Après les récentes inondations en Haute-Corse, le préfet s'est rendu à Penta-di-Casinca, dans un lotissement régulièrement touché par la crue du Fium'altu. Dans la zone, la destruction de 30 maisons a été décidée après la crue de 2015.
Ce jeudi matin, bottes et habits de pluie étaient de rigueur. Pendant deux heures, les autorités ont fait le tour d’un des lotissements les plus touchés par les inondations à San Pellegrino.
À l’intérieur des maisons, les pompiers et les hommes de la sécurité civile tentent de faire disparaître les traces de boue. Dans une des maisons, presque tout le mobilier du rez-de-chaussée est à jeter. Dans les habitations, l’eau est montée à plus de 40 centimètres de hauteur.
Yvette Bastiani a 87 ans. Sinistrée, elle revient chez elle pour la première fois depuis la crue. Elle assiste, fataliste, aux opérations de nettoyage. « C’est la sixième ou septième fois. J’ai eu jusqu’à 1,10 mètre d’eau dans cette maison », livre-t-elle.
Le préfet et le maire ont été interpellés plusieurs fois par des habitants inquiets. Dans les lotissements, après les inondations de 2015, deux zones avaient été définies. Dans le centre, les villas peuvent continuer à être habitées, les assurances doivent indemniser les habitants. Près de l’embouchure et de la mer, en revanche, 26 maisons sont vouées à disparaître.
Plus de valeur
Face aux montants des indemnisations, jugés trop bas, les négociations sont en cours, comme l’a rappelé le préfet. « L’État rachète la maison qui va être démolie. Il y a une négociation qui peut parfois être compliquée, mais on y arrive. […] Ensuite, en dehors de la bande de retrait, les propriétaires, ont la possibilité, de créer une zone refuge », précise Gérard Gavory, préfet de Haute-Corse.
Tout le secteur est classé inondable et les maisons n’y ont plus de valeur. Pourtant, un sinistré apprend aux autorités qu’il vient d’emménager avec sa femme et son enfant. Il a acheté la maison il y a un mois, sans avoir eu connaissance du danger réel.
Il envisage de déposer plainte pour tromperie et demande l’annulation de la vente. « On ne m’a jamais dit qu’il allait arriver des vagues d’1,50 mètre. Sinon je n’aurai jamais acheté une maison comme ça. Je ne comprends pas, à l’heure actuelle, comment on a pu vendre une maison dans un état comme ça, en sachant qu’il y a des inondations énormes », témoigne Christian Pieri, habitant sinistré.
Les parcelles situées derrière le lotissement s’appellent « la crue ». Toute la zone est, en fait, le déversoir naturel des eaux du Fium’altu.