Depuis 47 jours, le détenu insulaire est en grève de la faim, pour protester contre sa détention en isolement. La semaine dernière, un juge des libertés et de la détention avait rendu une décision favorable, mais le parquet a fait appel.
"C'est pire que de l'acharnement. C'est une mise à mort". Maître Christine d'Arrigo ne dissimule pas sa colère. Une nouvelle fois, après un espoir d'avancée dans le dossier de son client, Christophe Guazzelli, la déception a été rude.
Une détention "contraire à la dignité"
Depuis maintenant 47 jours, le détenu corse de 31 ans est en grève de la faim, pour dénoncer ses conditions de détention à l'isolement, sur une durée cumulée de 3 ans et 2 mois. Mais vendredi dernier, un juge des libertés et de la détention (JLD) avait rendu sa décision dans le dossier. Une décision qui allait dans le sens de Christophe Guazzelli, détenu à la prison de Grasse :
"L'instruction de la requête de Monsieur Christophe Guazzelli a ainsi permis d'établir que ses conditions de détention sont contraires à la dignité de la personne humaine, en raison de son maintien à l'isolement d'une durée excessive et disproportionnée".
Pour le magistrat, "cette détention doit se faire dans un cadre ordinaire, dans un centre pénitentiaire relevant de sa situation carcérale actuelle et permettant de voir préserver ses liens familiaux".
"Jusque-là, c'était moi, son avocate, qui le disait. Aujourd'hui, c'est un juge des libertés et de la détention, commente maître d'Arrigo. Mais apparemment, ça n'a pas changé grand-chose".
Décision mercredi 26 juillet au plus tard
En effet, si JLD avait fixé "un délai de 10 jours pour permettre à l'administration pénitentiaire de mettre fin à ces conditions de détention, par tout moyen", le parquet n'a pas tardé à faire appel de la décision, avec pour effet immédiat d'en suspendre les effets.
"On a vraiment l'impression qu'ils attendent que Christophe Guazzelli meure, assure maître d'Arrigo. A n'en pas douter mon client doit faire face à des forces occultes qui jouent avec sa vie, et interviennent sur des décisions administratives, voire judiciaires".
La décision en appel doit être rendue, au plus tard, mercredi prochain. Et là encore, maître d'Arrigo ne comprend pas pourquoi Christophe Guazzelli n'est toujours pas fixé. "Alors que quelqu'un est en train de mourir, il semblerait logique d'accélérer les choses. Mais pas dans ce cas-là. Il faudra attendre le dernier jour..."
Pour rappel, Christophe Guazzelli a été condamné le 5 juin dernier par la cour d'appel des Bouches-du-Rhône à 10 ans de réclusion criminelle pour un trafic de stupéfiants. Une affaire pour laquelle il s'est pourvu en cassation. Le détenu corse est parallèlement mis en examen et placé en détention provisoire dans l'affaire du double assassinat de l'aéroport de Bastia-Poretta.