"La situation sur l'île est très critique", près de 1000 brebis mortes et plus de 40 élevages touchés, la fièvre catarrhale frappe à nouveau la Corse

De nombreux cas de fièvre catarrhale ovine sont recensés depuis plusieurs semaines sur l'île. Face à l'augmentation d'animaux décédés, la chambre d'agriculture de Haute-Corse et l'Odarc craignent une propagation rapide de l'épidémie, et appellent les éleveurs à vacciner leur troupeau.

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C'est un mal dont les éleveurs se passeraient volontiers, et auquel ils doivent cette année faire face plus tôt qu'attendu. Depuis le début du mois de juillet, des cas de fièvre catarrhale ovine (FCO), également connue sous le nom de "Bluetongue" ou maladie de la langue bleue, sont recensés aux quatre coins de l'île.

Si les chiffres globaux n'ont pas encore été remontés, on compterait, depuis le début du mois, "à peu près 1000 brebis mortes" et plus d'une quarantaine d'élevages touchés, selon Fabien Lindori, élu au sein du bureau de la chambre d'agriculture de Haute-Corse.

Une situation "très critique". Et d'autant plus considérant que cette maladie ne se déclare habituellement pas avant la fin septembre, souligne-t-il. "L'an dernier, on estime que 3000 brebis étaient mortes, et ça n'avait repris qu'en octobre. Cette année, nous en sommes déjà à 1000, alors qu'une épidémie de catarrhale peut durer jusqu'à la mi-décembre selon le climat", souffle Fabien Lindori. "Nous redoutons que les chiffres s'alourdissent de jour en jour."

Une épidémie qui frappe cette année sans distinction en Corse, quand les cas se concentraient auparavant dans l'Extrême Sud et en plaine orientale, note-t-il. "On a des cas dans le Sud, dans le Cap Corse, en Balagne... C'est vraiment partout."

Appel à une large vaccination

Pour contrer cette épidémie, une seule solution a à ce stade fait ses preuves : la vaccination. Problème, nombre d'éleveurs rechignent encore à immuniser leur cheptel, s'inquiétant notamment de possibles effets sur la lactation - qui seraient pourtant très limités selon les autorités sanitaires -.

En 2023, face à l'arrivée du sérotype 8 de la maladie - le même qui sévit cette année - sur l'île, la vaccination gratuite et pour tous sans condition avait été accordée. Une démarche qui n'avait malheureusement pas été suivie des effets escomptés, rappelle Dominique Livrelli, président de l'Odarc, l'office du développement agricole et rural de la Corse : 50 % des éleveurs avaient malgré tout choisi de ne pas vacciner leur troupeau.

Cette année, la même campagne a été lancée, avec l'espoir d'une vaccination très large des troupeaux. "On espère que l'ensemble des éleveurs le feront", indique Dominique Livrelli, quand Fabien Lindori poursuit : "Dans les derniers chiffres que nous possédons, les élevages vaccinés ne portent pas la catarrhale. Donc j'invite les éleveurs, notamment ceux de Balagne, du Nebbiu et dans le Cap Corse, qui n'ont jamais eu de cas avant, à se rapprocher au plus vite de leur vétérinaire et du GDS (groupement de défense sanitaire) pour vacciner leur troupeau, en espérant qu'ils arrivent à passer entre les gouttes."

Une aide d'urgence très incertaine

Vaccin ou non, y aura-t-il des indemnisations pour les éleveurs déjà frappés par la FCO ? Si l'an passé, une aide d'urgence avait été débloquée pour les professionnels, avec une enveloppe totale de 375.000 euros financée par l'Etat (225.000 euros) et la Collectivité de Corse (150.000), avec jusqu'à 364 euros par animal perdu, cette année, rien n'est moins sûr.

"L'an dernier, les indemnisations étaient faciles à mettre en place parce que le sérotype 8 n'était pas en Corse. Cette année, ce sera sûrement beaucoup plus compliqué, prévient Dominique Livrelli. Je pense que nous n'aurons pas d'autorisations pour lancer une campagne d'indemnisations."

À la chambre d'agriculture de Haute-Corse, on enjoint dans ce cadre vivement les éleveurs à déclarer l'ensemble de leurs animaux morts, et à lancer des analyses pour prouver la cause du décès.

"On a besoin de ces chiffres pour travailler là-dessus, insiste Fabien Lindori. Le dernier chiffre officiel au niveau de la Corse, c'est 100 brebis mortes pour 40 élevages touchés. On sait pertinemment que c'est faux. On sait que la Draaf (direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) ne veut rien entendre pour le moment, mais si on ne dispose pas de ces chiffres véritables, on ne pourra pas appuyer."

Car sans indemnisation, estime Fabien Lindori, c'est tout l'avenir de la filière qui pourrait être très rapidement menacé.

Qu'est-ce que la fièvre catarrhale ?

Originaire des zones subtropicales, la fièvre catarrhale est une pathologie virale qui touche les ovins, les caprins et les bovins. Détectée en Europe pour la première fois dès la fin des années 1950, au sud de l’Espagne et du Portugal, elle circule en France continentale depuis 2006.

En Corse, la maladie, dans son sérotype 4, est recensée depuis le début des années 2000, et a été à l’origine d’une importante épizootie en 2003.

Dans l'île, c'est un moucheron qui est vecteur de la maladie. La dernière épidémie constatée, l'an dernier, est survenue avec une particularité : l'apparition d'un nouveau variant, à savoir le sérotype 8.

Si cette maladie n'affecte pas l'homme et n'a aucune incidence sur la qualité sanitaire des denrées issues des animaux malades, elle peut provoquer la mort des bêtes et des avortements chez les femelles infectées. Les symptômes sont les mêmes pour les sérotypes 1, 8 et 4 : fièvre, troubles respiratoires, salivations, œdème de la face, cyanose de la langue.

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