En soutien au professeur du collège Giraud menacé de mort, des enseignants ont débrayé lundi 11 décembre dans les écoles, collèges et lycées de l'île. Pendant une heure, les cours n'ont pas été assurés dans de nombreux établissements.
L'appel au débrayage dans tous les établissements scolaires de l'île avait été lancé vendredi dernier par le STC.
Ce lundi 11 décembre, l'ensemble des syndicats de l'Éducation nationale (FSU, SNES, SENP, SGEN-CFDT, SNALC, SNUIPP, UNSA, CGT Éducation) s'est associé à l'opération qui a eu lieu de 8 heures à 9 heures, en soutien au professeur du collège Giraud menacé de mort par un parent d'élève.
Par conséquent, ce matin, de nombreux enseignants n'ont pas assuré leurs cours pendant une heure. C'était notamment le cas au Lycée Fesch d'Ajaccio.
"Il s'agit d'être solidaire, quelle que soit la violence exercée contre des collègues, indique François Lanfranchi, professeur de Corse dans l'établissement ajaccien. Il s'agit de remettre un peu de sérénité et de dignité dans le comportement des gens, quels que soient les motifs, afin que cette institution et les gens qui y travaillent soient protégés et considérés pour ceux qu'ils sont."
En marge de ce débrayage, le recteur d'académie, Jean-Philippe Agresti, s'est rendu au collège Giraud de Bastia vers 11 heures pour s'entretenir avec la direction et les professeurs de l'établissement. Il a également rencontré l'enseignant victime des menaces.
Le reportage de Marc-Antoine Renucci, Clément Tronchon et Fabien Bernardini :
Du côté des élèves insulaires, les récents événements du collège Giraud font également réagir :
"En tant que lycéen, je trouve ça inadmissible, confie Bastien, élève de Première au lycée Fesch d'Ajaccio. Je pense que ce climat de tension entre professeurs parents d'élève est vraiment très dangereux. Nous, en tant que lycéens, on ne nous en parle pas trop, on ne nous donne pas trop de solutions face à ces problématiques. Je trouve ça assez embêtant. Il y a des professeurs qui ont des comportements inadmissibles envers des élèves ou des parents d'élèves. Et, en retour, il y a aussi des parents d'élèves qui disent des choses comme ça. Ce n'est pas possible et c'est insensé."
Depuis quelque temps, le jeune homme ressent "un climat général tendu dans l'Éducation nationale" :
"On le voit actuellement avec des alertes à la bombe, des alertes attentat. Je vous avoue qu'en tant que lycéen, ça nous tend énormément et ça nous angoisse beaucoup. Finalement, ça nous met même des barrières dans notre travail."
Si, du point de vue de certains enseignants, parler d'un climat de tension générale serait un "peu exagéré", "il faut en tout cas, quoi qu'il en soit, s'en prévenir", souligne François Lanfranchi, qui ajoute : "même si c'est ponctuel, il y a des débordements. Il faut installer cette sérénité et faire en sorte que le rapport soit plus fluide, plus humain et plus respectueux".
Deuxième cas cette année
Dans cette affaire du collège Giraud, une enquête a été ouverte par le parquet de Bastia à la suite d'un dépôt de plainte de l'établissement. Depuis, la mère de l'élève a exprimé des regrets.
Cette année, en Corse, il s'agit du deuxième cas de menaces verbales contre des membres de la communauté éducative.
En mars dernier, des enseignants du collège du Fium'Orbu avaient exercé leur droit de retrait en raison de relations conflictuelles avec un parent d’élève.