Semi-liberté d'Alain Ferrandi : "J’attends qu’il sorte afin qu’il commence de suite à travailler"

Dans le cadre de l'aménagement de peine que lui accordé la justice, Alain Ferrandi devrait recouvrer partiellement la liberté dans trois semaines. Après 24 ans passés derrière les barreaux, le détenu condamné pour l’assassinat du préfet Erignac sera autorisé à quitter sa cellule en journée. Chaque semaine, il ira travailler dans une exploitation agricole en Casinca.

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Une semaine après que la justice a accordé une semi-liberté probatoire à Alain Ferrandi, la date exacte de sa première sortie de prison reste à préciser.

"Elle est prévue le 23 ou le 24 mars, pas avant", indique son conseil, Maître Françoise Davideau.

Quoi qu’il en soit, le premier jour hors des murs du centre pénitentiaire de Borgo du détenu corse de 62 ans sera consacré à différentes formalités administratives et professionnelles.

"Dès sa première heure de sortie, il ira voir Monsieur Gabrielli, son futur employeur", explique son avocate tout en soulignant que son client "s'apprête, après 24 ans de détention, à retrouver une vie sociale et citoyenne par le travail et aspire à la tranquillité et à la discrétion". 

Le 23 février dernier, le tribunal d’application des peines antiterroriste (Tapat) de Paris a donc accédé à la demande d'aménagement de peine d'Alain Ferrandi, en validant son projet de semi-liberté probatoire à une libération conditionnelle.

Cette décision de justice a été rendue trois semaines après la semi-liberté accordée à Pierre Alessandri et à la veille de la reprise des discussions sur l’avenir institutionnel de l’île entre Paris et les élus corses.

À l’instar de Pierre Alessandri - lui aussi incarcéré depuis mai 1999 pour l'assassinat du préfet Erignac et conditionnable depuis mai 2017 -, Alain Ferrandi sera autorisé à quitter le centre pénitentiaire de Borgo pour la journée avant de regagner sa cellule le soir.

Dans le cadre de son régime de semi-liberté, il est également soumis à plusieurs interdictions : il n'a notamment pas le droit de rentrer en contact avec les autres membres du "commando Erignac", ni de se rendre à Ajaccio et à Pietrosella. Il doit également "s’abstenir de toute intervention publique".

Employé chez un agrumiculteur

Du lundi au vendredi, pendant au moins un an - soit la durée de la période probatoire -, Alain Ferrandi travaillera à Castellare-di-Casinca, à une petite vingtaine de minutes de Borgo, sur l'exploitation agricole de François Gabrielli.

"Je l’ai eu l’autre jour au téléphone", confie l’agrumiculteur qui ne "connaît pas non plus" la date exacte de sa première sortie. "Quand il sort, il est censé en tout cas passer à l’exploitation pour que l’on discute de ce qu’il y a à mettre en place."

"J’attends moi aussi qu’il sorte afin qu’il commence de suite à travailler. [...] Il va notamment voir et surveiller un peu ce qu'il y a à faire au niveau des traitements et des engrais."

François Gabrielli

Employeur d'Alain Ferrandi

Sur une vingtaine d’hectares, l’exploitant casincais cultive essentiellement des agrumes.

"Je fais surtout des pomélos, des clémentines et des citrons. J’ai aussi quelques oliviers et avocatiers", ajoute François Gabrielli qui attend l’arrivée d’Alain Ferrandi depuis plusieurs années : "ça fait 4 ou 5 ans que j’avais fait la demande. J’attends donc moi aussi qu’il sorte afin qu’il commence de suite à travailler. C’est un ancien éleveur qui a un BTA (brevet de technicien agricole, ndlr). Il va notamment voir et surveiller un peu ce qu'il y a à faire au niveau des traitements et des engrais. Avec lui, j’aurai donc trois salariés permanents."

"Ce retour à la terre est important pour mon père, confie son fils, Simon’Paulu Ferrandi. Il tenait à faire un travail en lien avec ce qu’il a toujours fait. Quand on a passé un quart de siècle enfermé, je suppose qu’il vaut mieux avoir un boulot où l’on est en extérieur la majeure partie du temps plutôt que dans un bureau."

Les débuts d'Alain Ferrandi sur l'exploitation agricole devraient coïncider avec la saison du "ramassage des pomélos", dixit François Gabrielli.

"En plus des engrais, il y aura ensuite la mise en place des arrosages", poursuit l'exploitant casincais qui se dit "confiant" pour la suite : "au téléphone, quand il a su qu’il était en semi-liberté, on sentait qu’il allait bien. Il y a quelques mois, il avait moins le moral. Il pensait qu’il ne s’en sortirait plus. Là, je l’ai senti soulagé. On va voir comment ça va se passer mais ça devrait aller. J’ai une petite exploitation où il y a du boulot toute l’année."

Deux week-ends par mois

En marge de son emploi en Casinca, Alain Ferrandi pourra se rendre deux week-ends par mois chez ses proches.

"Il a le droit de dormir un samedi chez sa sœur et un autre chez sa mère, précise Maître Davideau. Les autres week-ends, il peut sortir la journée mais doit rentrer le soir à la prison."

"Ces deux week-ends par mois vont nous permettre de passer du temps en famille, sans contrainte horaire pour une soirée, souligne Simon’Paulu Ferrandi qui indique que son père "a hâte que cette semi-liberté prenne effet". D’autant plus que le Parquet national antiterroriste (Pnat) n’a pas interjeté appel dans les 24 heures suivant la décision du Tapat, ce qui l’aurait suspendue de facto.

Alain Ferrandi devrait donc partiellement recouvrer la liberté dans trois semaines. Reste à savoir si sa première sortie pour (re)commencer à travailler aura lieu le 23 ou le 24 mars.

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