Dans un communiqué de deux pages, trois syndicats de police apportent leur soutien à leurs collègues de la police judiciaire de Corse dans l'affaire des fuites présumées lors d'un coup de filet partiellement manqué en septembre dernier. Et attaquent subtilement les magistrats. 

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C'est la seconde fois en quelques semaines que l'intersyndicale Synergie Officiers, Syndicat des cadres de la sécurité intérieure et Union des officiers, soutient publiquement la police judiciaire (PJ) de Corse. 

Mardi, dans un communiqué, titré "Quel est le prix de la confiance ?", les syndicats sont revenus sur l'affaire des fuites présumées lors d'un coup de filet partiellement manqué, en septembre dernier, dans l'enquête sur la tentative d'assassinat contre Guy Orsoni en 2018

Une suspicion qui a conduit la magistrate de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, en charge des investigations, à dessaisir la PJ du dossier au profit des gendarmes de la section de recherche de Corse.

"Ils ont pris des décisions dans un but légitime"

Le départ du directeur régional de la police judiciaire, Lucien Arléri, arrivé il y a quelques mois en Corse, est décidé fin octobre. Tout comme ceux de trois fonctionnaires, affectés à la brigade nationale de lutte contre la criminalité corse (BNLCOC), mutés vers des postes administratifs.

Il est reproché aux enquêteurs d'avoir passé un marché avec une figure du grand banditisme insulaire. Cette dernière est suspectée d'avoir fourni une aide logistique à la bande du Petit Bar dans la tentative d'assassinat visant Guy Orsoni en septembre 2018. Le deal : que l'homme donne le nom de la personne qui informe les voyous au sein de la police, en échange de quoi ils fermeraient les yeux sur son implication dans le dossier.
"Des mesures administratives, aussi fortes que celles annoncées n’étaient pas de nature à rassurer les enquêteurs confrontés tous les jours à des difficultés et des risques leur demandant initiative et responsabilité", regrette l'intersyndicale. "Les personnels de la PJ de Corse dans cette affaire avaient pris des décisions et agi en leur âme et conscience, dans un but légitime, et en s’exposant à un risque qui, malheureusement s’est retourné contre eux", continue-t-elle

"Plantages" des magistrats

Les policiers n'hésitent de leur côté pas, non plus, à remettre en cause le travail des magistrats. 

Ainsi, ils qualifient notamment de "plantage" l'annulation en cassation, fin octobre, de la condamnation d'Éric Coppolani dans l'affaire de l'assassinat d'Antoine Nivaggioni. La cour d'appel de Marseille l'avait alors condamné à 25 ans de prison. Le communiqué précise : "Au motif « que la circonstance aggravante de "bande organisée" adossée à la condamnation pour l'assassinat venait en doublon de "l'association de malfaiteurs" sanctionnant la participation de... »"

"Évoque-t-on la perte de confiance des policiers pour ceux des magistrats qui ont fait ces choix procéduraux « malheureux » ? Entend-on parler de mesures de déplacement ? Les médias, se déchaînent-ils au-delà du simple débat juridique ? Non", continuent les policiers. 

Climat tendu entre la justice et les services d'enquête

Un contexte de défiance important règne depuis plusieurs années entre la justice et les services d’enquête.

L’an passé, Franck Rastoul, alors procureur général, avait ainsi réclamé dans un courrier adressé à la direction des affaires criminelles et des grâces le départ du chef de police judiciaire, Christian Sivy. Ce dernier était en poste depuis 2014.

Des soupçons de porosité avec le banditisme dans plusieurs enquêtes menées par la police judiciaire avaient alors été relevés par le haut magistrat, de même qu’un "problème de relation de confiance avec les deux parquets du ressort".

Christian Sivy a depuis quitté ses fonctions en Corse. Depuis l'été 2020, il a rejoint la direction interrégionale de la PJ de Bordeaux.
 
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