Le président de la République vient d'opposer une nouvelle fin de non-recevoir aux revendications nationalistes. Dans ce contexte tendu, le collectif Patriotti prépare la manifestation du samedi 13 avril à Bastia. Mot d'ordre : stop à la répression des anciens "prisonniers politiques".
Tractage, affichage et derniers détails à mettre en place avant la manifestation : à quelques heures de la mobilisation organisée ce samedi 13 avril à Bastia, les membres du collectif Patriotti procèdent aux derniers préparatifs.
Parmi eux, Félix Benedetti, anciennement inscrit sur la liste des prisonniers dits politiques. Pour le militant de Core in Fronte, le mot d'ordre est simple : stop à la répression.
Fijait, amendes et libération des détenus
« Il y a des procédures judiciaires à répétition, détaille Félix Benedetti. Il y a également l'inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions terroristes (Fijait), qui est normalement destiné aux islamistes radicaux. Or, nous n’avons rien à voir avec eux. Ensuite, il y a aussi des amendes, exorbitantes, de centaines de milliers d’euros, que l'on demande à la sortie de prison. C’est inacceptable. On se défend collectivement ».
Autre réclamation : la libération des dix détenus nationalistes inscrits sur la liste des prisonniers toujours incarcérés, dont Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna, condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac et qui restent les seuls prisonniers nationalistes encore détenus sur le Continent.
Le tract de la coordination porteuse de la demarche de la #Manifestation #TuttiInBastiaU13 pic.twitter.com/cYNnDmdlMy
— Patriotti : Anciens prisonniers Politiques (@CollectifAPP) 10 avril 2019
"Réunir les anciens prisonniers politiques"
C'est le collectif Patriotti qui est à l'initiative de la manifestation organisée ce samedi.
Actif depuis un an, il regroupe des militants nationalistes issus de plusieurs mouvements et structures politiques, syndicales ou associatives. 110 anciens prisonniers dits politiques ont adhéré au collectif, créé au départ pour protester contre l'inscription de ces derniers au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions terroristes (Fijait).
Aujourd'hui, Patriotti a étendu ses revendications et se veut une structure apolitique rassemblant les militants au-delà des différents partis nationalistes. Le collectif entend en outre défendre tous les prisonniers nationalistes, contrairement aux associations de soutiens aux détenus déjà existentes, affiliées pour la plupart à des partis politiques.
« Nous avons décidé pour la première fois dans l'histoire du nationalisme corse de nous réunir entre anciens prisonniers politiques pour s’organiser et pour défendre nos intérêts, et pour se défendre contre les attaques de l'État français qui continue sa répression en dépit des libérations », soutient Jean-Philippe Antolini, porte-parole du collectif Patriotti.
Ralliement tardif de Pè a Corsica
Reste que la démarche d'union prônée par le collectif Patriotti n'a pas fait l'unanimité auprès des militants nationalistes. Iviu Loviconi, par exemple, identifié par le collectif lui-même comme un "ancien prisonnier politique" a publié sur les réseaux sociaux une "lettre ouverte aux nationalistes" dans laquelle il dénonce les "moyens (...) manipulatoires" utilisés par Patriotti à des fins politiciennes.
La coalition Pè a Corsica et l'associu sulidarità ont pour leur part attendu la dernière minute avant de se rallier à l'appel à manifester du collectif.
Appel à la mobilisation
Les anciens prisonniers dits politiques ont, eux, été nombreux à appeler à la mobilisation.
Parmi ces derniers, se trouve Nicolas Battini, 25 ans. Le jeune militant nationaliste a été libéré le 30 mars dernier, après avoir purgé une peine de six ans de prison, infligée par une juridiction spécialisée.
Désormais installé dans son village de Bustanicu, il entend se consacrer à des activités agricoles. Il sera pourtant bien présent samedi à la manifestation.
"Stop à la répression"
Dans un communiqué, daté du 12 avril, la Ligue des droits de l’Homme section Corse a indiqué qu’elle participerait à la manifestation. Elle évoque notamment une « répression hors du temps », et dénonce « les propos présidentiels affirmant une responsabilité collective dans l’assassinat du préfet Erignac ».
@FTViaStella le President de la République «autant la page a été tournée sur Aleria autant. Elle ne l’a pas été sur l’assassinat du préfet Claude Erignac. » « Tant que cette part mémorielle n’aura pas été fait...ceux qui n’ont pas fait ce travail feront bégayer l’histoire »
— Anne-Marie Leccia (@annemarieleccia) 4 avril 2019
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