Alain Thirion, ancien préfet de Haute-Corse et actuel directeur général de la sécurité civile a été testé positif au Covid-19, souche de coronavirus. L'homme est soupçonné de ne pas avoir respecté toutes les consignes sanitaires dans l'exercice de ses fonctions, alors qu'il présentait des symptômes.
Selon le dernier bilan présenté le 22 avril par le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, depuis le début de la pandémie de Covid-19, 119.151 Français ont été diagnostiqués positifs.
Parmi ceux-ci, plusieurs célébrités - Patrick Bruel, ou encore le chanteur Christophe, qui en est tristement décédé à l'âge de 74 ans le 26 mars dernier, pour ne citer qu'eux - ; mais également des élus et personnalités politiques - Franck Riester, ministre de la Culture, ou Brune Poirson, secrétaire d'état à la Transition écologique -.
Dernier en date à rejoindre ce palmarès peu convoité : Alain Thirion, directeur général de la sécurité civile.
Respect approximatif des consignes sanitaires
Celui qui a été, de mai 2015 à février 2017, préfet de Haute-Corse, fait ainsi partie des six membres de la cellule de crise du ministère de l’Intérieur positifs au Covid-19. Une information révélée par Médiapart qui embarrasse le ministère de l'Intérieur.Car selon des sources interrogées par nos confrères, Alain Thirion, bien que présentant des signes grippaux, n'aurait pas respecté toutes les consignes sanitaires en vigueur.
Europe 1 avance ainsi le témoignage d'une source travaillant pour la cellule interministérielle de crise (CIC), où quelque 70 personnes se relaient en continu pour gérer les conséquences de la pandémie dans le pays : "il se tenait très près de ses interlocuteurs, touchant l'épaule de l'un, le stylo de l'autre... et surtout, il toussait en permanence !"
Testé à trois reprises
Depuis le début de la crise sanitaire, en mars dernier, le directeur général de la santé a pourtant été testé pour le nouveau coronavirus à trois reprises. Le 23 mars, au lendemain d'une conférence de presse tenue en commun avec le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, Alain Thirion, souffrant de symptômes grippaux, est ainsi dépisté une première fois.Le résultat est négatif, et il reprend donc sa place au sein de la CIC après seulement quelques jours d'absence.
Il est à nouveau testé quelques jours plus tard, toujours en raison de signes grippaux. Là encore, le diagnostic revient négatif, et l'ex préfet de Haute-Corse reprend son poste, "suscitant parfois la gêne autour de lui", précise une source à nos confrères d'Europe 1.
Alain Thirion reçoit finalement l'ordre "d'en haut" de s'arrêter le 10 avril. Il est dépisté dans la foulée, et cette fois, le test se révèle positif. Entre temps, plusieurs autres membres de la cellule de crise du ministère de l'Intérieur sont infectés par la maladie, sans qu’il soit possible, pour autant, d’établir avec certitude la source de contamination.
Les locaux de la CIC ont depuis été décontaminés. Le préfet Alain Thirion est de son côté en arrêt maladie.
Visé par une enquête préliminaire pour harcèlement moral et sexuel
L'ex préfet de Haute-Corse avait déjà fait l'actualité pour une toute autre affaire en février dernier. L'homme est ainsi visé par une enquête préliminaire pour harcèlement moral et sexuel. L'ancienne sous-préfète de Calvi, Anne Ballereau (d'août 2014 à août 2016), a déposé plainte contre lui en décembre 2019. Une affaire alors révélée par Corse-Matin.Alain Thirion, révèle le procès-verbal de dépôt de plainte, alors supérieur hiérarchique d'Anne Ballereau, aurait insisté à plusieurs reprises pour qu'elle dorme à la préfecture, en ajoutant que sa femme était "sur le continent" et lui intimant de ne pas faire "la difficile".
"Dès que je le voyais à la préfecture ou autre, il insistait fortement en me faisant la bise. Il glissait discrètement ses lèvres vers mon cou et me touchait avec sa main le bas du dos. Il passait son bras autour de ma taille, toujours sur le ton de la rigolade devant les gens. Il était très tactile, il savait que je n'aimais pas cela et il en tirait encore plus de satisfaction", décrit encore l'ex-sous-préfète aux policiers.
Anne Ballereau reproche aussi à Alain Thirion des humiliations professionnelles. Ce dernier la faisait "passer pour incompétente", affirme-t-elle.