Journal de bord d'une confinée : l'entraide se met en place entre les insulaires

Le confinement généralisé est entré en vigueur en Corse, comme partout en France, hier, mardi 17 mars, à midi. Une de nos journalistes raconte sa première journée de confinement. Et les initiatives solidaires, notamment, qui se mettent en place sur l'île durant cette période si particulière.

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  • CHAPITRE 1 : Le jour d'après...


Hier, juste après-midi, heure annoncée du début du confinement, nous avons fait l’inventaire des forces en présence dans l’immeuble. Cécile, qui travaille dans une grande surface, a rassuré tout le monde sur le fait qu’il y avait des stocks. « Ces derniers jours, on n’avait même pas le temps de mettre en rayon que les gens se ruaient sur nous et déchiraient les cartons directement sur les palettes. C’est la folie. Mais je vous assure que pour l’heure, on ne manque de rien ».
 
Cécile nous explique qu’elle va travailler sur des horaires de nuit pour réapprovisionner les gondoles de la grande surface et propose de récupérer les drives des personnes qui le souhaitent quand elle a fini son boulot. Pour se faire, nous échangeons nos numéros de téléphone. Je viens de faire les cinq étages afin de distribuer des attestations de sortie aux personnes qui ne possèdent pas d’imprimante. La quasi-totalité de l’immeuble en fait.

C’est arrivé au cinquième qu’a lieu la discussion d’organisation entre quatre d’entre nous. À distance. Cette distance qui nous rapproche finalement même si, depuis déjà une semaine, on s’est préoccupé entre voisins d’aider les personnes bloquées chez elles.
 


Soutenir les personnes fragilisées

Quelques minutes plus tard, je reçois un coup de fil. C’est Vanina Leca, la présidente de l’association Hors Normes, association qui, en temps normal, vient appuyer le travail des aidants de personnes en situation de handicap. Depuis le début de cette crise sanitaire, elle s’est proposée d’élargir son domaine d’intervention et de récupérer les drives des personnes fragilisées.
 

Les personnes âgées ne savent pas toujours faire des drives et il m’est impossible en tant qu’association de leur demander leur numéro de carte bleue pour le faire à distance pour elles. J’ai demandé une facilité de caisse de 1000 euros à une grande surface pour me laisser le temps de récupérer les chèques en livraison puis de leur ramener. 


Un élan de solidarité qui s’est étendu à toute la Corse. « Ce matin, j’ai appris une bonne nouvelle », me confie-t-elle, « les personnes âgées ne savent pas toujours faire des drives et il m’est impossible en tant qu’association de leur demander leur numéro de carte bleue pour le faire à distance pour elles. Le problème devenait récurrent alors j’ai demandé une facilité de caisse de 1000 euros à une grande surface pour me laisser le temps de récupérer les chèques en livraison puis de leur ramener. Cette facilité de caisse vient de m’être accordée sur Ajaccio ».
  Sa voix est enjouée au bout du fil. Je lui avais demandé de me rappeler pour essayer de la suivre en livraison dans le cadre d’un reportage et l’échange se prolonge. Elle me raconte que, lorsqu’elle a mis en place ce système d’entre-aide, elle a d’abord reçu les appels de dizaines de bénévoles basés aux quatre coins de l’île qui se proposaient de servir de bras mais très peu d’appels de personnes isolées.

« On aurait dit que les gens n’osaient pas. Mais, surtout, on s’est interrogé sur le buz qu’avait fait cette annonce sur les réseaux sociaux sans répercussion par ailleurs en terme de demande. Mais ceux qui avaient besoin de nous, s’informent-ils sur les réseaux sociaux ? Non ! ».
 
Alors, un membre de l’association a appelé le forum de RCFM et elle-même d’ordinaire plutôt discrète a pris son courage à demain pour enchaîner les interventions dans les médias. Bingo. Et depuis l’annonce du confinement, les personnes isolées osent enfin. La semaine dernière, elle était intervenue auprès d’une dame en attente d’une intervention chirurgicale et d’une personne âgée. Point.

 

« Quand cette crise sanitaire sera passée, on fera connaissance et on ira boire un pot ensemble »

Aujourd’hui, l’association croule sous les appels et la présidente a  même reçu des coups de fil de personnes vivant sur le continent dont un proche se trouve seul en Corse. Ce matin, Vanina a même demandé à l’un de ses jumeaux de 6 ans, Antony, de faire un dessin pour une dame âgée qui devait être livrée.
 

On dépose les courses devant la porte, jamais de contacts. Des fois, les plus âgés ne comprennent pas, ils ont envie de nous approcher et de nous remercier 


Elle me raconte comment les bénévoles procèdent pour les livraisons : « On dépose les courses devant la porte, jamais de contacts. Des fois, les plus âgés ne comprennent pas, ils ont envie de nous approcher et de nous remercier ». Alors, Vanina leur dit : « Promis, quand cette crise sanitaire sera passée, on fera connaissance et on ira boire un pot ensemble ». 

On a désormais conscience qu’on aura tous envie d’aller boire un pot ensemble. Mais plus tard…
 
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