L'AC Ajaccio et Le Havre se retrouvent ce soir au stade François-Coty, pour la première journée de Ligue 2. Un match sous surveillance après les incidents survenus l'année dernière, qui avaient amené au report du match. Mais pour le président de l'AC Ajaccio, "il n'y aura pas d'incident".
L’AC Ajaccio reçoit ce soir Le Havre dans le cadre de la première journée de Ligue 2.
Un match surveillé de très près par les autorités et la Ligue professionnelle du football, après les incidents survenus en mai de l’année dernière.
Le 18 mai 2018, une quarantaine de supporter d’Ajaccio avait attaqué le bus des joueurs du Havre, devant le stade François-Coty.
Un comportement qui avait entrainé l’immobilisation du véhicule – une durite aurait été cassée par des jets de pierre -, et le report du match sur décision préfectorale.
Le bus des joueurs du Havre est bloqué à l'extérieur du stade François-Coty. Il a été la cible de projectiles lancés par des supporters ajacciens. pic.twitter.com/8khwENy04h
— France 3 Corse (@FTViaStella) May 18, 2018
« Il n’y aura pas d’incident »
Christian Leca, président nouvellement élu de l’AC Ajaccio, n’est pour autant pas inquiet : « il n’y aura pas d’incident. On a mis en garde tout le monde, les supporters et les joueurs, et tout se déroulera comme n’importe quel autre match. »
Pour l’AC Ajaccio, adopter un comportement exemplaire est nécessaire.
« On sait qu’on est observés de très près par les instances nationales de football, la presse et le grand public, et même un premier ministre qui s’est permis l’année dernière de faire des commentaires sur quelque chose qui ne le concernait pas du tout. »
Quelques jours après les perturbations provoquées par une minorité de supporters ajacciens le 18 mai, Edouard Philippe avait ainsi fait part dans un live Facebook de sa « consternation » et dénoncé « les pressions, les violences et insultes qui ont émaillé l’ensemble du match ».
« On veut juste joueur notre match »
Des propos qui avaient alors provoqué le courroux de l’ex-président du club, Léon Luciani, et qui n’étaient pas mérités, selon Christian Leca.
« Nous ne sommes pas des assassins, ni des criminels, on veut juste jouer notre match. On a vu passer des incidents bien plus importants pour lesquels le premier ministre de l’époque n’avait pas pris la peine de réagir », insiste-t-il, évoquant le match opposant le FC Mulhouse et le Grenoble Foot 38, en octobre 2015.
Des affrontements entre supporters avaient donné lieu à une intervention des CRS, et fait plusieurs blessés, dont un grave.
Sécurité renforcée
Des dispositifs de sécurité supplémentaires ont été mis en place, parmi lesquels un nombre conséquent de policiers mobilisés et un service d’escorte pour les joueurs havrais.
Mais Christian Leca est catégorique : « Tout ce qui pourra se passer à l’extérieur du stade ne nous concerne pas. La responsabilité du président de club de foot s’arrête à la porte du stade, et je suis parfaitement serein sur la bonne tenue du match. »
Pour le président du club corse, il est désormais temps « de mettre fin à toutes ces polémiques et jouer au football ».
« Aucune responsabilité » du club
Les perturbations causées par les supporters en mai 2018 avaient fortement impacté la direction du club.
Pour Alain Orsini, vice –président du club ajaccien, la faute incombait pourtant « aux forces de l’ordre » :
« Les incidents que nous regrettons et que nous condamnons ont eu lieu sur la voie publique qui mène au stade. La réglementation est très claire, la responsabilité incombe aux forces de l’ordre. […] Au moment où les incidents ont éclaté, elles étaient fort peu nombreuses et est arrivé ce qui est arrivé. »
Le vice-président avait ajouté que « le club n’ayant aucune responsabilité dans cette affaire, nous refuserons toute mesure dilatoire à notre encontre ».
Le match avait finalement été joué le lendemain des affrontements, et s’était clôturé sur une victoire aux tirs aux buts de l’AC Ajaccio.
« Racisme anti-corse »
Mais la polémique ne s’était pas arrêtée là : des élus insulaires avaient dénoncé un traitement médiatique et politique de l'affaire symbolique, selon eux, d'un « racisme anti-corse ».
Le président de l’assemblée corse, Jean-Guy Talamoni avait ainsi annoncé dans un communiqué vouloir « appeler à la constitution d’un collectif d’avocats corses, chargés d’organiser une riposte énergique et de faire valoir ainsi les intérêts moraux de notre peuple. »
Racisme anti-corse : j'appelle à la constitution d'un collectif d'avocats corses chargé d’organiser une riposte énergique et de faire valoir ainsi les intérêts moraux de notre peuple. Mon communiqué envoyé ce matin à la presse ⬇️ pic.twitter.com/sHbyFs9Ejd
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) May 22, 2018
Une proposition qui faisait suite au « déferlement de haine anti-corse, en particulier sur les réseaux sociaux ».
Gilles Simeoni, président du conseil executif, s’était lui interrogé dans un tweet si « dans ce climat d’hystérie anti-corse et face aux pressions politiques venues du plus haut niveau de l’État » la LFP saurait rester « impartiale et préserver le droit qu’a l’AC Ajaccio de jouer à Ajaccio le match de barrage contre Toulouse FC ».
La validation de la victoire de l’AC Ajaccio était alors encore au débat au sein de la ligue professionnelle de football.
#ACAHAC Dans le climat d'hystérie anti-corse et face aux pressions politiques venues du + haut niveau de l'Etat, la @LFPfr pourra-t-elle être impartiale & préserver le droit qu'a l'@ACAjaccio de jouer à #Aiacciu le match de barrage contre @ToulouseFC, droit acquis sur le terrain?
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) May 22, 2018
Le groupe Femu a Corsica avait quant à lui affirmé que la situation relevait d’un « scandale politique et de la mise en cause de l’honneur et de la dignité du peuple corse. »