Alors qu'une dizaine de foyers de fièvre catarrhale sont actuellement recensés sur le territoire corse, la campagne de vaccination prend du retard. La plupart des éleveurs attendent une réponse d'aide au financement... qui devrait arriver la semaine prochaine.
Fin août 2020, Yann Guillevic, vétérinaire à Penta-di-Casinca, en Haute-Corse, avait déjà vacciné toutes les bêtes de sa clientèle contre la fièvre catarrhale. Cette année, à la mi-novembre, il n’en a toujours pas vacciné une seule : “les éleveurs sont réticents".
Il y a bien deux freins à la vaccination, cette année particulièrement, selon Sébastien Grech-Angelini, administrateur du groupement technique vétérinaire (GTV) de Corse : la période de gestation, “pas vraiment propice à la vaccination qui induit des manipulations en élevage” et le coût du vaccin.
"2000 euros pour mes 600 brebis"
Car cette année, faire vacciner son troupeau n’est pas gratuit. Jean Cardi, éleveur à San-Giuliano en Haute-Corse, en a fait l’expérience : “ça nous a couté dans les 2000 euros pour nos 600 brebis”. Une somme importante pour cet éleveur qui ne “se verse déjà pas de revenu d’habitude”. Il a dû repousser la réparation de son tracteur. Un gros sacrifice, “mais si vous perdez le troupeau, c’est encore plus cher !”
Il ne se voyait pas attendre. A 30km de son élevage, au sein d’un troupeau de Ghisonaccia, un foyer de fièvre catarrhale (FCO) a été déclaré il y a quelques semaines, en entraînant d’autres, sans que ça ne flambe pour autant. Un foyer avait aussi été déclaré à la même période vers Bonifacio en Corse-du-Sud.
La maladie n'aurait pas été rescencée en Corse depuis 2017
Selon les Groupements de Défense Sanitaire du Bétail Corse (GDS), la maladie de la “ langue bleue” n’avait pas été recensée sur l’île depuis 2017, bien que la Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF), indique de son côté qu’elle circule à bas bruit depuis plusieurs années.
Pour éviter une propagation de la fièvre catarrhale comme en Sardaigne où l’on comptait mi-octobre plus de 1400 foyers et 10 000 morts d’ovins, “la vaccination est le seul moyen pour réduire les signes cliniques et limiter la diffusion du virus”, considère le GDS.
Un vaccin payant car "l’Etat a dû jeter des milliers de doses périmées”
Mais depuis cette année, le vaccin n’est plus obligatoire ni remboursé en Corse. Selon la DRAAF, “même quand c'était gratuit, il y avait peu d’engagement des éleveurs, alors l’Etat a dû jeter des milliers de doses périmées”. La direction régionale a donc remis la charge d’organiser la campagne de vaccination dans les mains des groupes interprofessionnels.
Une prise en charge régionale bientôt annoncée
Des négociations sont en cours entre le GDS, l’Office du développement agricole et rural de la Corse (ODARC) et l'interprofession laitière ovine caprine Corse (Ilocc). Et selon Jean-Louis Paoli, président de l'Ilocc, une réponse claire aux éleveurs sur la participation au financement du vaccin devrait être apportée “courant de la semaine prochaine”, soit à partir du 15 novembre.
La réponse devrait ressembler aux modalités suivantes : une prise en charge régionale de 70 à 80% du prix du vaccin, restant donc à charge 20 à 30% pour l’éleveur, soit 0,50€ par bête, dans la mesure où le vaccin retenu - Sylvazul - coûte 2,50€ la dose. Les éleveurs devront alors contacter leur vétérinaire pour faire vacciner leur troupeau en avançant les frais, avec que le GDS ne les remboursent sur facture.
Jean Cardi, l’éleveur de San-Giuliano pourrait alors, lui aussi, être remboursé et ainsi, en mesure de réparer son tracteur.