Enquête financière autour de la mairie d'Ajaccio : le directeur de cabinet et un adjoint au maire mis en examen

Antoine Maestrali et Stéphane Vannucci sont poursuivis pour trafic d'influence passif et corruption passive, portant à cinq le nombre de mis en examen dans le cadre de cette enquête pilotée par la Jirs de Marseille. Les deux hommes nient, par la voix de leur avocat, les faits qui leur sont reprochés.

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Un dossier qui continue de prendre de l'ampleur. Le directeur de cabinet du maire d'Ajaccio, Antoine Maestrali, et l'adjoint délégué au sport à la municipalité Stéphane Vannucci, ont été mis en examen pour trafic d'influence passif et corruption passive, et placés sous contrôle judiciaire, dans la soirée de ce vendredi 7 juin.

Des mises en examen qui surviennent dans le cadre "d'une information ouverte au tribunal judiciaire de Marseille", confirment par le biais d'un communiqué Me Jean-Charles Vincensini et Me Stéphane Nesa, conseils d'Antoine Maestrali. 

Ils précisent que leur client "conteste toute infraction, et a bien évidemment été laissé libre. Il combattra les hypothèses accusatoires qui lui sont opposées et s’attachera à convaincre de son innocence sur la base de ses actes et de ses propos, qui peuvent seuls lui être opposés."

Me Pierre-Laurent Audisio, avocat de Stéphane Vannucci, indique de son côté que son client conteste également "avec fermeté les faits qui lui sont reprochés". "La mise en examen lui donne la possibilité d'avoir accès au dossier, puis de faire valoir la défense de ses intérêts et [d'en] solliciter l'annulation", ajoute-t-il.

Enquête autour d'un "trafic d'influence", "prise illégale d'intérêt" et "corruption"

Cela porte ainsi à 5 le nombre de mises en examen dans ce dossier piloté par le juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, qui s'intéresse notamment aux conditions de vente d'une parcelle de terrain sur la route des sanguinaires, à Ajaccio, - l'affaire dite des "villas Amhan" -, mais également d'une attribution d'un commerce de bouche au marché d'Ajaccio, et des attributions de poste à la mairie d'Ajaccio et à la communauté d'agglomération du pays ajaccien.

Hier, vendredi, Johann Carta, réputé proche de la bande dite du "Petit Bar" et actuellement détenu pour autre cause, a également été poursuivi du chef d'extorsion en bande organisée, corruption active et trafic d'influence actif.

"Mon client conteste les faits qui lui sont reprochés, et qui concernent ses relations avec les élus de la mairie d'Ajaccio, explique son avocat, Me Fabien Perez. La démocratie requiert que les élus rendent des services aux citoyens. Monsieur Carta, qui appartient à une famille de commerçants appréciée et reconnue à Ajaccio, a parfois joué un rôle d'intermédiaire entre les élus et les citoyens. Le code pénal ne réprime pas ce rôle là. L'ensemble des protagonistes qui ont été entendus confirment qu'il n'y a pas eu de menaces ni de violences dans ce dossier. Je déplore que le traitement judiciaire réservé à monsieur Carta soit toujours exclusivement à charge."

"Cette enquête s'insère dans plusieurs dossiers ouverts par la JIRS"

Tard dans la soirée de jeudi, Michel Majdi Amhan, médecin, promoteur ajaccien, et propriétaire d'une des polémiques "villas Amhan", a été mis en examen pour "corruption active et extorsion en bande organisée" et placé sous contrôle judiciaire.

Une décision pour laquelle le parquet de Marseille a fait, selon nos informations, appel, demandant son placement en détention. L'homme, qui a fait un malaise lors de sa garde à vue, a été hospitalisé dans la soirée.

Son avocat, Me Pierre-Dominique Cervetti, fait remarquer que "cette enquête s'insère dans plusieurs dossiers ouverts par la JIRS, et Michel Amhan n'en est pas le fil rouge, les villas Amhan n'en sont pas le principal élement". Son client conteste dans ce cadre sa mise en examen.

Enfin, le même jour, Khalid Azhour, 30 ans, défavorablement connu des services de justice, a lui aussi été mis en examen. Ce chef d'entreprise multicarte aurait bénéficié de l'attribution d'un stand de boucherie au marché d'Ajaccio. En décembre dernier, il avait été placé en détention provisoire à la suite de sa mise en examen dans le cadre d'une autre affaire.

Deux autres personnes ont également été entendues en début de semaine dans ce dossier. Ces dernières ont été remises en liberté sans aucune poursuite à leur encontre.

Feuilleton politique et judiciaire

Pour rappel, dès leur édification, les deux somptueuses "villas Amhan", situées sur la route des Sanguinaires avaient créé la polémique. Damien et Michel Amhan, les deux frères qui en sont propriétaires, n'avaient notamment pas respecté les permis de construire, dépassant de plusieurs centaines de m2 la surface constructible allouée.

S'en est suivi un long feuilleton politique et judiciaire, qui a conduit à des condamnations pénales et administratives en contestation, pour la dernière juridiction, d’une délibération de la ville d’Ajaccio.

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