Les autorités italiennes avaient demandé l'extradition de Marco Furfaro, soupçonné d'avoir aidé un chef repenti de la Mafia italienne lors de sa cavale en Corse. L'homme, originaire de Bastia, refusait d'être extradé, évoquant des risques pour sa sécurité. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bastia a donné son accord ce jeudi 12 décembre.
Marco Furfaro l'espérait, mais il n'y échappera pas : il sera extradé vers l'Italie prochainement, comme le réclamaient les autorités italiennes depuis le début de la semaine.
Ce jeudi 12 décembre, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bastia a donné son accord à la demande d'extradition. En début de semaine, un mandat d'arrêt européen avait été émis par le tribunal de Cagliari en Sardaigne du chef "d’aide à un criminel aggravée par l’objectif de faciliter l’activité d’une organisation criminelle mafieuse".
Marco Furfaro, pépiniériste et ex-candidat indépendantiste aux municipales de Lucciana (Haute-Corse), est soupçonné d'avoir aidé dans sa cavale, Marco Raduano, chef de la "Società Foggiana", un groupe mafieux actif dans la province italienne de Foggia, dans les Pouilles. L'italien s'était évadé de prison en 2023 et avait été interpellé à Aleria le 1er février dernier.
Marco Furfaro est justement soupçonné d'avoir aidé l'italien lors de sa cavale, en le transportant de la Sardaigne à la Corse. Il l'aurait hébergé à Lucciana, dans sa pépinière.
"Un danger de mort"
Cette extradition était fortement contestée par le Corse Marco Furfaro, qui mettait en avant ses liens familiaux. Lors de l'examen de cette extradition ce 11 décembre devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bastia, Marco Furfaro disait craindre pour sa sécurité s'il était extradé.
Comme nous l'a confirmé son avocat, une partie de sa famille appartient en effet au clan de la 'Ndrangheta, organisation mafieuse de la région de Calabre (sud de l'Italie) ."Sa vie est en danger, s'il met un pied en Italie", a confirmé Maître Marc-Antoine Luca, l'avocat de Marco Furfaro. "Son cousin germain faisait partie de la mafia calabraise, c'était le bras droit d'un des parrains qu'il a tenté d'éliminer. Il fait aujourd'hui partie des repentis et toute sa famille est menacée".
Lors de l'audience, son avocat avait demandé que Marco Furfaro soit jugé en France pour les faits qui lui sont reprochés sur le territoire français et avait également proposé la possibilité que son client soit entendu par visioconférence par les autorités italiennes.
Coopération franco-italienne
Le nom de Marco Furfaro est récemment apparu, par ailleurs, dans une autre enquête criminelle, celle de l'assassinat de Paul-Felix Paoli, survenu le 24 août 2023.
Le 4 décembre dernier, il a été placé en garde à vue avec trois autres personnes, dans le cadre de cette affaire. Les quatre hommes avaient été interpellés par la police judiciaire de Bastia et la section de recherches de la gendarmerie de Corse.
À la suite de cette garde à vue, le pépiniériste de Lucciana, n'avait pas été mis en examen, à l'inverse des trois autres. Stéphane Angelotti, Jérôme Reggeti et Cédric Courbey, eux, ont été mis en examen et incarcérés pour "meurtre en bande organisée" et "association de malfaiteurs" dans le cadre des investigations menées par la Jirs (juridiction interrégionale spécialisée) de Marseille. Ces trois hommes sont présentés comme des proches de Charles Pieri.
En parallèle, plusieurs personnes ont été arrêtées en Italie. "Il s'agit d'une opération coordonnée franco-italienne qui a démarré avec l'interpellation de 14 personnes en Italie la semaine dernière", a précisé auprès de l'AFP, Nicolas Bessone, procureur de Marseille.
Un chef repenti de la Mafia
Derrière ces investigations : les révélations de l'italien Marco Raduano, le chef du groupe mafieux "Società Foggiana".
Après son interpellation à Aleria en février dernier, il avait été livré aux autorités italiennes. L'homme a rapidement accepté de devenir collaborateur de justice. Et ce sont justement ses déclarations qui auraient permis à l'enquête autour de l'assassinat de Paul-Félix Paoli de connaître une avancée significative.
Voyez le reportage complet de Valentin Canaux et Clément Tronchon :