Lundi 29 avril, six autres personnes ont été mises en examen par un magistrat instructeur de la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille dans le cadre d'une enquête pour "extorsion en bande organisée" et "association de malfaiteurs". Cette procédure cible certaines personnes suspectées d'être proches de la bande criminelle dite des "Bergers de Venzolasca".
Ce sont désormais dix personnes qui sont poursuivies dans l’enquête visant certains proches de la bande criminelle dite des "Bergers de Venzolasca".
Après les quatre mises en examen ordonnées en fin de semaine dernière, six hommes et femmes ont été mis en cause lundi 29 avril par le juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille en charge du dossier.
Ils font partie des personnes interpellées en début de semaine dans l'île. Toutes avaient été placées en garde à vue dans le cadre de cette information judiciaire ouverte en 2021 pour "blanchiment présumé, extorsions, travail dissimulé, blanchiment de ces crimes et délits et association de malfaiteurs", le tout en "bande organisée".
"19 personnes ont été entendues sous le régime de la garde à vue et plusieurs autres comme témoins par les services de police de la brigade nationale de lutte contre la criminalité organisée en Corse (BNLCOC), les services du groupe interministériel de recherche (GIR) de Corse et le service interdépartemental de police judiciaire (SIPJ) de Haute-Corse à Bastia, dans le cadre d’une procédure se rapportant notamment à une prise de contrôle d’un village de vacances au préjudice de la société gestionnaire et aux conditions d’exploitation d’une société de promenade en mer, en Haute-Corse", explique Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille, dans un communiqué diffusé ce mardi 30 avril.
Selon nos informations, les investigations se concentreraient notamment autour d’une tentative de prise de contrôle du complexe touristique Sandaya Cap Sud, situé en Plaine orientale, sur la commune de Venzolasca.
Pierre-Alain Mitridati a été mis en examen et placé en détention provisoire à la prison des Baumettes de Marseille. Âgé de 36 ans, ce père de famille est inconnu de la justice.
"Mon client a été mis en examen pour les faits qui lui ont été notifiés en garde à vue, indique son avocat, Maître Antoine Giudici. Sur ces faits, il en a reconnu deux en marge du dossier, qui sont d'une importance mineure. Il conteste fermement toute implication dans le dossier relatif à l’extorsion en bande organisée."
Également mis en examen, Michel Alesandrini a lui aussi été placé en détention provisoire au centre pénitentiaire d’Aix-Luynes. Répertorié comme "apporteur d’affaires", cet homme âgé d'une cinquantaine d'années dirige une société de consulting basée à Cervione.
"Mon client conteste formellement et avec la plus farouche détermination une quelconque implication dans ce dossier, réagit son conseil, Me Jean-Pierre Ribaut-Pasqualini. Le temps de l’instruction permettra de le démontrer."
Deux femmes sous contrôle judiciaire
En plus de ces deux hommes, deux femmes, Dominique Moracchini et Estelle Bianconi, ont également été mises en examen. Elles ont toutes deux été laissées libres et placées sous contrôle judiciaire, avec interdiction de se rendre en Corse.
Concernant Dominique Moracchini, qui conteste les faits qui lui sont reprochés, "l'accusation repose, selon son avocat Maître Julien Pinelli, sur des hypothèses et des spéculations qui résistent difficilement à une analyse objective et juridique du dossier", indique le pénaliste qui la défend avec Me Jean-Baptiste Ortali-Cipriani.
"Ma cliente a été placée sous contrôle judiciaire et l’information en cours permettra de démontrer qu’elle est parfaitement étrangère aux faits qui lui sont reprochés", indique de son côté Me Dominique Paolini, conseil d’Estelle Bianconi.
La première nommée est la compagne de Jules-André Albertini, la seconde l’épouse de Pierre Federici.
Ces deux hommes - par ailleurs cousins - ont également été mis en cause dans ce dossier et placés en détention provisoire en fin de semaine dernière.
Nicolas Bessone ajoute que les deux cousins ainsi que Pierre-Alain Mitridati et Michel Alesandrini sont "mis en examen de plusieurs chefs d’infractions recouvrant les faits d’extorsions en bande organisée, blanchiment de ces crimes, participation à une association de malfaiteurs, travail dissimulé en bande organisée, blanchiment de ces délits, abus de biens sociaux, recel d’abus de biens sociaux et faux en écriture privée".
Également incarcéré dans le cadre d'une autre procédure ouverte pour "jeux d'argent prohibés" et pilotée par le parquet de Bastia, Pierre Federici est le fils d’Ange-Toussaint Federici.
Présenté par les autorités policières et judiciaires comme le chef de la bande criminelle des "Bergers de Venzolasca", ce dernier purge actuellement une peine de 30 ans de réclusion (dont 20 ans de sûreté) à la suite de sa condamnation pour assassinat dans l’affaire dite de la "tuerie des Marronniers".
Concernant cette enquête pour extorsion et association de malfaiteurs en bande organisée, deux autres personnes ont également été placées sous contrôle judiciaire. Pour l'heure, leur identité ne nous a pas été confirmée.
Pierre-Louis Montet (59 ans) et Christophe Perfettini (48 ans) ont également été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire vendredi 26 avril. Le premier nommé est l'un des fondateurs de la société de sécurité Sisis, le second est l'actuel directeur de l'entreprise Hestia (ex-Sisis). Ce qui porte donc à dix, au total, le nombre de mis en cause dans ce dossier.
Dans son communiqué, Nicolas Bessone ajoute que "cette opération a permis la réalisation de plusieurs saisies sur des comptes bancaires pour un montant global avoisinant 520 000 euros".
Le procureur de la République de Marseille indique qu'un "véhicule a également été saisi" et que "les investigations se poursuivent dans le cadre de l’information judiciaire".