Le procureur de la République d'Ajaccio a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête préliminaire pour tromperie dans l'affaire du "vin" bleu de Corse, produit par la société Imajyne.
Les frères Milanini, gérants de la société Imajyne, étaient-ils au courant ou non de la présence de colorant E133 dans leur boisson, qui lui donnait ainsi sa couleur bleue ? C'est l'une des questions à laquelle l'enquête préliminaire pour tromperie, ouverte hier, jeudi 22 novembre, à Ajaccio, aura la tâche de répondre.
Une enquête qui fait suite à la garde à vue de Sylvain et Bruno Milanini, et de leur associé Thierry Lebegue, mardi. Les versions présentées par ceux-ci lors de ces dernières, notamment concernant leur possible ignorance de la présence d'un colorant d'origine non-naturelle dans le "vin", auraient divergé.
"On a des auditions qui n'ont pas permis de faire complètement la lumière sur cette affaire, si ce n'est d'établir ce que l'enquête avait déjà établi, c'est-à-dire l'utilisation d'un colorant pour obtenir le vin bleu" explique Eric Bouillard, procureur de la République d'Ajaccio. "Nous sommes aujourd'hui dans une phase de contre-expertise qui devrait se terminer au début de l'année 2020."
Après quoi "des décisions seront prises, et sans aucun doute, la saisie du tribunal correctionnel pour tromperie", de nombreux élements concordants ayant déjà été présentés. L'enquête étant préliminaire, aucune mise en examen n'a à cette heure été prononcée.
Les producteurs d'Imajyne risquent jusqu'à 2 ans d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende.
"Pas du vin"
Un goût de rosé mais une couleur qui rappelle plutôt la mer. Le "vin" bleu Imajyne, cette boisson à base de muscat et de vermentinu produite en Corse aura rapidement fait parler de lui dès ses premières vendanges, en août 2017. Des bouteilles issues du domaine des frères Milanini, et créées pour rendre hommage à leur père disparu.
« Nous vinifions à base d’algues, de minéraux et de végétaux. Les algues, les minéraux et les végétaux nous permettent de diminuer au maximum les sulfites et par le plus grand des hasards, on a eu une couleur particulière qui n’était pas voulue. Notre vin est sorti bleu », relate alors Sylvain Milanini.
Sauf qu'après une expérimentation menée par des étudiants de l'Université de Toulouse, des traces du colorant E133 sont retrouvées dans le beuvrage.
Des faits contestés par les frères Milanini, qui présentent un second rapport n'en faisant pas la mention. Mais très vite, il apparait que le rapport d'analyse aurait vraisemblablement été falsifié.
Pour la DGCCRF, saisie de l'affaire, le breuvage, "très cher" (autour de 30 euros la bouteille) ne serait tout simplement "pas du vin". Le procureur de la République ouvre de son côté une enquête pour pratiques commerciales trompeuses, amenant à ces dernières gardes à vue, mardi.