Alors que dans toute l'île les éleveurs ovins subissent de plein fouet le retour de la fièvre catarrhale, une réunion de la FDSEA de Haute-Corse est l'occasion de faire le point sur l'ensemble de la filière agricole ce vendredi 9 août.

Les témoignages d'éleveurs s'enchaînent ce 9 août, à l'occasion d'une réunion organisée par la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles) de Haute-Corse à Ghisonaccia. Les éleveurs vivent en effet un véritable cauchemar cet été. A l'appui des chiffres qui parlent d'eux-mêmes, selon la chambre d'agriculture de Haute-Corse, près de 1 000 brebis seraient mortes rien qu'au mois de juillet à cause du sérotype 8 de la FCO (Fièvre Catarrhale Ovine).

Aussi appelée maladie de la "langue bleue", ce virus se transmet aux ruminants (ovins, bovins, caprins) via les moucherons piqueurs. En Corse, la maladie, dans son sérotype 4, est recensée depuis le début des années 2000 et a été à l’origine d’une importante épizootie en 2003. Si elle est sans danger pour l'être humain, elle peut causer d'importants dégâts dans les cheptels.

Bave, saignements nasaux, boitement, perte d'appétit... autant de symptômes que les éleveurs corses craignent de découvrir chaque matin dans leur troupeau, alors que le virus n'arrive généralement que fin septembre.

Des éleveurs inquiets

Alors qu'une quarantaine d'exploitations seraient touchées et que près de 3 000 brebis ont déjà succombé l'année dernière, cette épidémie concerne désormais l'ensemble de la Corse et inquiète les agriculteurs, comme Philippe Meynier. "Notre quotidien est terrible puisque, tous les matins, on ramasse des carcasses et on appelle l'équarrisseur, témoigne cet éleveur ovin à Antisanti, au micro de notre journaliste Juliette Vincent. L'année dernière, c'était encore pire puisqu'on n'a pas réussi à avoir de production de lait, donc il va bien falloir trouver une solution."

L'été s'annonce extrêmement tendu pour la filière ovine, mais selon les agriculteurs, la filière bovine et caprine pourraient aussi être impactées. Toutes ces difficultés ont été soulevées ce matin à Ghisonaccia.

"Au niveau sanitaire, ce que nous voudrions, c'est une organisation plus pertinente et efficace", lance Joseph Colombani, président de la FDSEA Haute-Corse, qui se demande s'il y a encore un intérêt à être berger sur l'île en 2024 lorsque la moitié du lait est importée. "On a vu les difficultés pour avoir des vaccins, ajoute-t-il. Il faut aussi une réactivité plus forte au niveau l'état de sécheresse, qui n'a pas été reconnu et pour lequel nous n'avons toujours pas reçu d'indemnisation de la part de l'État. On voudrait aussi une intervention concernant l'abattoir petits ruminants, pour donner de la trésorerie aux agriculteurs".

Ici, tous travaillent activement pour trouver des solutions et espèrent que l'État entendra leurs inquiétudes.

Des vaccins et des réticences

Cette année encore, la vaccination des troupeaux sera rendue gratuite et accessible à tous éleveurs corses. Une précédente réunion, le 30 novembre dernier, entre la Draaf (Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt) et les représentants de la filière ovine avait également débouché sur un accord de dédommagement de 364 € par brebis décédées (à condition que leur renouvellement se fasse avant le 31 décembre 2024).

Certains éleveurs ont toutefois vacciné de manière tardive leur cheptel, par peur que cela impacte le rendement de la production de lait. Les effets secondaires sur la lactation seraient pourtant très limités, selon les autorités sanitaires. Le 31 juillet dernier, Dominique Livrelli, président de l'Odarc (Office du Développement Agricole et Rural de la Corse) rapportait que 50 % des éleveurs avaient choisi de ne pas vacciner leur troupeau. Dernièrement, ce sont 25 000 doses de vaccin, censé être efficace un an, qui sont arrivées sur l'île, d'après la Draaf.

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