdictions. Et là, tous les fantasmes courent, ce qui génère des réactions négatives qui se sont répercutées y compris au niveau de certains élus."

"Sur ce sujet de l’extension, poursuit le conseiller municipal d'Osani,  j'ai quand même l’impression que nous autres élus locaux sommes les derniers concertés. Nous, on souhaiterait que l’Office de l’Environnement avance, qu’il commence à faire des propositions concrètes. Après, c’est le plus gros office de la CDC et il lui incombe aussi de traiter une urgence principale qui est celle du traitement des déchets. Je n’ai pas de d'indication précise sur les raisons de la difficulté à faire avancer ces études mais il faut qu’on s'y mette beaucoup plus activement." 

Si "tout n'aurait pas été formalisé pour l’instant", les discussions autour de l’extension "auraient reprisdernièrement', glisse une source proche du dossier.

En juin, l'Office de l'Environnement a notamment lancé une mission pour élaborer de nouvelles zones de protection renforcée. Des réunions devraient prochainement avoir lieu, notamment avec les pêcheurs professionnels.

"Là où nous allons discuter, c'est surtout côté Porto avec les 0 à 50 mètres de profondeur afin que l’on puisse travailler, bien entendu, avec une pêche sélective, avec les casiers ou les palangres", expliquait fin juillet Xavier D'orazio, premier prud'homme des pêcheurs d'Ajaccio.

"-35% sur juillet-août"

Depuis, la tempête meurtrière du 18 août est venue frapper de plein fouet le secteur Porto-Girolata. Et certainement ajouter de nouveaux dossiers sur le bureau d’un Office de l’Environnement qui n'en manquait pas.  

À Scandola, cette tempête a aussi eu un impact sur la fréquentation. "Il y a clairement eu moins de monde après le 18 août, confie Virgil Le Normand que nous avons recontacté mi-septembre. Sur août, détaille-t-il, on est à moins 38% de fréquentation par rapport à 2021. Sur l'été, ça fait moins 35%." 

Une tendance à la baisse qui confirme celle de l’été 2021. L’an passé, la crise du Covid en était sans doute l’une des principales causes. Cette année, il semblerait que l’inflation et la hausse du prix des carburants soient les premiers responsables d’une diminution du passage des bateaux dans une réserve qui attend toujours sa future extension… 

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